Stéphane Furina est un prof d’anglais à Wormhout, dans le Nord-Pas de Calais. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas la langue dans sa poche. Dans un livre aux éditions Pôle Nord intitulé « Pires que les élèves », il dénonce « les mauvais profs », ceux qui cassent inutilement les élèves et les prennent en grippe sans raison. Sorti il y a deux jours, le livre fait un carton.
« On est des tas de profs à faire correctement notre métier. Je m’attaque à cette poignée d’enseignants qui rendent la profession indigne. Il faut arrêter de fermer les yeux. On peut minimiser, se dire que cela ne concerne qu’un enseignant sur tout un établissement, mais au final, des centaines d’élèves seront à chaque fois concernés. » Stéphane Furina, 39 ans, ne s’attendait pas à un tel succès pour son livre.
Soutenu par des élèves, des parents et même d’enseignants sur sa page Facebook son livre a reçu des soutiens de toute la France avant même que son livre soit publié.
Son livre ? Stéphane Furina l’a écrit il y a deux ans « pour rétablir l’équilibre ». « J’en avais marre d’entendre que les élèves étaient nuls, qu’on ne pouvait rien leur dire. J’ai eu de très bons élèves, et des élèves en difficulté qui avaient besoin d’aide. Et je sais aussi que certains profs ne devraient pas être dans une classe ! »
Le prof d’anglais nordiste enseigne depuis 1998. En tant que maître auxiliaire puis titulaire du CAPES qu’il obtient en 2003, il a multiplié les expériences dans les établissements de la région. Son récit, il le livre au nom de Victor. Victor, c’est lui, l’élève « nul en maths » que l’on a dissuadé d’être prof, puis l’enseignant qui découvre le second degré. Il tient à préciser que « Les lieux et les noms ont été changés, et qu’il ne parle pas de mon (son) établissement actuel ».
350 des 500 exemplaires ont été achetés ou réservés : que ça plaise ou non, le livre fait un véritable carton. Un nouveau tirage est d’ores et déjà programmé. On peut le commander via les libraires (ceux du Nord seront réapprovisionnés Mardi) et sur Amazon.
Quelques extraits
Le petit Victor
En cours de français, p. 256 :
« 9h 25. Français. M. Caux est en retard et s’en excuse : il avait une réunion avec le maire. S’ensuit un long monologue sur sa conversation avec lui, les rigolades qu’ils ont eues depuis plus de vingt-cinq ans, et le maire est un gars bien, qui fait beaucoup pour la commune… L’heure se termine et nous n’avons rien écrit dans nos cahiers. »
Victor apprend qu’il ne redouble pas, il crie de joie (p. 316) :
« Mme Desure le prend très mal. Non mais ho ! Qu’est-ce qui te prend ? Réfléchis : tu ne sais rien faire avec ta tête, tu ne sais rien faire avec tes mains, si tu vas en lycée professionnel, tu vas te faire jeter ! Et pareil en lycée général ! Tu n’es qu’une merde ! Tu vas te casser les dents, c’est pour ça qu’on te fait passer ! On ne te veut plus ! Alors, tais-toi s’il te plaît ! Bon débarras ! »
Le grand Victor
Il est dans la salle des profs :
« Martine et Ernest entrent dans la salle des professeurs. Ernest est très remonté :
– Putain, mais il est con ce môme !
– Il ne comprend toujours rien ?, dit Martine, très amusée.
– Bah, il est dyslexique. Donc, par définition, il ne comprend rien !
– Pléonasme, dit-elle. Tu as déjà vu un dyslexique qui comprend, toi ?
– Mais pourquoi est-ce que c’est toujours moi qui me les coltine ? »