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Uncle Barack is watchin’ you

1984 devient 2013. L’affaire a éclaté comme une bombe dans les médias. Un ancien employé de la NSA, l’Agence de Sécurité Nationale, a dévoilé des documents explosifs dénonçant un réseau d’espionnage électronique à l’échelle planétaire. Par cette accusation, il espère que la NSA rendra des comptes à la justice.

« J’espère provoquer un débat entre les citoyens du globe sur le genre de monde dans lequel nous voulons vivre. Je ne peux, en mon âme et conscience, laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d’Internet et les libertés essentielles pour les gens autour du monde  au moyen de ce système énorme de surveillance qu’il est en train de bâtir secrètement. » Ce n’est pas la première fois qu’un homme comme Edward Snowden, 29 ans, ex-employé de la NSA, dénonce les machinations du pouvoir américain. On les appelle les « whistleblowers ». Justiciers des temps modernes, ces « lanceurs d’alerte » qui veulent mobiliser les citoyens en révélant des dossiers classés ultra-confidentiels. En 1971, Daniel Ellsberg fait fuiter des documents du Pentagone pour signaler les exactions commises lors de la guerre du Vietnam. En 2010, Bradley Manning, analyste militaire dénonce également les horreurs perpétrées en Irak en transmettant pas moins de 700 000 documents au fondateur de Wikileaks, Julian Assange.

5600980-8353899Mais pour Edward Snowden, le scandale va bien au-delà, puisque tout le monde est concerné par l’affaire, c’est un geste politique. Ainsi, le moindre échange téléphonique, mail, message facebook, transaction bancaire, est crypté, enregistré dans la base des données de la NSA. Retrouver vos mots de passe, identifiants bancaires, relevés téléphoniques est un jeu d’enfant. « Moi, assis à mon bureau, j’avais assurément et l’autorité pour surveiller quiconque, depuis vous ou votre comptable, jusqu’à un juge fédérale ou même au président » déclare-t-il dans une interview depuis Hong-Kong, là où il s’est réfugié pour éviter la colère des Etats-Unis.

Ce scandale incarne surtout le reflet d’un changement de conscience au pays de la Liberté. De par son histoire, les Etats-Unis ont toujours attaché une grande importance à la liberté individuelle. Alors entravés par le Royaume de Grande Bretagne, les colons américains se sont battus pour leur indépendance et leur souveraineté. Thomas Jefferson inscrit alors les principes de liberté, d’égalité et de droit au bonheur comme valeurs absolues des Etats-Unis d’Amériques. La loi suprême écrite dans les amendements de la Constitution, imprime la notion fondamentale de liberté. Pas étonnant que les armes soient autant privilégiées, puisqu’elles « garantissent la sécurité de chacun ». Le premier amendement certifie la liberté d’expression ; pourtant le gouvernement actuel la restreint avec l’aide des cybers pirates. C’est à ce niveau que les whistleblowers interviennent en rappelant les principes fondateurs de l’ancienne colonie devenue superpuissance.

Au service secret de sa Majesté

Maintenant, vos historiques de recherche et de conversation ne sont plus stockés sur votre ordinateur mais bien dans la base de données des grands groupes. Les réseaux sociaux comme Facebook et Google sont des sources d’information inépuisables. C’est pourquoi, rapporte Edward Snowden, ils vendent les données qu’ils exploitent à la NSA. Forcément, les gros groupes démentent, persistent et signent.

facebook-googleL’autre problème, c’est la réaction de Barack Obama. Il voit dans cet espionnage international un « moyen de lutter efficacement contre le terrorisme » pour protéger les citoyens américains. Il faut donc faire des compromis sur la protection de notre vie privée, pour notre sécurité. Peut-on alors parler d’Etat de Droit aux Etats-Unis ? Ainsi, l’Etat outrepasse les règles qui ont été prescrites au service de sa propre politique. Bradley Manning, celui qui avait révélé les horreurs en Irak est d’ailleurs soumis à un isolement carcéral maximum, significatif d’une des plus grosses tortures psychologiques. Il encourt la prison à perpétuité.

Si la justice est de connivence avec le Pentagone, si l’Etat contrôle tous les organes du pouvoir, il n’est pas impossible que votre droit à la vie privée soit entravé. Que vous tchatiez avec votre copine sur Facebook, que vous envoyiez des mails ultra-confidentiels à votre patron ou que vous téléphoniez à votre grand-mère, Uncle Barack is watching you.

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