Alors que le nouveau numéro de Charlie sort ce mercredi, une semaine après les attentats meurtriers, la une de l’hebdomadaire suscite déjà la polémique au sein de certaines institutions musulmanes. Le journal satirique a en effet choisi de représenter une nouvelle fois le prophète Mahomet. Pour une partie du monde musulman, Charlie hebdo met de l’huile sur le feu.
Risque d’une « nouvelle vague de haine »pour les institutions de l’islam
Mahomet, tenant la pancarte « Je suis Charlie », une larme qui dégouline ; au dessus, le message « Tout est pardonné ». Voilà la nouvelle une de Charlie hebdo. Pour beaucoup, une couverture émouvante et pacifiste. Une une qui reste surtout dans la tradition de l’esprit satirique, l’avocat du journal, Richard Malka ayant indiqué un « droit au blasphème ».
Au-delà de ce supposé objectif réconciliateur, de grandes instances représentantes de l’islam ont avant tout retenu une énième représentation du prophète sacré. Représentation qui ne va selon eux pas dans le bon sens. Al-Azhar, l’une des plus prestigieuses institutions islamiques sunnites, située en Egypte, a estimé que la publication d’une nouvelle caricature représentant Mahomet ne ferait qu’ « attiser la haine ».
Même point de vue de la part de l’instance représentant l’islam auprès des autorités égyptiennes, Dar Al-Ifta, qui juge que « cette édition entraînera une nouvelle vague de haine dans les sociétés françaises et occidentales, et ce que le magazine fait, ne sert pas la coexistence et le dialogue auxquels les musulmans aspirent ».
Ça coince aussi en Iran
La porte-parole de la diplomatie iranienne, Marzieh Afkham, a fait savoir que l’Iran, pays chiite, une branche de l’islam, condamnait la une du nouveau numéro, considérée comme un « geste insultant » qui « porte atteinte aux sentiments des musulmans ». Elle a par ailleurs accusé les dérives occidentales en matière de liberté d’expression, pointant l’existence d’un « abus » devant « être empêché ».
Les médias iraniens ont aussi fait part de leurs critiques. Provocation contre les valeurs sacrées de l’islam et régression islamophobe ont ainsi été pointées du doigt.
Antoine Morange