Ce week-end se disputait le All-Star Game de la NBA du côté de Toronto au Canada. Le clou du spectacle est comme chaque année le match exhibition entre une sélection de la conférence Est contre une sélection de l’Ouest. Des joueurs choisis par le public et qui correspondent à quelques exceptions près à ce qui se fait de mieux en NBA.
Cette notion de All-Star va de pair avec une conception de la compétition qui se veut « équilibrée ». La NBA, comme les autres ligues professionnelles américaines, repose sur l’idée que toutes les équipes au sein de ces ligues fermées doivent avoir une chance de gagner un jour le titre suprême et la bague qui va avec… Des mécanismes tels que la draft ou le salary cap sont pensés pour justement éviter que quelques équipes trustent les meilleurs joueurs de la Ligue.
Dès lors, difficile d’imaginer comme en football des équipes « galactiques » à la manière du Real, du Barça ou du Bayern Munich, des superpuissances du football européen qui concentrent à elles trois une bonne partie des meilleurs joueurs de la planète.
Pourtant cela n’empêche pas certaines équipes de dominer la ligue. Sur les quinze derniers titres distribués par la NBA, quatre ont été remportés par Les Los Angeles Lakers, quatre par les San Antonio Spurs et trois par le Heat de Miami. Seule la victoire des Golden State Warriors la saison dernière vient montrer d’une certaine manière que le « système marche ». De bons choix à la draft ces dernières années (Curry, Thompson, Green, Barnes) ont permis à Golden State de construire une équipe capable sur la durée de se frayer un chemin jusqu’au titre.
Comment expliquer que les meilleurs joueurs de la NBA soient rarement réunis au sein d’une même équipe ? La dernière tentative de « dream team » s’est soldée par un semi-échec avec le Heat de Miami et son trident Wade-James-Bosh. Une combinaison qui n’avait permis de ramener « que » deux titres en Floride (2012, 2013) et deux finales perdues. La première face à Dallas et son phénomène Dirk Nowitzki en 2011 puis en 2014 contre des San Antonio Spurs qui sont parvenus à mettre en échec le Big 3 de Miami notamment grâce à la polyvalence de Kwahi Leonard et de Boris Diaw.
Un titre NBA, combien ça coûte ?
Au-delà des résultats sportifs, gagner des titres NBA coûte cher. Le titre de Dallas en 2011, le règne des Lakers dans les années 2000 ou encore le doublé de Miami se sont fait au prix des masses salariales extrêmement élevées. C’est en partie ce qui explique que ces équipes ne puissent réitérer de telles performances au-delà de deux-trois saisons. Les Spurs doivent leur longévité au fait que des joueurs vétérans comme Tim Duncan ou Manu Ginobili acceptent de revoir leur salaire à la baisse. Cela permet de recruter de nouveaux joueurs comme La Marcus Aldridge arrivé l’été dernier au Texas avec à la clé un salaire de 19,5 millions de dollars cette saison.
Car paradoxe, la NBA est la Ligue qui propose en moyenne les salaires les plus élevés de toutes les ligues professionnelles mais qui dans le même temps applique, à l’instar des autres grandes ligues nord-américaines, le principe du salary cap, c’est-à-dire l’instauration d’un plafond salarial qui limite de fait la masse salariale des franchises NBA. Les joueurs ont une part garantie des revenus de la Ligue qui doit correspondre à plus ou moins 50 % des revenus de la NBA. A partir de calculs sur la base des revenus TV, des recettes sur les billets vendus, le sponsoring… on obtient chaque année le volume d’argent distribué au argent divisé par le nombre d’équipes (30) de la Ligue.
Dans la pratique, ce plafond n’est pas véritablement une limite infranchissable. De nombreuses exceptions existent et permettent aux équipes de dépasser le plafond. Parmi elles, on peut citer la plus connue d’entre elles dite exception « Bird » en référence à l’ancien joueur des Celtics Larry Bird, et qui permet, sous certaines conditions, à une équipe de payer un de ces joueurs devenu free agent (libéré de son contrat) de signer un nouveau contrat en augmentant son salaire jusqu’à 7,5 % la première année. Différentes exceptions forgées au travers de cas concret (Derrick Rose, Gilbert Arenas par exemple) ont conduit à multiplier les exceptions permettant de dépasser le plafond salarial.
De fait, pour limiter l’inflation de la masse salariale liée à l’application de ces exceptions, la NBA a mis en place un deuxième plafond, la « luxury tax ». Elle est également calculée en fonction des revenus (BRI – Revenus Liés au Basket) de la NBA. Au-delà de ce deuxième plafond, une équipe NBA est contrainte à payer des frais/amendes échelonnés par tranches en fonction du niveau de dépassement atteint par l’équipe. Des amendes qui peuvent atteindre des sommes astronomiques à l’instar des Brooklyn Nets qui ont dépensé sans compter. Ils croulent désormais sous une masse salariale faramineuse et doivent payer chaque année des amendes colossales sans pour autant obtenir les résultats sportifs escomptés. Pour donner une idée, les Nets ont payé en plus de leur masse salariale, 123,5 millions de dollars en taxes pour dépassement des plafond fixés par la NBA.
Pour la saison en cours (2015-2016), le salary cap a été fixé à 70 millions de dollars, 84,74 millions pour la luxury tax. La conformité des équipes vis-à-vis du salary cap sera calculée sur la base de la masse salariale le dernier jour de la saison régulière, c’est-à-dire à la mi-avril. Pour la saison 2014-2015, cinq équipes ont été taxées, les Nets, les Cavaliers, les Knicks, le Thunder et les Clippers. Cette saison, les équipes qui risquent d’être taxées sont Cleveland, OKC, Les LA Clippers, Golden State, Miami et Chicago. Dans le cas de Cleveland, cela explique en partie la nervosité des dirigeants et leur promptitude à virer David Blatt. Une éviction à la suite de résultats plus qu’honorables (finaliste NBA, 1er de la Conférence Est) mais qui visiblement ne constituent pas une assurance quant à la capacité des Cavs de remporter le titre cette saison.
Un « Salary-Capped » All-Star
Pour revenir au All-Star, les joueurs sélectionnés pour représenter les deux Conférences à Toronto font partie du gratin de la NBA aussi bien sur le plan du jeu mais aussi au niveau de leurs revenus. Du côté de la Conférence Est, la sélection représente des salaires cumulés à hauteur d’un peu plus de 203 millions de dollars, 198 millions pour la Conférence Ouest qui compte le joueur le mieux payé de la Ligue, Kobe Bryant, qui va toucher 25 millions de dollars pour sa dernière saison en NBA.
A quoi ressemblerait une équipe All-Star, si l’on devait respecter le salary Cap ? Et donc limiter le choix des joueurs à une masse salariale de 70 millions de dollars. Assurément, une équipe moins flamboyante sur le papier… Nous avons essayé de relever le défi et de voir à quoi ressemblerait cette équipe. La sélection comporte 15 joueurs ce qui correspond à la taille d’un roster d’une franchise NBA pour la saison.
Dans le cinq de départ, on compte deux all-stars 2016, Stephen Curry des Golden State Warriors au poste de meneur (small guard) et André Drummond des Pistons de Détroit en pivot (center). Les trois autres joueurs de départ seraient J.J Redick (LA Clippers) au poste d’arrière (shooting guard), Harrison Barnes le coéquipier de Curry aux Warriors en ailier (small forward) et Jae Crowder des Celtics De Boston à l’Intérieur (power forward).
Sur le banc, on retrouverait un autre all-star Isaiah Thomas (Boston Celtics) qui joue lui aussi au poste de meneur. Les remplaçants au poste d’arrière sont JR Smith le joueur des Cavs de Cleveland et Manu Ginobili des Spurs. Pour le poste d’ailier, on retrouverait sur le banc le suisse Thabo Sefolosha (Atlanta Hawks) et le français Evan Fournier, auteur d’un très remarqué début de saison avec le Magic d’Orlando. Deux joueurs au profil polyvalent avec Evan Fournier qui peut jouer au poste d’arrière voir même de meneur comme on a eu l’occasion de le voir en équipe de France. Thabo Sefolosha qui fait figure de véritable sixième homme du côté d’Atlanta, notamment sur le plan défensif.
A l’intérieur, Jae Crowder serait suppléé par le rookie letton Kristaps Porzingis. Pour sa première saison en NBA, le joueur letton est parvenu à surmonter une bonne partie du scepticisme du public new-yorkais. Car si les Knicks sont loin d’êtres assurés de jouer les play-offs cette saison, ils doivent une partie de leur renouveau aux performances de Porzingis au côté de Carmelo Anthony. Au poste de pivot, les deux remplaçants sont Hassan Whiteside (Miami Heat) et le frenchie Rudy Gobert (Utah Jazz). Deux jeunes joueurs qui se sont imposés, chacun à leur manière, parmi les meilleurs pivots du championnat NBA.
Les deux derniers joueurs sortis du banc sont des vétérans de la ligue : Boris Diaw et Jared Dudley. Boris Diaw (San Antonio Spurs) qui ne mérite plus d’être présenté de notre côté de l’Atlantique et qui s’est imposé en NBA comme un joueur atypique et décisif, une polyvalence qui est aussi l’une des qualités de Jared Dudley le joueur des Wizards de Washington.
Que vaudrait une telle équipe sur une saison NBA ? A vous de vous faire une idée, tous ces joueurs risquant probablement de continuer à faire parler d’eux d’ici la fin de la saison…