Impossible de se balader dans la ville Lumière sans voir un de ces rongeurs. A Paris, les rats sont partout. Du coup, le maire du 17e arrondissement, George Boulard, en a fait son nouveau combat. Pour éradiquer cette espèce le plus vite possible, son équipe a mis en place un site web de géolocalisation, en mode #balancetonrat.
“Les rats sont un vrai problème, pas seulement pour le XVIIe arrondissement, mais pour tout Paris”, lance Charles Cohen Boyer, chef de la communication de la mairie. Depuis quelque temps, toute l’équipe lutte sans relâche pour éradiquer l’espèce du quartier. Produits toxiques dans les parcs, campagne de sensibilisation, ils vont même jusqu’à créer un site web pour géolocaliser l’animal.
“Signalerunrat.paris”, c’est la façon 2.0 du maire LR de voir les rues de son arrondissement à nouveau propres. Le principe est simple : vous voyez un de ces rongeurs, mort ou vivant, puis vous écrivez l’adresse où vous l’avez aperçu. La mairie du 17ème partagera ensuite l’information à l’Hôtel de Ville, avec longitude et latitude de l’emplacement. Au final, le job revient à des entreprises de dératisation publiques, qui s’occuperont de ramasser les restes. “Elles sont totalement débordées”, dénonce-t-il. Déjà 1 800 signalements sur la page web, “dont très peu qui ont été pris en compte par la mairie de Paris.”
“C’est aussi un moyen de faire pression sur la mairie de Paris”, explique M. Cohen Boyer, “on souhaite prouver que les rats sont partout et qu’il faut rapidement faire quelque chose.” Leur revendication ? Une totale dératisation du quartier, et si possible, du reste de la ville. “Nous avons d’ailleurs commencé à parler avec les autres mairies pour étendre le réseau.”
Le maire, de parents agriculteurs et d’origine normande, n’hésite pas à ramasser lui-même les cadavres s’il le faut. Pour son chef de communication, “Geoffrey Boulard c’est un politique qui prend les choses en main” :
Pour dératiser le plus rapidement possible, de nombreuses boîtes noires sont entreposées dans plusieurs parcs parisiens. Certaines sont remplies d’anticoagulant, un produit toxique, d’autres, un peu plus onéreuses [1000 € pièce], sont de réels pièges sophistiqués, “avec apas, mini-échelle, et mini-piscine de solution alcoolique.” Tout cela, financé par la mairie de Paris.
Ratatouille contre-attaque
Certains veulent les voir disparaître, d’autres les protègent. Les rats sont parfois bien-aimés dans la capitale. Josette Benchetrit, par exemple, est une citoyenne lambda, qui a déjà récolté près de 26 000 signatures pour sa pétition : “Stoppez le génocide des rats.”
Elle et bien d’autres Parisiens n’hésitent pas à les nourrir en public, et mettre à disposition des bassines d’eau au pied des terriers. Place du Maréchal Juin, il suffit de se promener quelques mètres pour apercevoir les cadavres qui sèchent dans la pelouse, et les mouches qui tournent autour.
Comme chaque soir, Charles passe par le parc pour rentrer du travail. Et comme chaque soir, il perçoit “les troupeaux de bestioles” qui jonchent le quartier. “Gros comme ça”, nous montre-t-il en éloignant ses deux mains d’une trentaine de centimètres. “Les gens ne passent même plus par le parc la nuit tellement c’est dégoûtant,” témoigne-t-il avant de reprendre sa route.
Pour Jacques Boukhis, de l’entreprise Dératisation Paris, la faute revient à la mairie de Paris. “Ils installent des poubelles en plastique fin, du coup les rongeurs les dévorent et se nourrissent facilement”, manifeste-t-il, “en plus lorsqu’il y a des constructions, ça fait bouger les sols et ça délocalise les rats, ce qui les fait sortir dans la rue.”