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Vivre son homosexualité : un combat à géométrie variable

Un village retraite pour homosexuels. C’est la « surprise » qu’a eu le maire de Sallèles-d’Aude (Aude) ce mardi. Ayant délivré le permis de construire en mars sans prêter attention aux modalités, ou n’ayant pas été informé par la société britannique « Villages Group », à l’origine du projet, le maire déchante. « Je tombe des nues, parce que je n’en savais rien », a-t-il déclaré. Alors que dans le monde des homosexuels sont encore condamnés à mort pour leur préférence sexuelle, ne faudrait-il pas revoir l’échelle des préoccupations de nos concitoyens ?

Retour sur les faits

« Villages Group » est une société britannique, qui construit des villages destinés aux retraités en France et à l’étranger. Son dernier projet, dans l’Aude, ne ravit ni la population ni le maire qui n’est pas prêt à cautionner cette installation malgré un permis de construire déjà délivré. Sur son site internet, la société propose aux retraités homosexuels un lieu qui leur est réservé, à deux pas du canal du Midi. Sur la brochure il est décrit comme une « oasis privée pour la communauté gay et lesbienne qui souhaite mener une vie active et saine dans le climat chaud, amical et sain du sud de la France ».  Le « Village-Canal » mettra à la disposition des clients 107 maisons individuelles écologiques, avec en annexe piscine, court de tennis, saune, salle de gymnastique, etc. Il en coûtera 236 000 euros ou 248 000 euros pour une maison, auxquels il faudra ajouter 70 euros par semaine de frais de gestion et de management. Bref, un concept de village – originaire des Etats-Unis – qui se rapproche beaucoup de ceux que l’on voit pousser ici et là pour nos retraités hétérosexuels. Mais cette distinction, par préférence sexuelle, est à double tranchant. D’une part, on peut se dire qu’elle permettra aux homosexuels ne pas subir les regards désapprobateurs, les réflexions homophobes et j’en passe. D’autre part, le danger d’une ghettoïsation de la communauté n’est pas loin. Alors que le sujet du mariage homosexuel est encore chaud – bien que voté – le traitement des homosexuels est amené à changer. Mais pas partout.

La question se pause aujourd’hui, en France, bien qu’elle fasse déjà couler de l’encre depuis quelques années à travers le monde. Cependant, si nous permettons aux homosexuels de se marier, il reste pour un certain nombre de citoyens préférable que ces derniers s’installent ailleurs, pas dans leur village… Ah l’évolution des mentalités prend bien du temps. Ailleurs, parlons-en ! Votée aux Pays-Bas en 2001, en Espagne en 2005 ou encore en Argentine en 2010, la loi offre plus de droits aux homosexuels, et pourtant. Car si ce fait-divers choque la France – tant positivement que négativement – il serait bon de se rappeler que certaines communautés gay du monde n’en sont même pas à réclamer un espace de vie à eux, un droit au mariage ou à l’adoption. Ils sont bien loin de ces préoccupations. En effet, dans la plus grande partie du monde, le combat des homosexuels est simplement celui du droit de vivre sans violence ou harcèlement, sans être inquiétés par les arrestations, les détentions abusives. Leurs sentiments pour un être du même sexe étant considéré dans près de quatre-vingt pays comme un crime.

 

La Russie, un bel exemple de tolérance

Juste pour mieux comprendre à quel point les nouvelles lois occidentales ouvrant le mariage aux homosexuels dérangent, prenons le cas de la Russie. Un bel exemple de répression, comme pour contrebalancer ce trop bel élan de liberté qui souffle sur la communauté gay internationale :

Le 11 juin dernier, les députés russes ont adopté un projet de loi punissant tout acte de « propagande homosexuelle devant mineur ». Très contesté, ce texte ouvre la porte à la pénalisation de cette identité sexuelle dans le pays, d’après les militants des droits de l’Homme. Les sanctions sont lourdes et pourront atteindre le million de roubles soit 23 500 euros en cas d’infraction. Une peine d’emprisonnement de 90 jours est même prévue pour ceux qui s’adonneront à la « propagande » de l’homosexualité sur Internet. Et comme leur politique sur les bonnes mœurs se veut des plus rigides, le texte prévoit également des sanctions à l’encontre des étrangers : jusqu’à 300 euros d’amende, quinze jours de détention et une expulsion. Pour rappel, à la suite du vote en France, les députés russes se sont empressés de trouver des amendements afin d’interdire l’adoption à des couples homosexuels étrangers. Si la loi permet de nouvelles perspectives d’avenir dans certains pays, elle reste incroyablement répressive dans d’autres et tend à se durcir, comme pour montrer à l’Occident que leur laxisme ne les atteindra pas. Alors relativisons.

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