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XXI : un journal pas comme les autres

Dans un contexte aussi difficile pour la presse, le succès de XXI est un refuge inespéré au milieu de la tempête. Avec 45.OOO à 50.OOO exemplaires vendus par numéro, selon le site du journal, c’est une réussite incontestée qui se maintient depuis 6 ans. Quel est le secret de ce journal, qui refuse toute publicité, en marge des lois du marketing ?

XXI se démarque très nettement de la concurrence. Dans une époque où le journalisme subit une crise majeure, dévoré par ce qu’un Guy Debord nommé La Société du Spectacle, où le marché est devenu roi, où l’on préfère plaire aux annonceurs plutôt qu’aux lecteurs, XXI fait figure de Spartacus de l’information. Ici, aucune publicité. L’abonnement du lecteur est la seule source de revenu. De ce fait, on évite la dictature du marketing. Le seul tyran, c’est le lecteur ! Car comment ne pas s’inquiéter du lien étroit qu’entretiennent certains groupes de presse avec le pouvoir ? Comment rester neutre, « au dessus de la mêlée » lorsqu’on mange dans la main des grands seigneurs ? Débarrassé des annonceurs pour assurer sa pitance, XXI possède une certaine liberté de ton.

XXI s’offre également le luxe d’enquêtes longues, réalisées sur plusieurs semaines, voir des mois. Dans le même temps, la grande majorité de la presse diminue drastiquement ce qu’on nomme « les journalistes de terrains, « les reporters. » Dans la logique marchande d’efficacité, de réactivité et d’urgence, qui caractérise notre époque, l’enquête au long cours est devenu obsolète. Pourtant, n’est-elle pas le graal du journalisme ? La pierre philosophale du métier ? XXI renoue avec les titres de noblesse de la profession, en réalisant pour chacun de ses numéros de longues enquêtes.

Renouer avec l’idéal du métier

XXI refuse le sensationnisme, la spirale infernale de l’information « à tout prix ». Aujourd’hui, la course au buzz est omniprésente. Il faut vendre, si l’on ne veut pas disparaitre. Donc il faut du sensationnel, du spectacle. On ne digère plus l’information, on la dévore, on la retourne jusqu’à en extraire sa substantifique moelle puis on l’abandonne aussitôt. Le numéro est infini. Rien ne dure. Une actualité en remplace une autre. Fast-food de l’info. La surinformation désoriente le lecteur, qui est devenu spectateur. Victime du flux et reflux permanent d’un monde qui n’arrête pas de crier et dont on comprend de mois en moins les enjeux.

XXI

XXI

XXI, c’est aussi le désir de renouer avec l’esprit du passé, avec une certaine idée du journalisme, un idéal que portait autrefois de grands écrivains comme Hugo, Sartre, Lamartine, Zola…En liant le journalisme et la littérature, XXI remet au goût du jour une manière de raconter notre monde. Ici, la forme n’est plus seulement au service du fond, elle redevient un outil précieux du journalisme. Les articles sont écrits comme des histoires, avec une liberté de ton et de forme qui ont su séduire les lecteurs. Alors que le vocabulaire s’appauvrit un peu partout, principalement dans le journalisme web, il est plus que jamais nécessaire de redonner « chair » à l’écriture. C’est ce qu’à bien compris XXI, dont les nombreux collaborateurs sont des écrivains aguerris…XXI est également un ovni par sa forme. Illustrés par des dessinateurs de talents, l’œil est charmé par les couleurs, l’esprit sans cesse surpris au hasard des pages. On tient dans sa main une petite œuvre d’art, tant la forme est travaillée.

Le succès de XXI, même s’il est un cas unique, montre le nouveau visage que pourrait prendre le journalisme : donner priorité à la qualité, refuser la course à l’information non digérée, se libérer des chaînes que font porter les annonceurs et les lois du marchés et redonner importance à la forme et à l’esthétisme des mots. C’est en tout cas toutes ces raisons qui font le succès de XXI. Un exemple à suivre ? Sans aucun doute.

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