C’est le scandale qui éclabousse le milieu politico-économique Brésilien : une liste provisoire dévoile les noms de celles et ceux impliqués dans un gigantesque système de corruption autour de l’entreprise publique Pétrobas. Retour sur une enquête qui déstabilise le pouvoir et pourrait changer le cours de l’histoire du Brésil.
Dilma Roussef, présidente du Brésil n’avait pas besoin de ça : battant des records d’impopularité au sein de la population sur fond de contexte économique gravement perturbé, elle trempe désormais dans un scandale qui vient égratigner l’image de son parti, le Parti des Travailleurs (PT).
L’enquête, baptisée « Lava Jato » débute en mars 2014, menée par le juge Sergio Moro. Peu à peu, les Brésiliens découvrent le vaste système de corruption qui gangrène la vie de ceux qui les dirigent.
Trucage des marchés publics
L’entreprise pétrolière Pétrobas, contrôlée par l’Etat, aurait formé avec seize géants du BTP un système de trucage systématique des marchés publics. Ainsi, dans ces contrats, étaient inclus des versements de pots-de-vin – des commissions pouvant aller jusqu’à 3% – à des élus appartenant à la coalition de gauche au pouvoir. Cet argent était majoritairement destiné à financer les campagnes électorales des élus.
Ainsi, une liste est sortie, contenant les noms entre autres de 25 députés, 6 sénateurs, 3 gouverneurs… Parmi les têtes à abattre, figureraient notamment le président du Sénat, Renan Calheiros ou encore celui du Parlement Eduardo Cunho.
Lire aussi : Manifestations au brésil pour le départ de la présidente Rousseff
Un scandale qui touche les puissants
L’ex-président Lula, qui a gouverné le pays de 2003 à 2010, serait impliqué dans l’affaire. Ainsi, le parquet de Sao Paulo a récemment requis contre lui son placement en détention provisoire. L’argent de la corruption aurait entre autres servi à financer de luxueuses villas qu’il a en sa possession.
Quant à Dilma Roussef, aucune preuve de sa culpabilité n’a pu être établie. Cependant, à défaut d’être coupable, l’actuelle présidente, héritière de Lula au Parti des Travailleurs, ne peut qu’être tenue pour responsable. Elle était en effet ministre de l’Energie au moment où les faits se sont produits, et à la tête du conseil d’administration Pétrobas entre 2003 et 2005.
Une tête est déjà tombée, et non des moindres : il s’agit d’un grand patron du BTP, Marcelo Odebrecht, condamné à presque vingt ans de prison pour « corruption, blanchiment d’argent et participation à une organisation criminelle ». Et cette condamnation pourrait être le début d’une longue série, dans le cadre de ce scandale de corruption généralisée.
Lire aussi : Elections au Brésil : Dilma Roussef s’affaiblit
Blessures du peuple Brésilien
Pour beaucoup de brésiliens, Lula, extrêmement populaire, est celui qui incarne le progrès social. La confiance que lui accordaient les brésiliens sera sûrement à la hauteur du scepticisme que le scandale risque de susciter à l’égard de cette classe politique, emprise d’un profond sentiment d’impunité. L’affaire intervient en outre alors que le pays connait une grave récession économique. S’ajoute à cela, donc, une crise politique sans précédent, qui pourrait voir les têtes des puissants tomber une à une. Le Brésil s’en remettra-t-il?