La présidentielle de 2017 nourrit bien des espoirs au sein de la classe politique. Le 21 avril, c’est Rama Yade, ancienne secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy qui annonçait sa candidature. Retour sur le parcours d’une femme pressée.
Après tout, c’est dans l’air du temps. La France connaît un énième candidat aux élections présidentielle de 2017. Invitée au 20 heure de TF1, Rama Yade est donc venue compléter la longue liste d’un personnel politique qui, pour beaucoup, n’y voit qu’une bonne occasion de préempter un peu du temps médiatique.
Alors pourquoi pas elle ? Il faut dire que Rama Yade se trouvait ces derniers temps en cruel manque de visibilité. Intolérable pour cette ambitieuse qui, au sein du précédent gouvernement de l’ère Sarkozy, avait connu une ascension fulgurante. Passée de l’ombre à la lumière en quelques mois, Rama Yade s’était imposée un temps comme la personnalité politique préférée des Français.
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Ascension fulgurante
Née à Dakar, cette fille de diplomate présente un parcours somme toute très classique. Après des études en classe préparatoire, elle sort diplômée de Science Po Paris en 2000 et devient administratrice au Sénat.
Elle entre à L’UMP et 2005 et, deux années plus tard, c’est la consécration. Elle est nommée Secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères et des droits de l’Homme, sous la tutelle du ministre d’alors, Bernard Kouchner.
Certains ont pu penser que la toute fraiche secrétaire d’état, obligée par la gratitude, jouerait les bons élèves du gouvernement. Mais elle s’empresse de leur donner tort : Rama Yade est très désireuse de conserver sa liberté de parole.
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Affranchie
Ainsi, lorsque l’ex-dictateur Libyen Mouammar Khadafi se rend à Paris, Rama Yade s’illustre en protestant publiquement contre les honneurs que la France lui rend. «Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n’est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits. » déclare-t-elle. Aussitôt convoquée à l’Elysée, elle n’en est pas pour autant éjectée. Un an plus tard, elle est nommée secrétaire d’état au sport, auprès de Roseline Bachelot, avec qui elle entretiendra des relations exécrables.
Entre temps, Rama Yade s’est opposée à son « mentor », Nicolas Sarkozy, quand celui-ci la voulait tête de liste aux Européennes. Pas question pour elle de disparaître de la vie médiatique en allant s’exiler à Strasbourg. « La petite Rama » est décidément plus coriace que prévu. Et l’ambition dont elle fait preuve, sa surmédiatisation, sa liberté de parole sont autant de raisons qui lui vaudront quelques franches inimitiés, qu’elle décrit dans son livre « Carnets de pouvoir ».
D’autant que, contrastant avec la sempiternelle figure du politique homme, blanc et de plus de 50 ans, Rama Yade a souvent été renvoyée au rang de « symbole », et réduite au rôle de « caution » du gouvernement. C’est sans doute pour parer ses critiques qu’elle publiera un autre livre remarqué, « Anthologie du machisme en politique ».
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Solitude
Gênée par le tour que prennent les discours de plus en plus droitisés de Nicolas Sarkozy, cette épouse d’un homme de gauche rejoint Jean Louis Borloo au Parti radical – affilié à l’UDI. Mais cette aventure se trouve ponctué d’échecs et se solde par son renvoi de la formation politique en septembre 2015, pour « sa volonté de dénigrer les instances du parti ».
Incapable de jouer collectif, c’est donc sans étiquette et sans mandat que Rama Yade espère convaincre les français de lui faire confiance pour 2017. Armée, pour l’instant, de sa seule ambition personnelle.