Au large d’un petit village reculé, un indonésien a secouru un « ange » alors qu’il effectuait son tour de pêche quotidien. La police de Banggai a ouvert une enquête, et ce qu’ils ont trouvé hier en arrivant sur les lieux relève bien de l’irrationnel…
Le petit hameau de Kalupapi s’enfonce dans la Mer des Moluques, loin des civilisations capitalistes et de la pollution industrielle. Le quotidien y est primitif, rustique, en adéquation avec l’environnement. L’air est pur, le ciel d’un bleu intense, la végétation expressive. Les gens sont libres et se contentent de plaisirs simples, parfois capables de contempler une branche à fleurs tout un après-midi. Ils aiment la nature comme elle s’offre à eux et ne veulent en aucun cas la défigurer de matériaux superflus. Ni internet, ni télévision, ni téléphone. Là-bas, les mômes ne s’esquintent pas la rétine sur les écrans ou ne s’écorchent pas les tubes acoustiques avec de la techno hurlante. Ils ont l’imagination assez développée pour façonner eux-mêmes leur propre distraction.
Un don du ciel
C’est un jour ordinaire, paisible et lumineux qui se lève sur Kalupapi. Les pêcheurs gagnent leurs embarcations de fortune et prennent le large en quête de vivre. La météo est clémente et leur calendrier astral ne prévoit aucune prémonition spectaculaire. Pardin, lui aussi en mer, aperçoit soudain une forme flottante au milieu des reflets du soleil. Il s’approche, et là, c’est à peine croyable ! Un ange inerte déambulent sur l’eau au gré des vagues. Oui un ange ! Un messager du ciel, un serviteur de la voix divine, un descendant de Cupidon ! Plutôt « une » descendante, comme ses formes généreuses le laissent supposer. La créature divine est d’une beauté saine, impeccablement moulée ! Pardin est émerveillé par sa trouvaille. Lui qui pensait ramener du poisson, il est pas tombé sur un thon le chanceux du village ! Le visage de la douce est intact, ses attributs féminins aussi, seuls ses membres et son ventre admettent de vives boursouflures.
La village sous le choc
Le malin-pêcheur n’en croit pas ses yeux, s’empresse de rejoindre la rive pour annoncer l’heureuse nouvelle. Les habitants du bourg sauvage sont éberlués, contemplatifs devant cet être angélique. Tous veulent palper ce qu’ils prennent pour une hallucination. Mais le corps est bien là, en chair et sans os, d’un perfection pigmentaire irrationnelle, la peau rosé comme si elle ne craignait pas les agressions du soleil. C’est une offrande céleste. Les Créateurs envoient une enfant de Dieu pour protéger l’humanité, il convient donc de lui prodiguer les plus grands soins. Le village est à ses pieds, dorlote avec une infinie douceur la Majestueuse venue des nuages. Chaque jour, la mère de Pardin change ses habits et le foulard qui lui coiffe la tête. Mais très vite, la rumeur vague de village en village. « Un ange tombé du ciel a été repêché au large de Kalupapi« . La rumeur va d’une contrée à l’autre comme une épidémie de choléra. Et bientôt, les foules se déplacent pour constater la beauté de la Maitresse des cieux. La police de Banggai, inquiète de l’effervescence spectaculaire de cette légende, décide d’ouvrir une enquête.
Arrivées sur les lieux sacrés hier dans l’après-midi, les autorités indonésiennes ont eu la tâche ingrate d’anéantir les illusions des villageois en leur expliquant l’obscénité de ce qu’ils considéraient hautement vertueux. La créature en question n’était autre qu’une poupée gonflable, un sextoy destiné a assouvir les pulsions indomptables des hommes.
