Dimanche 11 janvier 2015 fera date dans l’Histoire de France. On se souviendra de ce jour comme celui où le peuple a marché, main dans la main, pour dire oui à la liberté et non à l’obscurantisme. Près de 4 millions de personnes s’étaient donnés rendez-vous dans les rues françaises, dont la moitié à Paris. Un rassemblement record depuis la Libération durant l’été 1944.
Depuis les tueries de la semaine dernière contre Charlie Hebdo, contre des policiers, contre un hypermarché casher et in fine contre la société française, des rassemblements solidaires ont eu lieu tous les jours. L’apothéose est survenue hier, dimanche 11 janvier. Une véritable marée humaine de quasiment deux millions de personnes s’est déversée dans les rues de Paris. De la Place de la République à la Place de la Nation, l’immense cortège était tantôt silencieux, tantôt criard. Avec solennité, les Français de toutes religions, de toutes les castes, de tout les âge, se tenaient côte à côte. Les artères parisiennes étaient tellement blindées que la marche s’apparentait plutôt à un piétinement géant. Histoire de laisser le temps au temps pour digérer et faire le deuil d’un début d’année intense. Dans la foule, des personnes avancent sans un mot, ils se recueillent. Certains entament des discussions, ils débattent paisiblement. D’autres chantent et scandent des slogans, comme pour exulter après une semaine chaotique. Tout le monde applaudit. Chacun à sa manière était venu exprimer qu’il était Charlie.
Le visage d’une France unie et radieuse
Les photos de la capitale vue du ciel laisse sans voix. Alors que la France est régulièrement décriée à l’intérieur même de ses frontières, elle a montré hier un visage radieux. Il aura fallut une tragédie sans précédent pour que le peuple s’unisse. Les Français ont montré au monde entier qu’on ne peut pas toucher aux libertés fondamentales des droits de l’Homme, là où elles sont nés. Lentement mais surement, le trajet vers Nation s’est déroulé sans accroc. Les pancartes dressées en étendards par les marcheurs revendiquaient le droit à la libre expression, le devoir de l’acceptation de l’autre et la reconnaissance du travail essentiel des journalistes et des policiers dans une démocratie. Fait rarissime, les forces de l’ordre ont même été acclamés par des citoyens remerciant la servitude de ces derniers lors des événements précédents.
Le changement, c’est maintenant ?
Cet élan d’unité nationale a été salué par beaucoup comme la plus belle réponse possible à la terreur. Et si on allait plus loin ? Le deuil et l’émotion va très vite faire place à la raison et aux débats. Débats dont les politiques ne doivent pas s’accaparer le monopole. Il est temps de repenser notre manière de voir la France et de faire évoluer les mentalités. Une majorité d’entre nous s’est proclamé NOUS SOMMES CHARLIE. Entendez NOUS SOMMES LIBRES, NOUS SOMMES CITOYENS. L’enjeu est de savoir si nous aurons la capacité de faire perdurer le vivre ensemble mis en avant tout au long de ces rassemblements, en mettant de côté les amalgames et la langue de bois. Puisse vivre en paix une société multicolore et fière de l’être, où la différence est célébrée et la fraternité cultivée. Une mission loin d’être aisée, nous ne saurons pas aidé par tous. Mais en se servant de nos blessures, devenons plus forts, ensemble.