Ce soir dans le Grand Angle, BFMTV diffusera le témoignage de la mère de Samy Amimour, terroriste du Bataclan. Restée cachée jusque là, elle a finalement décidé de se confier.
Les parents des assassins sont des corps sans vie, exclus de la société, anéantis d’un indicible sentiment de responsabilité. D’une famille à une autre, c’est le même désarroi. Elles assistent impuissantes au lavage de cerveau, aux métamorphoses comportementales puis au départ vers l’horreur.
En quête de reconnaissance, d’attention, de personnalité – ce sont des adolescents sans turbulences apparentes qui basculent soudain dans un processus de radicalisation bien rôdé, sans que personne ne soit en mesure de redresser leur triste trajectoire. La mère de Samy Amimour s’est essayée à la persuasion sentimentale, a prévenu le maire de Drancy, fait appel aux services d’un imam modéré pour endiguer l’endoctrinement moral de son fils… En vain. Le dangereux converti migre vers la Syrie en septembre 2013 et s’engage aussitôt dans les rangs de la terreur islamique. Ultime tentative, son père rejoint la frontière turco-syrienne par ses propres moyens quelques mois après dans l’espoir de l’arracher des griffes du mal, sans plus de succès.
Indirectement responsables
Le 13 novembre, les parents de Samy Amimour assistent au massacre devant leur poste. Le lendemain, l’anéantissement succède à la tristesse. Ils apprennent en direct que leur chair faisait partie du commando du Bataclan, celui qui a calmement refroidi 90 innocents venus assister au concert de rock. Même s’ils savaient leur fils dangereux en contrées syriennes, ils étaient loin de penser que celui-ci regagnerait un jour sa terre natale pour assouvir les pulsions meurtrières de ses mentors. Les deux mois qui suivent l’attentat, la mère et la soeur du terroriste les vivent isolées de tout contact humain, morfondues dans leur appartement à Drancy. La crainte d’attirer les regards accusateurs et d’être jugées indirectement responsables de la tragédie. Elles fuient les journalistes et les questions du voisinage. Pas une minute ne passe sans qu’elles ne pensent aux victimes, à l’inapaisable douleur que Samy a causé chez ces centaines de familles. Encore aujourd’hui, la mère limite ses déplacements au strict nécessaire.
Témoigner, le seul moyen de se dissocier des actes de leur fils
S’ils ont enfin acceptés de témoigner, c’est avant-tout pour se dissocier des actes de leur progéniture. Mais également pour pour confier son immuable mal-être : « j’ai la double peine : perdre mon fils et de supporter la douleur des autres » peut-on entendre dans un extrait du reportage de BFMTV. Samy a grandi dans une famille musulmane laïque, stable et intégrée. Son père, homme polyglotte féru de littérature française, a toujours voué un profond attachement à la France. Il n’arrive toujours pas à croire que son fils, celui qu’il a élevé dans le respect des valeurs démocratiques, ait pu devenir l’un des monstres du 13 novembre. Les parents ont conservé la chambre de Samy en l’état, de l’emplacement des fournitures à la literie. Une piaule d’un adolescent lambda. Lit simple, bureau encombré, enceintes, tiroirs remplis – ils gardent intacts dans cette petite pièce les seuls souvenirs du fils qu’ils ont connu. Inhumé le soir de Noël, Samy Amimour repose désormais dans une tombe anonyme à la Courneuve.
Dans un mail envoyé de Syrie une semaine plus tard, sa femme exprime à une connaissance la fierté qu’elle éprouve, l’honneur d’être la veuve d’un martyre. Dans le même paragraphe, la jeune endoctrinée de 18 ans annonce l’existence d’une fille, née trois semaines après les attentats. La petite ne connaitra jamais son géniteur mais grandira bercée par ses exploits.
Retrouvez le reportage complet dans Grand Angle, ce soir de 22h40 à 23h40 sur BFM TV.