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Entretien avec Miguel Puente Pattison, chargé des relations presse à la Commission européenne

 

La commission européenne, quels sont ses enjeux actuels ? La difficulté à répondre à cette question montre la complexité de ce qu’elle a en charge. La commission européenne fait face à de multiples crises simultanées dans l’Union. Elle a fort à faire pour se forger une ligne directrice dans la cacophonie des Etats et des leaders d’opinion.

Un « retour au socle » pour la commission européenne

La responsabilité de la Commission est essentiellement de légiférer et de mettre en œuvre des politiques communautaires comme l’union douanière, le marché intérieur, les politiques de concurrence, … Mais l’on constate une déconnexion de l’opinion publique pour laquelle les compétences de l’institution sont floues. Avec la crise économique, migratoire, écologique et le Brexit, la commission est pourtant en première ligne. Elle initie les réformes pour pérenniser le néolibéralisme, incombe les Etats à une politique migratoire commune, rappelle l’urgence environnementale, …

Dans cette situation fluctueuse et fragile, c’est vers un « retour au socle » que la Commission souhaite tendre (selon les mots de M. Puente Pattison). La nécessité de s’unir autour d’une conception commune, assurant la sécurité physique, sociale et économique. Synchroniser les politiques en vue d’une meilleure gestion des problèmes, problématique durable de nombre d’institutions.

Un des enjeux déterminants du XXIe siècle : s’approcher d’une « complexité minimale »

Alors que la Commission et les commissaires qui la composent sont censé représenter l’intérêt général, il est parfois difficile de suivre pour quelqu’un qui n’a pas les fondamentaux en économie, en droit ou en politique. L’actualité européenne est par moment opaque et complexe, et la finance européenne, centrale, est peu ragoûtante.

Le défi n’est pas des plus facile. Parvenir à vulgariser l’action complexe d’une structure qui l’est tout autant, voilà le challenge de la Commission. Dans les générations qui arrivent, le goût d’intervenir dans le débat public s’est développé avec l’ouverture de celui-ci sur Internet. Et c’est là que M. Puente Pattison parle de « complexité minimale ». A savoir l’équilibre entre complexité des processus et simplicité de l’explication. Ce pour permettre au citoyen lambda de suivre l’actualité européenne avec aise. Ce savant dosage n’est pas spontané, et passe notamment par les réseaux sociaux, sur lesquels les institutions européennes sont très présentes. Cependant, la communication est ardue lorsque seuls 3000 fonctionnaires européens la prennent en charge.

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Débattons !

Dans cette démarche de renouvellement, ce n’est plus la seule image de la Commission qui se voit éclaircie, mais sa pédagogie aussi. Le cas de la you tubeuse qui a interrogé le président de la Commission Jean-Claude Juncker est exemplaire. Les institutions européennes devraient continuer dans ce sens en accueillant les citoyens dans le débat public.

Et des débats il y en a, celui : sur le néolibéralisme de l’Union Européenne et la question du TAFTA, sur l’évasion fiscale et les paradis fiscaux européens, sur la politique agricole commune et son efficacité, sur les politiques d’austérité sur l’accès aux données personnelles, sur le plan d’investissement venant en aide aux investisseurs privés ou encore sur la possibilité qu’on les commissaires de rejoindre des sociétés.

Alors qu’après 2005, le traité de Lisbonne passait au 49.3, il sera probablement plus difficile de faire pareil le jour où ces débats seront systématisés. La mise en débat des enjeux principaux serait pour les institutions européennes un bon moyen de se dépoussiérer, mais cela remettrait peut-être en question les prérogatives de certaines entreprises, toutes-puissantes. Heureusement, bien courageux sera celui qui parvient à contenir la subversion digitale.

A lire aussi : La Banque Européenne de l’Investissement céderait-elle aussi à la tentation de l’évasion fiscale ?

Crédit photo à la Une : wbi.be.

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