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L’ex-commissaire européenne Neelie Kroes n’a pas les mains propres

Il y a quelques temps déjà, les « Bahamas papers » ont éclaté. Dévoilant de la sorte l’identité des détenteurs de plus de 175 000 structures offshore. La société offshore dont l’ex-commissaire européenne à la concurrence Neelie Kroes a été directrice entre 2000 et 2009, en fait partie. Enregistrée au Bahamas, la société Mint Holdings Limited n’a jamais été déclaré à Bruxelles.

Or cela est très dommageable. Dans le sens où les commissaires sont ordinairement sommés de quitter leurs fonctions dans des entreprises privés en intégrant la Commission. Et Neelie Kroes ne déroge pas à la règle, évidemment. Alors, il est légitime de s’offusquer qu’elle soit restée à la direction de cette entreprise tout au long de son premier mandat. D’autant plus qu’elle s’est bien gardée de la déclarer.

Une dérive due à la porosité entre public et privé

Trop souvent, les carrières qui passent par les institutions européennes continuent leur chemin dans des sociétés privées. Les politiciens ne sont pas liés corps et âme à la fonction publique qu’ils occupent un temps. Ce serait quasi-dictatorial ou du moins extrêmement restrictif, certes. Mais lorsqu’ils détiennent des informations hautement confidentielles, cela change la donne. Les firmes se disputent ces banques à données précieuses, ayant l’expertise approfondie des ressorts économiques et fiscaux les plus complexes.

Et comme on pouvait s’y attendre, les dix ans à la Commission de Neelie Kroes ne furent qu’une pause au service du public. Depuis 2014, elle a enchaîné les conseils d’administrations, celui d’Uber ou de la banque d’affaire Merryl Lynch. Et le phénomène est d’ampleur. « Selon un rapport paru en 2015, un tiers des commissaires qui ont quitté Bruxelles après la fin de la Commission Barroso 2 sont allés travailler pour des multinationales » (selon Le Monde).

A lire aussi : La Banque Européenne de l’Investissement céderait-elle aussi à la tentation de l’évasion fiscale ?

 

Symptôme de la puissance des paradis fiscaux

Leur puissance provient des sommes colossales qui transitent par eux. Les puissances économiques privées leur confèrent leur importance. Faisant des paradis fiscaux les piliers de l’ombre du système fiscal mondialisé. C’est ainsi que Neelie Kroes a été classée cinq années de suite parmi les femmes les plus puissantes du monde par le magazine Forbes. Où la principale ressource de la puissance est l’alliance du capital économique et du capital informationnel.

Et alors que les Bahamas promettent la transparence aux institutions de surveillance, elle semble déjà se rétracter afin de protéger son secteur financier et éviter une fuite de capitaux. En effet, 20 % du produit intérieur brut du pays en dépend.

Le bureau européen de Transparency International aura beau condamner cette erreur, les répressions ont tendance à être trop hésitantes. Et l’enfumage n’est jamais loin. Neelie Kroes s’est dit « directrice non exécutive » de sa société, feignant avoir oublier de la signaler à la Commission. Ultralibérale, elle appelle à cesser de taxer les entreprises. Problématique dans une Commission qui lutte contre l’évasion fiscale. Le conflit d’intérêt rappelle la question de la You tubeuse à Jean-Claude Juncker, président de la Commission. « Confier à quelqu’un qui a été le ministre des Finances pendant dix-huit ans du plus grand paradis fiscal en Europe, la mission de lutter contre l’évasion fiscale, est-ce que ça serait pas finalement comme désigner chef de police un braqueur de banque ? ».

Crédits photo à la Une : womeninc.nl.

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