Le Président des États-Unis Joe Biden a déclaré hier le retrait définitif des soldats américains sur le sol afghan. Dès le 1er mai, les troupes retourneront progressivement aux États-Unis avec comme objectif le départ total le 11 septembre 2021, date anniversaire de l’attentat des tours jumelles.
Joe Biden n’est pas le premier président à exprimer le souhait de retirer les troupes américaines d’Afghanistan. Avant lui, Barack Obama ou encore Donald Trump s’étaient déjà frotté au sujet, sans pouvoir conclure.
Le 11 septembre 2001, la plus grande attaque terroriste sur le territoire américain a lieu. Orchestrée par Oussama Ben Laden via Al-Qaïda, quatre avions de ligne sont détournés. Deux s’écraseront sur les tours jumelles, un autre sur le Pentagone et le dernier dans la campagne en Pennsylvanie. Au total, ce sont 2977 personnes qui perdent la vie.
Le 7 octobre 2001, le Président des États-Unis George W. Bush déclare la guerre au régime taliban et commence à envoyer les troupes américaines sur place. Plusieurs nations (Royaume-Uni, Canada, France) y participent également à travers l’OTAN.
Aujourd’hui, Biden affirme qu’il n’y a plus aucune justification de penser que la présence militaire américaine est efficace pour maintenir une démocratie afghane. « Je suis maintenant le 4e Président à exercer pendant la présence de troupes américaines en Afghanistan […] Je ne passerais pas cette responsabilité à un cinquième. » a-t-il dit dans son discours mercredi dernier.
Les 2500 soldats présents sur le sol afghan rentreront petit à petit, dès le 1er mai, avec comme objectif le retrait total pour le 11 septembre 2021. « Nous avons été attaqués […] Nous sommes allés en guerre avec des objectifs précis. Nous avons atteint ces objectifs. » rajoute le Président.
Il faut rappeler qu’en 20 ans de guerre, ce sont 2400 soldats américains qui ont péri en Afghanistan.
Joe Biden s’est également adressé aux talibans, les priant de respecter leur engagement (la signature à Doha l’année dernière d’un préaccord de paix) de ne pas « menacer les États-Unis. »
Le retrait des troupes de l’OTAN
Coordonné avec les États-Unis, l’OTAN va également retirer ses troupes d’Afghanistan. Dépendantes des États-Unis pour notamment l’appui aérien, ces troupes devraient suivre le même calendrier concernant leur retrait. L’OTAN compte près de 10,000 soldats en Afghanistan. Le Royaume-Uni, la Turquie, l’Allemagne, l’Italie et les États-Unis réunissent à eux seuls 6000 soldats pour l’OTAN. « Toute attaque des talibans contre les troupes des alliés durant le retrait fera face à une réponse énergique » a averti l’OTAN dans un communiqué.
Un retrait qui suscite beaucoup de réactions
Chez les Démocrates, cette décision fait l’unanimité. Certains Républicains en revanche ont été plus critiques envers le Président. « Juste parce que nous nous retirons d’Afghanistan ne veut pas dire que la guerre s’arrête. Cela deviendra probablement pire. » s’est exprimé Lisa Curtis, une ancienne conseillère de sécurité nationale de Donald Trump.
Le Sénateur Républicain du Kentucky, Mitch McConnell, parle de cette décision comme une « grave erreur » et d’un « retrait devant l’ennemi ».
Le Pentagone avait également conseillé à Biden de s’assurer que le retrait des troupes s’accompagne de plusieurs conditions, comme l’assurance d’une stabilité du pays avant le départ des troupes. Le Président a rejeté toutes ces propositions.
Sur Twitter, le Président afghan, Ashraf Ghani, s’est exprimé sur le retrait des troupes américaines.
En privé, son discours serait radicalement différent selon le New York Times. Ghani serait furieux de la décision américaine, craignant que les talibans ne respectent pas leurs engagements et prennent la ville de Kaboul pour renverser le gouvernement, déjà affaibli.
En avril dernier, les États-Unis avaient proposé un plan de transition pour le gouvernement afghan. Un plan rejeté hier par Ashraf Ghani, qui souhaite organiser des élections libres. Il devrait se rendre en Turquie dans les prochains jours pour discuter de son plan. « Seul le peuple afghan déterminera son futur chef. Personne ne peut désigner le futur chef de l’Afghanistan de l’extérieur, c’est notre droit, le principe de notre Constitution et le désir de notre nation […] Je n’accepterais qu’une administration élue par le peuple .» Il a également ajouté qu’il était prêt à organiser un scrutin présidentiel dans les six mois à venir, tout en précisant qu’il n’y participerait pas.
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