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Une saison historique, marquée par le coronavirus…
La crise du coronavirus n’a pas épargné le monde du football, c’est le moins qu’on puisse dire. Ainsi, la ligue 1, à l’instar des autres championnats, a été très impactée. Outre les retombées économiques, avec un énorme manque à gagner pour les clubs français, des baisses drastiques de salaire étant envisagées, c’est surtout que le championnat qui a été écourté. En effet, la ligue 1 a été arrêtée en avril, à 10 journées de la fin (28ème journée). De fait, un club comme l’Olympique lyonnais a été LE grand perdant, classé septième, se retrouvant ainsi non qualifié en coupe d’Europe pour la première fois depuis 23 ans. Seul lot de consolation pour le club de Jean-Michel Aulas, la ligue des champions.
…et un final 8 d’anthologie
Si presque personne ne les imaginait arriver dans le dernier carré, les rhodaniens se sont révélés être la grosse surprise de l’édition 2019/2020 de la coupe aux grandes oreilles. Se hissant au niveau de la compétition, les joueurs de Rudi Garcia ont enchaîné les performances de haute volée contre les cadors européens. C’est sans avoir froid aux yeux que les lyonnais ont défiés et battu la Juventus de Cristiano Ronaldo, devenant ainsi le premier club français de l’histoire à éliminer l’ogre turinois en coupe d’Europe. En quarts de finale, dans le cadre du final 8, l’affiche est toute aussi alléchante et corsée : Manchester City. Les lyonnais sont conscients de leurs qualités, eux qui ont battu les skyblues à l’Etihad Stadium en 2018, et veulent montrer qu’ils ne sont plus qu’un simple outsider mais un véritable candidat à la victoire finale. Les lyonnais ceuillent à froid les citizens et réalisent l’exploit de se qualifier dans en demi-finale. Forts de leur parcours exceptionnel, les lyonnais n’ont plus rien à perdre et affrontent un Bayern Munich plus fort que jamais. Battu sur le fil, l’OL aura donné du fil à retordre à celui qui sera le futur vainqueur de cette ligue des champions. Si l’OL est arrivé en demi-finale de la ligue des champions, le PSG a quant à lui atteint le sommet de l’Europe.
Les parisiens ont hérités d’un groupe abordable avec le Real Madrid, Galatasaray et Bruges. Remportant cinq matchs sur six, les joueurs de Thomas Tuchel ont annoncé la couleur, voulant enfin soulever le trophée cette saison. Ces derniers tombent sur le Borussia Dortmund, ancien club du technicien allemand (récemment licencié). Le PSG s’en sort d’une courte tête, et se retrouve en quarts de finale contre l’Atalanta Bergame. Si la rencontre a l’air d’être une formalité sur le papier, la réalité du terrain aura raison des apparences. Le PSG souffre face à des italiens entreprenants et très solides. La muraille craque en fin de match, rythmée par un attaque défense, et c’est au bout du suspense , dans les arrêts de jeu (90 et 92ème minute) que les parisiens arrachent une qualification (1-2) dans la douleur. La demi-finale aura été beaucoup plus simple à gérer pour le PSG qui n’a fait qu’une bouchée du RB Leipzig. Une finale franco-française aurait été une belle publicité pour notre championnat, mais il n’en sera rien. Qualifié en finale de la ligue des champions pour la première fois sous l’ère qatari, les joueurs de la capitale ne voulaient pas manquer l’opportunité d’enfin soulever la coupe aux grandes oreilles. Mais l’aventure s’arrêt en finale (0-1) face à un Bayern Munich surpuissant, anéantissant à lui seul le rêve des lyonnais et des parisiens, et qui remporte là sa sixième ligue des champions..
Si les performances des clubs français ont été historiques sur le rectangle vert, l’attitude des footballeurs français aura été au moins aussi marquante en dehors des terrains tout au long de cette année 2020.
Un engagement inédit des footballeurs tricolores
L’année 2020 a été émaillée par de nombreuses polémiques, qui n’ont vraisemblablement pas laissé les footballeurs français indifférents. Si d’ordinaire le footballeur est considéré en France comme un simple sportif, son statut a beaucoup changé ces derniers mois, au fil des polémiques. En effet, les footballeurs français, et plus particulièrement les jeunes, n’ont pas hésité à réagir à de nombreuses évènements qui ont fait polémiques. Tout d’abord à la mort de Georges Floyd, qui a endeuillé toute la planète. Ne vous ont certainement pas échappé les réactions d’un Paul Pogba point levé sur Instagram, ou encore d’un Mbappe qui tweetait avec rage « JusticeforGeorge ».
Autres prise de parole marquantes, celles en réaction à l’agression, cette fois en France, d’un producteur de musique par plusieurs policiers. Suscitant l’émoi et l’indignation durant plusieurs semaines, cette agression a beaucoup fait réagir les footballeurs français. Touchés dans leur chaire, Kilyan Mbappe, Samuel Umtiti ou Antoine Griezmann, pour ne citer qu’eux, ont immédiatement condamné cette agression d’une violence extrême. L’attaquant parisien condamne « des violences inadmissibles » rendant cette « vidéo insoutenable ». Quant aux deux joueurs du FC Barcelone, l’un tweetait « j’ai mal à ma France » quant l’autre n’a pas mâché ses mots, dénonçant l’horreur « inhumaine » dont ils ont fait preuve. Une jeunesse choquée, à l’image de Jules Koundé, 22 ans, qui dénonce vigoureusement une « frange de policiers qui outrepasse grandement ses droits en tabassant, en tuant même parfois, nos caméras sont nos meilleures armes ! ».
Le récent match PSG-Basaksehir, en ligue des champions, a mit tout le monde d’accord. Pour la première fois, ce sont les joueurs, qui décident unanimement de quitter le terrain pour dire non au racisme. Etait ici visé l’entraîneur adjoint du club turque, Pierre Achille Webo, par le quatrième arbitre du match, qui l’a nommément désigné « negro » à l’arbitre principal. Si les réactions individuelles des footballeurs ont été marquantes, celles des clubs feront date. Le match PSG-Basaksehir illustre le changement de mentalité, comme le constate Olivier Dacourt pour L’Equipe « Ce match va faire date dans le foot et même le monde du sport. De ces propos scandaleux de l’arbitre roumain est né un acte fort. Cet arrêt va marquer un tournant et peut-être l’histoire ». Même son de cloche pour le Claude Boli, qui souligne que « c’est la première fois qu’on assiste à un consensus des deux équipes qui décident d’arrêter c’est très fort. On assiste à quelque chose de nouveau, de très singulier. ». On pense notamment à tout ces matchs lors desquelles personne ou presque n’a réagi, comme lorsque Mario Balotelli avait menacé en vain de quitter le terrain après des insultes racistes à Brescia, ou lorsqu’il était en larmes contre Naples pour les mêmes raisons, sans que le match soit arrêté.
« Aujourd’hui, les sportifs savent qu’ils ont un rôle à jouer dans la société… Ils ont connaissance de ce poids »
Comme l’explique, Bruno Fraioli (journaliste sportif), les sportifs sont donc « devenus de vrais marques avec des communautés de plusieurs millions de fans qui les suivent. » et ont connaissance de leurs poids médiatique.
C’est donc loin de l’image du footballeur qui se cantonne à taper dans un ballon et soulever des trophées, que ces derniers ont prit la parole de manière claire et tranchée. Condamner est une chose, agir est une autre, comme en témoigne la récente décision d’Antoine Griezmann avec l’un de ses sponsors. Ce dernier a donc joint les paroles aux actes, en rompant son contrat avec Huawei, fortement soupçonné d’être impliqué dans la « répression de masse » visant les musulmans ouighours en Chine. Un courage salué par nombreuses personnalités, notamment dans le monde du sport.
Vous l’aurez compris, 2020 a donc été une année pleine de rebondissements pour le football français, championnat comme joueurs. Et ce, que ce soit sur ou en dehors des terrains, où les tricolores n’ont pas hésité à élever la voix pour peser de leur poids.