La nuit dernière, 441 députés étaient absents à l’Assemblée nationale pour voter l’article 1 de la révision constitutionnelle. Ce premier article concernait l’état d’urgence, qui a été inscrit dans la Constitution à une large majorité, avec 103 voix pour, 26 contre et 7 abstentions.
L’hémicycle n’était donc occupé que par un quart des députés. Parmi les quelques élus qui avaient fait le déplacement, quatre-vingt-seize socialistes et un Républicain ont voté pour le projet de loi, tandis que la majorité des écologistes et tous les députés du Front de Gauche présents se sont prononcés contre.
Interrogée, l’Assemblée Nationale n’a pas souhaité s’exprimer sur cet absentéisme.
Des absences habituelles
Ce n’est pas la première fois qu’on déplore l’absence des députés dans l’hémicyle. Il y a un an par exemple, en avril 2015, les députés avaient fait grève au moment du vote de la loi sur le renseignement. Beaucoup de personnes s’étaient désolées sur Twitter de voir des bancs aussi clairsemés.
Pour l’instant, 8 (oui 8) députés présents dans l’hémicycle avant le discours de Manuel Valls sur le projet de loi renseignement…
— Bastien Bonnefous (@Bonnefous) 13 Avril 2015
Cependant Pierre Januel rappelait l’an dernier pour le site de l’Express que « la semaine parlementaire fait que les députés sont souvent absents le lundi. L’Assemblée siège du lundi au vendredi (1h du matin). Les députés concentrent leur présence à Paris du mardi au jeudi (…) On voit souvent des images des hémicycles remplis des IIIèmes et IVèmes République, mais à l’époque les députés ne siégeaient pas toute l’année et n’avaient pas de bureaux (…) Le travail d’un député n’est pas d’être fixé sur son siège entre le lundi 16h et le vendredi minuit. »
L’hémicycle n’est en effet qu’un aspect du travail parlementaire. « Un député est plus utile à faire des auditions dans un sous-sol du Palais Bourbon pour préparer un rapport (prélude à un texte) qu’à se planter dans l’hémicycle pour écouter des débats qu’il ne maîtrise pas. », ajoutait M. Januel.
Des réactions sur la Toile
Malgré tout, sur Twitter notamment, de nombreux internautes se sont scandalisés d’un telle attitude des députés lors du vote d’une mesure aussi importante.
L’ #EtatDUrgence inscrit dans la constitution! 103 votes pour et 26 contre! Où sont les autres? #AssembléeNationale pic.twitter.com/UiywRjfCTJ
— Noder (@cyrilrtour) 8 Février 2016
Je rêve d’un fichier Excel avec la liste des 441 députés absents hier et leurs excuses pour chacun(e).
« Je pouvais pas y’avait Top Chef »
— Florence Santrot (@florencesantrot) 9 Février 2016
Manifestement, la révision de la Constitution passionne mes collègues… #DirectAN pic.twitter.com/xHmTv5ARJZ
— Eduardo RIHAN CYPEL (@Rihan_Cypel) 8 Février 2016
441 député(e)s absent(e)s pour le vote de l’entrée de l’Etat d’urgence dans la Constitution: sérieux, faites un autre métier.
— Fabrice Arfi (@fabricearfi) 9 Février 2016
Et sinon, que dit le texte ?
Selon le texte adopté hier, l’état d’urgence sera décrété en Conseil des ministres, « en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public » ou « en cas de calamité publique« , mais seul le Parlement pourra prolonger l’état d’urgence après 12 jours, par une loi. Par ailleurs, l’état d’urgence ne peut être prorogé que de 4 mois maximum, renouvelables après un vote du Parlement.
Le vote solennel sur l’ensemble de la réforme se tiendra mercredi, après les questions au gouvernement. La promesse de voir les bancs de l’hémicycle remplis, cette fois.
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