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5 dates clés dans les relations entre l’Égypte et le Proche-Orient

Alors qu’un nouveau traité de paix vient d’être signé en Égypte pour tenter de mettre un terme à la guerre entre Israël et Palestine, le choix du Caire comme cadre de négociation ne doit rien au hasard. Loin d’être un simple hôte diplomatique, l’Égypte est un acteur central de l’histoire politique du Proche-Orient.

1949 : Le premier pays arabe à signer un accord avec Israël

Juste après la création de l’État d’Israël, en 1948, une guerre éclate entre ce nouvel État et plusieurs pays arabes voisins. C’est ce qu’on appelle la première guerre israélo-arabe. Elle fait des milliers de morts et provoque l’exode de centaines de milliers de Palestiniens. À l’époque, l’Égypte envoie ses troupes en Palestine pour soutenir les Arabes palestiniens et s’oppose militairement à Israël.

Après plusieurs mois de combats, l’Égypte et Israël acceptent de mettre fin à la guerre. Le 24 février 1949, ils signent un accord d’armistice sur l’île de Rhodes (en Grèce), sous la supervision de l’Organisation des Nations unies (ONU). Cet accord ne reconnaît pas encore officiellement Israël, mais il fixe des lignes de cessez-le-feu et marque une volonté de calmer les tensions.

L’Égypte devient le premier pays arabe à s’engager dans un accord officiel avec Israël, ce qui montre qu’elle est prête à utiliser la diplomatie en plus de la force militaire. Ce geste marque le début du rôle de l’Égypte comme acteur central dans les conflits du Proche-Orient, mais aussi dans les tentatives de paix à venir. Cet armistice place déjà l’Égypte au cœur des négociations régionales, un rôle qu’elle jouera encore pendant les décennies suivantes.

1978 : L’Égypte, premier pays arabe à reconnaître officiellement Israël

En septembre 1978, après des années de tensions et de guerres, le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin se rencontrent aux États-Unis, à Camp David, une résidence présidentielle isolée. Le président américain Jimmy Carter organise et supervise la rencontre, jouant un rôle central de médiateur pendant 13 jours de négociations intensives. Ces discussions aboutissent à la signature de deux accords majeurs, connus sous le nom d’Accords de Camp David.

Ces accords sont historiques pour deux principales raisons. L’Égypte devient le premier pays arabe à reconnaître officiellement l’existence d’Israël. C’est un acte extrêmement fort, dans un contexte où la majorité du monde arabe rejette encore la légitimité de l’État israélien. En échange, Israël s’engage à restituer intégralement le Sinaï à l’Égypte, un territoire stratégique perdu lors de la guerre des Six Jours en 1967. Les signataires des accords s’engagent aussi à accorder une autonomie future aux Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza. Même si les parties concernées ne mettront jamais pleinement en œuvre cette disposition, elle marque un tournant dans la manière dont les négociateurs internationaux prennent en compte le dossier palestinien.

Ces accords montrent que l’Égypte n’est plus seulement une puissance militaire, mais un acteur politique capable de changer l’équilibre régional par la diplomatie. Elle ouvre la voie à d’autres processus de paix dans la région, même si ceux-ci seront plus tardifs et plus fragiles. Cependant, cette décision coûte cher à l’Égypte sur le plan politique. Elle est suspendue de la Ligue arabe jusqu’en 1989, et le président Sadate est critiqué voire rejeté dans une grande partie du monde arabe pour avoir « trahi » la cause palestinienne.

1979 : Traité de paix Égypte–Israël

Le 26 mars 1979, l’Égypte et Israël signent à Washington un traité de paix historique, sous l’égide du président américain Jimmy Carter. Cet accord est la suite directe des Accords de Camp David signés l’année précédente. C’est la première fois dans l’histoire qu’un pays arabe reconnaît officiellement l’État d’Israël et accepte d’établir des relations diplomatiques complètes avec lui.

En échange, Israël s’engage à retirer toutes ses forces militaires du Sinaï, un territoire qu’il avait occupé depuis la guerre des Six Jours en 1967. Israël retire progressivement ses troupes, et achève totalement ce retrait en 1982. Ce retour du Sinaï à l’Égypte est un geste fort de paix, car c’est un territoire stratégique, riche en ressources et proche d’Israël. L’Égypte montre qu’elle privilégie désormais la diplomatie à la guerre, devenant un exemple de normalisation dans une région marquée par les conflits. Ce traité ouvre aussi la voie à d’autres accords futurs, même si aucun pays arabe ne suivra immédiatement cet exemple.

Mais cette décision a aussi des conséquences difficiles pour l’Égypte. Elle est mise au ban du monde arabe. Plusieurs pays rompent leurs relations avec elle, et l’Égypte est exclue de la Ligue arabe pendant 10 ans. À l’intérieur du pays, le président Anouar el-Sadate est violemment critiqué, notamment par les islamistes et les partisans de la cause palestinienne. Il sera assassiné en 1981 par des extrémistes opposés à cette politique de paix.

Le traité de paix de 1979 met fin à 30 ans de guerre entre l’Égypte et Israël, et fait de l’Égypte un acteur diplomatique clé du Moyen-Orient, capable de rompre avec la logique du conflit pour engager un processus de paix. Un rôle qu’elle continue à jouer encore aujourd’hui.

2005 : Sommet de Charm el-Cheikh

Le 8 février 2005, l’Égypte organise un sommet international dans la ville balnéaire de Charm el-Cheikh, située sur la mer Rouge. Autour de la table, quatre acteurs majeurs de la région : l’Égypte, Israël, la Jordanie et l’Autorité palestinienne. L’objectif est de mettre officiellement fin à la Seconde Intifada, une période de violents affrontements entre Palestiniens et Israéliens qui dure depuis l’an 2000 et a fait des milliers de morts, en majorité palestiniens.

Ce sommet marque une pause dans les violences. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, s’engagent mutuellement à un cessez-le-feu, ce qui apaise momentanément les tensions. L’Égypte y joue un rôle de médiateur actif. Elle accueille les discussions, facilite les échanges, et montre qu’elle reste un interlocuteur respecté des deux camps, même des années après le traité de paix de 1979. C’est aussi un moment clé dans la politique régionale, car il relance l’idée du dialogue au lieu de la confrontation, et redonne une place centrale à l’Égypte dans les processus de paix israélo-palestiniens, à un moment où peu de pays arabes jouent ce rôle.

Enfin, ce sommet se tient dans un contexte particulier. Israël se prépare à se retirer de la bande de Gaza (ce qu’il fera quelques mois plus tard, en août 2005), et cherche un appui régional pour assurer une transition plus stable.

En résumé, le sommet de Charm el-Cheikh montre que l’Égypte n’est pas seulement un ancien adversaire devenu allié d’Israël, mais un acteur diplomatique durable, capable d’accueillir les négociations, de rétablir les canaux de communication et de favoriser le retour au calme dans une région en crise permanente.

À lire aussi : Pourquoi les USA sont-ils l’allié historique d’Israël ?

2025 : Le plan pour la paix de Trump

La ville égyptienne de Charm el-Cheikh accueille ce lundi 13 octobre, un Sommet international de la paix co-présidé par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le président américain Donald Trump. Ce sommet historique, a rassemblé les dirigeants de plus de 20 pays, dont Israël, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, et des représentants de l’Union européenne. L’objectif est de mettre fin aux hostilités, ouvrir la voie à une stabilité durable au Moyen-Orient, et amorcer la mise en œuvre d’un plan de paix en plusieurs étapes.

Ce sommet marque la validation officielle de la première phase d’un plan de paix élaboré par Donald Trump, en coordination avec l’Égypte, le Qatar et la Turquie. Ce plan prévoit un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages, un retrait progressif des troupes israéliennes de Gaza, et le lancement d’un mécanisme international de supervision, en lien avec les Nations unies.

Parmi les soutiens affirmés à ce plan, le président français Emmanuel Macron s’est rendu sur place pour “marquer le plein soutien de la France à cet accord”. Il a aussi rappelé que Paris jouerait un rôle actif aux côtés de l’Autorité palestinienne, en insistant sur la nécessité d’une solution politique durable. La participation in extremis du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, d’abord annoncée comme improbable, a finalement renforcé la portée diplomatique du sommet.

Ce sommet montre une fois de plus le rôle central de l’Égypte comme terre de médiation dans les grands dossiers du Proche-Orient, près de 50 ans après le traité de paix de 1979 avec Israël. Il illustre aussi une volonté internationale rare de relancer un dialogue politique, après des années de blocage et de violences.

À lire aussi : C’est quoi le « plan de paix » pour Gaza de Donald Trump ?

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