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5 éléments pour comprendre… l’affaire Maureen Kearney

Jeudi 8 septembre à 23h05, France 3 Paris Ile-de-France diffuse une série documentaire de 2 épisodes de 52 minutes sur l’affaire Maureen Kearney, une affaire d’Etat sur fond de rivalité entre deux géants industriels. 

L’affaire Maureen Kearney, c’est quoi ? Le 17 décembre 2012, Maureen Kearney est retrouvée chez elle, ligotée à une chaise, la lettre A scarifiée sur le ventre, le manche d’un couteau enfoncé dans son vagin. Ce viol est-il lié à ses activités en tant que syndicaliste du groupe Areva ? Alors en plein combat contre sa direction pour empêcher des transferts de technologies entre la France et la Chine, elle se retrouve dans la tourmente d’une affaire d’État, sur fond de rivalité entre deux géants industriels : Areva et EDF. Cette mini-série documentaire se veut la contre-enquête, profondément humaine, de l’affaire Maureen Kearney, imbroglio politique et judiciaire qui a secoué le monde du nucléaire de 2012 à nos jours. 

De professeure d’anglais à syndicaliste 

Depuis 2004, Maureen Kearney est une professeure d’anglais, d’origine irlandaise, dans la multinationale française spécialisée dans l’énergie nucléaire : Areva. Pendant qu’elle enseigne beaucoup de ses élèves ingénieurs se plaignent, certains sont virés sans indemnités. Face à cette situation, Maureen Kearney s’engage rapidement dans le groupe syndical CFDT et en prend la direction. 

Courant 2011, la syndicaliste découvre un dossier dans lequel Areva propose de donner son savoir-faire à l’entreprise chinoise China General Nuclear Power Corporation. Par peur que les employés perdent leurs emplois, elle fait tout pour les protéger. Elle contacte Bernard Cazeneuve et Jean-Marc Ayrault. Tous deux demandent à François Fillon, premier ministre à l’époque, de mettre un terme aux discussions entre Areva et l’entreprise chinoise. 

“A” pour Areva ? 

Le 17 décembre 2012, au petit matin, Maureen Kearney est en train de se laver les dents quand tout d’un coup quelqu’un lui passe quelque chose sur la tête. Elle est ensuite ligotée à une chaise dans son salon. L’agresseur lui scarifie sur le ventre la lettre “A” et lui enfonce un couteau dans son vagin, côté manche. Il lui dit ensuite : « c’est le deuxième avertissement, il n’y en aura pas de troisième ». Pendant les derniers mois, la syndicaliste avait déjà reçu des menaces. C’est la femme de ménage qui découvre Maureen dans son salon vers 13h. De suite le “A” fait penser à Areva. Une enquête est alors ouverte sur les circonstances de l’agression. 

Signature de faux aveux 

Maureen explique son rôle dans l’entreprise Areva et son engagement en tant que syndicaliste, notamment son implication dans la signature entre EDF, Areva et l’entreprise chinoise. Elle parle évidemment des relations tendues dans l’entreprise suite à cette signature de contrat qui a eu lieu en toute discrétion 2 mois plus tôt. Elle est placée sous protection policière avec sa famille.

Mais coup de théâtre, début de l’année 2013, Maureen est placée en garde à vue pour dénonciation de crime ou délit imaginaire”. Les enquêteurs n’ont retrouvé aucun ADN autre que le sien sur le scotch et dans la maison. Plusieurs autres éléments ne coïncident pas d’après les enquêteurs. Elle n’est alors plus considérée comme victime, mais comme une menteuse qui aurait tout inventé. 

Lors de son interrogatoire, les enquêteurs lui montrent des preuves qui vont contre son récit initial. Elle finit perdue et dit ne se souvenir de rien. On lui demande ainsi de signer des aveux comme quoi, elle aurait tout inventé. D’après l’avocat de Maureen, un homme serait venu la menacer entre deux interrogatoires. Finalement, elle décide de refuser de faire ses aveux et contacte le juge d’instruction pour le mettre au courant. 

Condamnée pour “dénonciation mensongère”

Pendant son procès, Maureen Kearney continue de plaider son innocence. Elle témoigne et revient sur le moment traumatisant qu’elle a vécu. Elle est finalement condamnée pour “dénonciation mensongère” par le Tribunal correctionnel de Versailles. Malgré le témoignage de la syndicaliste, le procureur ne croit pas à l’innocence de cette dernière. Il conclut en disant qu”il n’y a pas eu d’agression, cette dénonciation est bien imaginaire”. Maureen Kearney écope d’une peine de 5 ans avec sursis et d’une amende de 7 500 €. Ce dernier a justifié sa décision en rappelant le “préjudice social important” (pour les services de l’État) et les 5 semaines d’enquête de la gendarmerie et la protection du GIGN. 

Maureen Kearney, relaxée en 2018

En 2018, Maureen Kearney est finalement relaxée par la Cour d’appel de Versailles. Cette dernière a relevé beaucoup d’absences d’expertises. Par exemple, les résultats des recherches d’ADN effectuées sur les lieux de l’agression n’ont jamais été versés au dossier. Elle a aussi expliqué que les aveux de Maureen ont été recueillis « dans des conditions qui laissent d’autant plus la place au doute quant à leur sincérité”. Après cette décision, Maureen a décidé de ne pas poursuivre une enquête pour savoir qui l’a agressé. Elle a choisi de tourner la page. 

A lire aussi : 5 éléments pour comprendre… l’affaire Jacques Rançon

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