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5 éléments pour comprendre le parcours criminel de Francis Heaulme

Francis heaulme

Voilà déjà trente ans que Francis Heaulme a été arrêté pour la première fois. Celui surnommé le « routard du crime » avait été reconnu coupable de plus d’une dizaine de meurtres en 1992.

Un développement dans la souffrance

Originaire de la Meurthe-et-Moselle, dans la « cité radieuse » créée par le Corbusier, une barre HLM, il y vivait avec ses parents et sa sœur aînée. Fils d’un père violent, alcoolique et addicte aux jeux hippiques qui le battait, il idolâtrait sa mère, décédée d’un cancer. Traité de « bâtard » et de « retardé » par son géniteur, le jeune Francis découvre qu’il est atteint du syndrome de Klinefelter (une déformation génétique créée par la présence d’un gène sexuel féminin supplémentaire).

Il se met à boire dès l’adolescence et devient alcoolique au dernier degré. Il enterra, à plusieurs reprises, des animaux vivants, prémices de cette violence qui l’habite.

Suite au décès de sa mère en 1984, il tente de se suicider, plusieurs fois. Une souffrance psychologique pas prise au sérieux par son père. Ces « complications psychologiques » l’exemptèrent du service militaire. Puis, il fut renvoyé de son emploi de maçon à cause de son alcoolisme.

C’est à 26 ans qu’il quitte le foyer familial pour partir, en auto-stop et en train, dans un voyage meurtrier.

Le passage à l’acte

Lors de son périple, il traversa plus de 37 départements en parcourant des distances impressionnantes à pied, en auto-stop ou encore en train. Il fut diagnostiqué « psychopathe » après s’être plaint d’agressions imaginaires dans différents commissariats et hôpitaux et avoir demandé à être interné, à plusieurs reprises, dans des établissements psychiatriques.

Seulement trois semaines après son départ de chez lui, en novembre 1984, il commit son premier meurtre connu. Il rencontra Joseph Molins à qui il proposa de partager un bout de route. Alors qu’ils étaient en voiture, les deux compères prirent en stop une jeune fille, apprentie patissière, de 17 ans, Lyonnelle Gineste. Une initiative de Molins pas au goût de Heaulme, « Pour moi, c’était comme une pute. Elle était sexy dans ses collants noirs » dira-t-il plus tard. La jeune femme fut retrouvée nue, étranglée et poignardé dans un bois près de Pont-à-Mousson. Le premier crime d’une longue série.

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La naissance du « routard du crime »

Après Lyonnelle Gineste, ce fut l’escalade. Deux ans plus tard, en 1986, il tue à deux reprises. D’abord un militaire, Laurent Bureau, près de Périgueux. Peu habituel pour un tueur en série, il ne passe pas toujours à l’action en solitaire. Pour ce crime, il est en compagnie de Didier Gentil et d’un groupe de malfrats. Le jeune homme de 19 ans a été torturé avant d’être assassiné.

La même année, il tue à coups de pierres deux enfants près de Montigny-lès-Metz. Il reconnaît avoir vu les enfants avant leur meurtre puis être repassé après, alors qu’ils étaient déjà morts. Il décrira parfaitement les lieux. Une affaire qui a mis derrière les barreaux un innocent, Patrick Dils, pendant 17 ans.

En décembre 1986, avec deux camarades du centre de désintoxication alcoolique de Maizeroy en Moselle, Philippe Elivon et Michel Magniac (décédé en 1995), il se rend dans un café pour boire de l’alcool. La soirée se termine avec le meurtre d’Annick Maurice, vers 5 h du matin. Le corps de la jeune femme de 26 ans sera retrouvé en 1987 dans un bois à 10 km de Metz.

Pas de meurtre recensé pendant deux ans. En 1989, il enlève, puis tue, un petit garçon de 9 ans, Joris Viville. Le corps fut retrouvé 17 jours plus tard. Francis Heaulme avait avoué son meurtre aux professionnels du centre psychiatrique de Fontonne. Ils ne le prirent pas au sérieux. Lorsque le corps sans vie de l’enfant fut découvert, aucun d’entre eux ne contacta la police. Ils invoquèrent, par la suite, le secret médical pour se défendre.

Il tua une deuxième fois le 14 mai 1989, Aline Pérès, une aide-soignante de 49 ans. Cette affaire marque un tournant.

Face à face avec l’enquêteur Abgrall

À la suite du meurtre d’Aline Pérès, poignardée et égorgée, le gendarme qui allait arrêter Heaulme fut chargé de l’enquête : le maréchal des logis-chef Jean-François Abgrall de la gendarmerie de Relecq-Krhuon. Ce dernier, eu la forte intuition que le crime avait été fait par quelqu’un ayant déjà tué. Il n’y avait aucun mobile évident, l’aide-soignante était appréciée de tous. L’endroit de la plage où le meurtre a été commis n’était fréquenté que par des marginaux et toxicomanes qui furent interrogés. Beaucoup d’entre eux avaient quitté le centre Emmaüs local qu’ils fréquentaient, ils ne voulaient pas être confrontés aux forces de l’ordre. Un avis de recherche fut lancé grâce à leur nom dans le registre.

Le gendarme en charge de l’enquête, Jean-François Abgrall

19 juin 1989, le gendarme Abgrall reçoit un appel de la gendarmerie de Saint-Clair-sur-l’Elle : ses collègues ont arrêté un des hommes recherchés, Francis Heaulme. Un premier entretien spécial. Très agité, le suspect, pensant le gendarme de Saint-Lô et non de Brest, affirme qu’il a fait l’armée. Ce qui est n’est pas vrai. Pour preuve, la description de la manière de tuer une sentinelle. Bizarrement semblable à celle utilisée dans le meurtre d’Aline Pérès. En ajoutant qu’il prenait des « cachets anti-angoisse » lui donnant « des pulsions », Francis Heaulme renforça les soupçons de l’enquêteur.

Cependant, le « routard du crime » a un alibi dans un service de cardiologie de Quimper à 80km de l’assassinat. Une infirmière a pris sa température à l’heure du meurtre.

Mais très rapidement le gendarme Abgrall apprend en se rendant à l’hôpital de Quimper où que lorsqu’un patient est absent, les infirmières notent tout simplement la température indiquée sur le thermomètre. Francis Heaulme n’a plus d’alibi.

« Je sais que tu sais, c’est un « pépin » cette histoire. C’est la faute du gaulois. »

Francis Heaulme

Par manque de preuve tangible, Jean-François Abgrall ne put l’interpeler. Il continua à enquêter malgré le manque de soutien de sa hiérarchie. Il suivit la piste du « Gaulois » dont le témoignage capital permit d’incriminer son suspect. Ce dernier avait continué à tuer, Laurence Guillaume fut retrouvée dénudée et égorgée.

L’arrestation : la fin des révélations ?

Dans la nuit du 4 au 5 janvier 1992, Jean Rémy, 65 ans, est retrouvé poignardé. Le gendarme se rend sur place où Heaulme l’accueille en disant lui « avoir laissé passer les fêtes ». Une provocation qui pousse l’enquêteur à faire parler l’homme.

Finalement, celui-ci raconte toute l’histoire sans en réaliser l’horreur et consent même à dessiner un croquis. Son sort était scellé, il sera enfermé.

Jean-François Abgrall (à gauche) et Francis Heaulme (à droite)

Une enquête générale fut ouverte sur l’ensemble des meurtres suspectés d’être l’œuvre de Francis Heaulme. Il avoua plusieurs meurtres avec toujours beaucoup de détails mais les histoires et les lieux se mélangés.

Le procès pour le meurtre de Heaulme s’ouvrit le 28 janvier 1994 devant la Cour d’assise du Finistère, à Quimper. Il échappa à la perpétuité, mais écopa de 20 années de prison ferme assorties d’une période de sureté de deux tiers.

C’est cette même année que le gendarme Jean-François Abgrall vit Francis Heaulme pour la dernière fois. Ce dernier, à l’abri de l’absence d’un cadre juridique, décrit le meurtre du jeune militaire de Périgueux, Laurent Bureau. Il révéla ensuite qu’il avait tué plus d’hommes que de femmes. Le gendarme ne manqua pas de lui faire remarquer qu’il n’avait avoué le meurtre que d’un seul homme…

Francis Heaulme est toujours emprisonné à la maison d’arrêt de Metz où il purge sa peine.

À lire aussi : Qui est Victoria Charlton, la youtubeuse passionnée de faits divers ?

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