Valéry Giscard d’Estaing a été le troisième président élu de la Ve République à l’époque où le mandat politique d’un président était encore de 7 ans.
De 1974 à 1981, Valéry Giscard d’Estaing a su se distinguer et devenir une des figures inoubliables du XXe siècle. Il meurt le 2 décembre 2020 à l’âge de 94 ans des suites du Covid-19. C’est l’occasion de revenir sur les moments qui ont marqué le septennat de l’ancien président.
1/ 27 mai 1974 : élection à la présidence
Valéry Giscard d’Estaing devient le troisième président de la Ve République le 27 mai 1974 alors qu’il n’a que 47 ans. Il devient alors à l’époque le plus jeune homme politique à accéder à la présidence jusqu’à l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Dans l’Histoire, il est le troisième plus jeune à accéder au pouvoir après Louis-Napoléon Bonaparte et Jean Casimir-Perier. En plus de battre les records, Giscard réussit à se démarquer face à ses nombreux concurrents. Alors qu’il est élu, l’ancien président décide en effet de remonter les Champs-Élysées à pied, un moment inédit, dans le but de fleurir la tombe du Soldat inconnu ainsi que rallumer la flamme sous l’Arc de triomphe. Dès le début, Giscard a su impressionner les Français avec sa parade à la marche jusqu’à l’Arc de triomphe.
2/ La volonté de créer une République jeune
L’ancien président a souhaité que son arrivée précoce dans la présidence se ressente dans ses actions. Il a été très influencé par les méthodes américaines de Kennedy qu’il souhaite appliquer en France. C’est notamment une rénovation de la République que Giscard veut répandre. Dès l’apparition de son portrait officiel, les Français se rendent directement compte de l’envie innovante de leur président. Pour la première fois, le portrait est réalisé à l’extérieur et le président ne porte pas le collier de grand maître de la Légion d’honneur. Ce symbole d’origine du Second Empire était beaucoup trop ancien pour Giscard qui tentait d’exposer le début d’une République ultramoderne à travers ce portrait. Autre fait original, Giscard ébauche un sourire dans son portrait, une expression jamais vue chez ses prédécesseurs.
C’est toute la République que Giscard veut transformer. Pour lui, c’est terminé la République aux valeurs anciennes et il est temps de la moderniser. Cette volonté s’est retrouvé également dans les symboles de la République. Il veut rajeunir les symboles nationaux comme le bleu du drapeau de l’étendard français qui devient plus clair ou La Marseillaise dorénavant jouée sur un rythme plus lent et moins fort contrairement à la version originale agressive.
3/ La mise en place de lois sociales contemporaines pas au goût des traditions anciennes
Toujours dans cette volonté de moderniser la République, Valéry Giscard d’Estaing va créer des débats sur des sujets de société afin de mettre en place de nouvelles lois sociales qui s’inscrivent dans une innovation de la société française. Malheureusement pour lui, qui dit modernité dit opposition aux traditions qui sont parfois bien ancrées dans la société.
Parmi les nombreux débats qu’il fait naître, il y a notamment celui de la dépénalisation de l’IVG — interruption volontaire de grossesse. Giscard confie cela à sa ministre de la Santé, la célèbre Simone Veil. Le président aurait pu déléguer ce soin au ministre de la Justice, Jean Lecanuet, mais qui était un homme beaucoup trop conservateur contrairement à Veil. La loi votée le 7 janvier 1975 a par la suite conduit à une véritable opposition de la droite qui a mis à mal le président. Sa rencontre froide avec le pape Paul VI lors de sa visite du Vatican met en crise les relations avec le Saint-Siège. Il perd une bonne partie de son électorat catholique. Selon le spécialiste des sondages Michel Pinton, c’est “300 000 à 400 000 voix qu’il ne retrouvera jamais”. Cette loi légendaire pour la lutte féministe a pourtant eu des retombées amères pour Giscard.
Valéry Giscard d’Estaing est également la raison de l’abaissement de la majorité de 21 ans à 18 ans. Cette décision était une énième prise de risque pour son électorat car cette tranche de la population est le plus souvent hostile à lui. Malgré de nombreux risques, Giscard met tout le monde d’accord en intégrant les handicapés dans la société avec par exemple leur droit au travail.
4/ Le tournant conservateur
Le Valéry Giscard d’Estaing moderne prend pourtant rapidement un virage plus conservateur dans sa politique. La République jeune et moderne se transforme rapidement en une République répressive et stricte. C’est particulièrement le cas avec l’adaptation de la loi “sécurité et liberté” qui développe la répression envers les délinquants, une loi décrite de liberticide par la gauche.
Le côté conservateur de Giscard s’est aussi retrouvé dans sa volonté de réduire l’immigration. C’est lui qui demande au gouvernement de suspendre l’immigration des travailleurs et des familles en juillet 1974 exceptés ceux de la Communauté européenne. Quelques années après la guerre d’Algérie, ce sont surtout les familles algériennes qui sont concernées par ce dispositif. Alors que le Premier Ministre, Jacques Chirac signe un décret permettant en partie le regroupement familial réservé aux travailleurs étrangers séjournant en France, les familles d’Algérie sont pourtant exclues. Mais en fin d’année 1978, le “droit de mener une vie familiale normale” est mis en place mais cela reste pour Giscard le “plus grand regret” de sa présidence comme il l’avoue en 2018 après avoir vu “arriver des noyaux familiaux totalement différents”. Jusqu’à la fin de son septennat, Giscard va continuer de tenter de réduire l’immigration.
5/ La politique économique et internationale
Durant son septennat, Valéry Giscard d’Estaing a essayé de relancer l’économie française et de développer sa politique internationale. Malheureusement pour lui, son mandat a été marqué par deux chocs pétroliers ainsi qu’un contexte de guerre froide.
Pour relancer l’économie, Giscard met en place le “plan Barre” le 22 septembre 1976 avec son nouveau Premier Ministre, Raymond Barre. Ce plan a notamment pour objectif de limiter la hausse des salaires, d’abaisser la taux de la TVA sur certains produits, d’augmenter les impôts sur les ménages les prix aisés,… Ces nombreux objectifs ont pour but de réduire le chômage et attester du caractère concurrentiel des entreprises françaises. Le “plan Barre” est par la suite malmener par le deuxième choc pétrolier et la politique de lutte contre l’inflation n’a pas l’effet attendu par le président alors que le chômage de masse apparaît. C’est lors du septennat de Giscard que le cap du million de chômeurs est franchi.
En plus de tenter de prendre soin de l’économie française, Giscard va également chercher à se rapprocher des pays puissants du monde et à participer à la mondialisation dans un contexte de guerre froide. C’est sous son impulsion qu’est alors né la première réunion des cinq pays les plus industrialisés au monde. C’est la naissance du G5 qui deviendra par la suite G6 puis G7. Valéry Giscard d’Estaing a alors toujours eu une vision très internationaliste puisqu’il a également consacré une bonne partie de son mandat à la construction européenne.
Malgré de nombreuses difficultés rencontrées par Valéry Giscard d’Estaing, il a été la source de nombreuses innovations que ce soit à l’échelle nationale ou internationale.