Codécouvreur du VIH et ancien Prix Nobel de la médecine, le professeur Luc Montagnier est décédé mardi dernier à l’âge de 89 ans.
Le service CheckNews de Libération l’a confirmé ce jeudi. Le biologiste et professeur Luc Montagnier s’est éteint en début de semaine, mardi, à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine (92). Son certificat de décès a bel et bien été déposé à la mairie, a confirmé l’élu de la ville à plusieurs médias. « On perd un homme dont l’originalité, l’indépendance et les découvertes sur l’ARN ont permis la création du laboratoire qui a isolé et identifié le virus du SIDA« , a rendu hommage, de son côté, le Pr Didier Raoult.
Figure emblématique des antivax, prix Nobel de la médecine en 2008, découvreur du VIH… Le virologue avait un palmarès bien chargé. Passé par l’Institut Pasteur, le Queens College ou encore le CNRS, Luc Montagnier a fait parler de lui durant de longues années. Focus sur les 5 faits marquants de sa carrière.
1. Découverte du VIH
C’est en 1983 que Luc Montagnier et ses collaborateurs Jean-Claude Chermann et Françoise Barré-Sinoussi font une étrange découverte. Celle d’un nouveau virus prénommé le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Au fil des analyses approfondies, ces derniers se rendront compte plus tard qu’il a un lien direct avec la maladie du SIDA, en raison de ses propriétés biologiques. Le virologue français sera donc le premier nommé pour passer aux commandes du nouveau département « Sida et rétrovirus » de l’Institut Pasteur, avant de créer la Fondation mondiale de prévention et de recherche sur le sida (FMPRS) en 1993.
2. Prix Nobel de la Médecine
En 2008, Luc Montagnier et son homologue Françoise Barré-Sinoussi sont récompensés pour leurs travaux portant sur la découverte du rétrovirus responsable du SIDA. En même temps, le professeur allemand Harald zur Hausen se voit également attribué le prix pour sa découverte du papillomavirus humain. Un moment de gloire qui survient « à une époque où beaucoup estiment le problème du sida réglé au Nord comme au Sud« , affirmait l’actuel président du conseil scientifique Covid-19, Jean-François Delfraissy, dans un communiqué de presse de l’Institut Pasteur datant d’il y a quatorze ans.
3. Des propos controversés
Au milieu des années 2000, l’ancien directeur de recherche au CNRS commence à multiplier les théories et prises de paroles infondées, se mettant ainsi à dos une majorité de la communauté scientifique. Il arrive qu’il traite de sujets dont il n’a, lui-même, pas assez de connaissances pour y répondre. Pour cause, en 2004, il propose au pape Jean-Paul II de soigner sa maladie de Parkinson grâce de la papaye fermentée. « On a essayé sur des patients atteints de sida, en Afrique, qui étaient sous trithérapie. Avec la papaye, leur système immunitaire se rétablissait beaucoup mieux », avait-il évoqué dans ses essais non publiés.
Dans le même sens, Luc Montagnier tient des propos très controversés dans un documentaire américain en 2009 : « Nous pouvons être exposés de nombreuses fois au VIH sans être infectés de façon chronique. Notre système immunitaire va se débarrasser du virus en quelques semaines si vous avez un bon système immunitaire« . Son ex-collaboratrice Françoise Barré-Sinoussi y avait d’ailleurs répondu quelques années plus tard : « Je sais que Montagnier et quelques autres disent que, si vous avez une bonne immunité, vous pouvez vous protéger vous-même contre l’infection à VIH. Néanmoins, je pense que nous n’avons pas de données sérieuses à ce jour pour dire cela« .
4. Une figure antivax
Apparu dans le documentaire polémique Hold Up : Retour sur un chaos, le scientifique se revendique comme un véritable anti-vaccin. Ce dernier avait accusé, plus récemment en pleine crise sanitaire, que la vaccination contre le coronavirus serait à l’origine de nouveaux variants. « C’est très simple, les variants viennent des vaccinations (…) Les nouveaux variants sont la production, la résultante des vaccinations et donc vous voyez toujours dans les pays, même pour l’Inde maintenant c’est pareil, vous avez la courbe des vaccinations et la courbe des morts maintenant qui suit« , avait-il posté dans un long message sur le réseau social Facebook.
En avril 2020, Luc Montagnier affirme également que le virus Sars-CoV-2 est le fruit d’une manipulation humaine à partir du virus du SIDA. Ce qui a été démenti peu de temps après.
5. Communiste dans sa jeunesse
Né à Chabris (Indre) en août 1932, l’ancien président de la Fondation mondiale Sida était membre du Parti communiste français (PCF) durant sa jeunesse. Cette période a lieu pendant la guerre d’Algérie. Il est d’ailleurs à l’origine d’une pétition nationale au sujet de l’affaire Audin en 1957, avec l’universitaire Michel Crouzet.