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5 éléments pour comprendre… l’affaire de l’Ordre du Temple Solaire (OTS)

Il y a 28 ans éclatait la terrible affaire de l’Ordre du Temple solaire (OTS). Cette secte, aux origines et objectifs aussi obscures que déroutants, a provoqué entre 1994 et 1997 la mort de 74 personnes en Suisse, au Canada et France. Suicides collectifs ? Assassinats ? Ce terrible drame fera prochainement l’objet d’un documentaire sur Salto, l’occasion de revenir sur cette affaire en 5 éléments.

Luc Jouret, Joseph di Mambro et Michel Tabachnik : les trois noms derrière la création de la secte

Ce sont les trois hommes aux sources de la fondation de l’OTS :  Luc Jouret, Joseph di Mambro et Michel Tabachnik. Trois hommes, trois trajectoires différentes, pour un même destin, celui de créer l’une des sectes les plus influentes de la fin du XXe siècle. C’est en 1977 que di Mambro et Tabachnik se rencontrent. Le premier est un ancien bijoutier qui sort de six mois de prison, tandis que le second est un compositeur suisse de renommée internationale. Rapidement, leurs idées concordent, ce qui les amène à créer une première organisation ensemble, la Golden Way, dont di Mambro devient le chef.

C’est en 1980 que di Mambro fait la rencontre de Luc Jouret, un homéopathe belge. Ensemble, les deux hommes souhaitent aller plus loin en créant un ordre templier de dimension internationale. En s’inspirant de certains écrits de Tabachnik, Jouret et di Mambro voient leur rêve se réaliser en 1984 : c’est la naissance de l’Ordre du Temple Solaire.  

L’OTS, une organisation aux préceptes obscures

C’est grâce aux talents de persuasion du gourou Luc Jouret, dont le charisme et l’intelligence sont loués par les membres de la secte, que l’organisation se développe à la fin des années 1980. L’OTS s’inspire de diverses traditions ésotériques et en particulier celles des Templiers, des chevaliers du Christ condamnés au bucher au 14e siècle. La secte place au centre de son attention la nature, avec laquelle ses membres seraient en connexion. Ces derniers se rassemblent régulièrement dans des fermes à Salvan ou à Cheiry en Suisse pour réaliser des rituels ésotériques et invoquer des apparitions sensées les protéger de l’apocalypse.

Bien que toutes ces pratiques ne soient que de grossières mises en scène, l’OTS convainc de plus en plus de membres, pour réunir plus de 600 personnes lors de ses plus belles heures. Jouret et di Mambro se font passer pour les membres d’une élite dont le but est de mener ceux qui les écoutent vers le droit chemin. En retour, les membres travaillent pour la secte et y consacrent leur salaire et leurs biens matériels. Ce n’est qu’au début des années 1990, alors que la secte perd petit à petit en influence, que la paranoïa des gourous va les pousser à l’irréparable en 1994.

France, Suisse et Québec : théâtres des massacres entre 1994 et 1997

Le 5 octobre 1994, à quelques heures d’intervalle, les villes de Salvan et de Cheiry sont le théâtre de deux terribles drames. Deux fermes sont victimes d’un terrible incendie, mais ce n’est pas tout. Sous les décombres, la police trouve les corps de dizaines de victimes. Elles sont au nombre de 23 dans la ferme de Cheiry et de 20 dans celle de Salvan. Au Québec, quelques heures plus tôt, cinq corps ont également été découvert à la suite d’incendies dans trois chalets à Morin Heights, près de Montréal. Toutes ces victimes ont presque tous un point commun : la plupart d’entre elles ont la tête recouverte d’un sac. Suicides collectifs ? Assassinats ? Les enquêteurs hésitent, mais mettent rapidement la main sur le responsable de ces drames : l’OTS. Introuvables pendant quelques jours, les corps de ses gourous, Jouret et di Mambro, sont finalement identifiés parmi les victimes.  

Mais alors que l’on pensait la secte dissoute suite à la mort de ses chefs, un an plus tard, un autre massacre a lieu sur le plateau du Vercors, où seize personnes sont retrouvées calcinées le 16 décembre 1995. Les corps, positionnées en étoile, rappellent les scènes découverte en Suisse un an plus tôt. Aucun doute, l’OTS a encore frappé et le drame du Vercors ne sera pas son dernier coup d’éclat. Deux ans plus tard, l’organisation signe sont dernier fait d’armes lors d’un ultime suicide collectif au Québec, causant la mort de cinq personnes.

Les raisons de ces massacres : une secte en plein déclin

Selon des rescapés de ces drames, c’est le déclin de l’organisation qui aurait poussé ses gourous à la détruire de l’intérieur en faisant disparaitre tous ses membres et eux y compris. Suite au départ de l’organisation du responsable des effets spéciaux lors des cérémonies, la supercherie de ces dernières risque d’être découverte par les adeptes, prouvant ainsi que di Mambro et Jouret n’ont en réalité aucun pouvoir. Face à ce risque qui pourrait détruire la crédibilité de l’OTS, les deux gourous décident de passer à l’acte. Pour convaincre leurs adeptes de les suivre à leur insu vers la mort, les gourous auraient présenté le départ de ce monde comme un « transit vers Sirius », une autre planète ou leurs âmes seraient apte à voyager. C’est ce que Jouret et di Mambro ont appelé le « transit ».  

Suites judiciaires et théories

Dans la foulée de l’ultime massacre, l’affaire du Temple Solaire met en cause Michel Tabachnik, accusé d’être le troisième homme de l’organisation derrière Jouret et di Mambro. Mis en cause pour avoir poussé, par ses écrits ésotériques, les adeptes de la secte à se mettre à mort pour rejoindre « Sirius », il est condamné à cinq ans de prison en 2001, avant d’être finalement relaxé. Mais le parquet fait appel et le chef d’orchestre est de nouveau jugé en 2006. Jugeant que « sa responsabilité dans les décès n’était pas établie », il est une seconde fois relaxé en décembre 2006, mettant fin aux suite judiciaires de l’affaire.

De nombreuses théories existent alors au sujet des réels objectifs de cette secte et de la raison de ces massacres et mises à morts collectives. Comment d’autres massacres ont-ils pu avoir lieu après la mort des deux gourous de la secte ? Certains ont évoqué la piste d’une origine politico-mafieuse de ces drames, tels que le psychiatre Jean-Marie Abgrall, qui soupçonnait Luc Jouret d’être lié à la Gladio, un réseau italien. Une piste qui n’a cependant jamais été prouvée, laissant ainsi les mystères de cette secte toujours enfouis dans les corps de ceux qu’elle a tué.

A lire aussi : 5 éléments pour comprendre… l’affaire Maureen Kearney

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