Il est au cœur de l’actualité avec sa réforme du baccalauréat et à la une des médias. C’était pourtant le grand oral pour le ministre de l’Education Nationale Jean-Michel Blanquer ce jeudi 15 février dans L’Emission Politique présentée par Léa Salamé. Lui qui rassemble pourtant un grand consensus au-delà des partis politiques devait réussir à prouver qu’il a l’étoffe pour porter une réforme audacieuse sur le totem du Bac.
1) Blanquer, le symbole du ministre « expert » plus que politique
C’était une volonté d’Emmanuel Macron, avoir des ministres reconnus pour leur expertise dans leur portefeuille ministériel. Blanquer en est la parfaite incarnation. Lui l’ancien recteur de Créteil, qui est entré rue de Grenelle au ministère de l’Education nationale par la petite porte en étant membre du cabinet de Gilles de Robien entre 2006 et 2007. Il prône l’expérimentation partout où il passe, ce qui lui réussit plutôt, décrochant le poste de Directeur Général de l’Enseignement Scolaire sous le ministère de Luc Châtel, un poste stratégique qui lui assure une relative protection médiatique alors que son ministre affronte la rue, portant sa réforme éponyme face aux mobilisations lycéennes. Lors de l’alternance, il rebondit comme directeur de l’Essec en 2013 et reviendra au ministère de l’Education par la grande porte en étant ministre du gouvernement Philippe.
Jean-Michel Blanquer se présentait donc ce soir face au grand public dans un format original, puisque c’était la première fois que L‘Emission Politique avait pour invité un ministre du gouvernement Philippe. Un grand oral pour celui qui veut justement l’instaurer comme une épreuve du baccalauréat nouvelle formule.
Compétence, sobriété, pragmatisme : Jean-Michel #Blanquer est une personnalité solide, ouverte au dialogue, qui rassure à la tête d’un ministère de l’Éducation qui demeure plus que jamais essentiel pour le redressement de notre pays.#LEmissionPolitique pic.twitter.com/lb5NTJRCRf
— Karim Ouchikh (@OuchikhKarim) 15 février 2018
2) La pédagogie comme maître-mot
Loin d’être un tribun mais d’un ton assuré, le premier professeur de France a joué la carte de la pédagogie, assurant avoir pris en compte les dysfonctionnements du système scolaire actuel. L’heure était à la clarification tout en veillant à ne pas cliver son auditoire.
Parmi les grands points de la réforme, la suppression des filières S, ES et L et l’instauration d’un tronc commun, la création de blocs de spécialités ou encore l’introduction d’un grand oral qui pèsera pour 10% de l’examen.
Un point qui a d’ailleurs suscité des interrogations de la part de lycéens présents en plateau, ces derniers craignant que cela augmente les inégalités entre lycéens selon les milieux sociaux.
#Bac2021 Fin des séries au lycée général : un socle de culture commune pour une formation intellectuelle et morale partagée pic.twitter.com/N9Q94UGdSG
— Éducation nationale (@EducationFrance) 14 février 2018
3) En marche vers le nouveau baccalauréat!
La réponse du ministre n’a pas forcément convaincu sur ce point, tant il semble difficile que chaque lycée puisse proposer les options en question alors que de nombreux établissements souffrent déjà de difficultés pour assurer les cours principaux. Toutefois, il est porté par un courant consensuel d’un point de vue politique, la gauche ayant décliné la lutte et la droite se retrouvant contrainte d’admettre que les éléments exposés sont ceux qui auraient dû être mis en place quand elle était au pouvoir.
Faire rentrer l’école de la République dans le 21e siècle. #LEmissionPolitique pic.twitter.com/A3KIDKbXyK
— Jeunes avec Macron (@JeunesMacron) 15 février 2018
4) Alexis Corbière a voulu faire le show, il s’est juste donné en spectacle
Il n’y a que la France Insoumise et Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis mais aussi ancien professeur d’histoire en lycée professionnel, pour tenter d’apporter la contradiction. Un coup de com’ stratégique pour les Insoumis qui se positionnent une fois de plus comme l’opposition à la majorité, Jean-Luc Mélenchon ayant été le contradicteur lors de l’émission consacrée à Edouard Philippe. Cependant, le débat d’hier soir n’aura pas été à la hauteur des espérances.
#Corbiere à #Blanquer : « Directement sous votre responsabilité, c’est 46 000 postes d’enseignants supprimés… » pic.twitter.com/6EoF1nAoil
— LaLucioleMélenchantée (@LaLucioleM) 15 février 2018
Alors que le député de la France Insoumise a tenté de sortir le ministre de son tempo de clarification, en commençant par le sujet récurrent du nombre de postes de professeurs, puis en proposant la gratuité de la cantine pour tous avec la création « d’un service public de la cantine pour tous« . Blanquer a tenu le choc, tout juste en plaçant une banderille sur la réflexion « simpliste » du député, ce dernier convoquant Orelsan en affirmant « c’est simple et basique » en réplique.
On pouvait en espérer plus du tribun insoumis. Sa remarque sur les cantines qui ne fixent pas de tarifs différenciés selon les revenus des parents, ce qui a pour conséquence de défavoriser les familles populaires, était fondée. Sa conclusion sur la gratuité nécessaire qui serait financée par le cadeau fiscal fait par Emmanuel Macron sur sa réforme de la fiscalité du capital était pour le moins démagogique…
5) Blanquer obtient le plus haut score dans le sondage de fin d’émission
Moment toujours attendu dans l’émission, la révélation du sondage d’opinion par Jean-Baptiste Marteau a permis de découvrir que la stratégie adoptée pour présenter la réforme a porté ses fruits. Avec 71% de convaincus, Blanquer réalise le plus haut score de l’histoire de l’émission et arrive à convaincre assez largement toute tendance politique confondue. Sans surprise, il cartonne dans son camp avec 9 marcheurs sur 10 convaincus mais aussi à droite (83%). Plus surprenant, les deux-tiers des insoumis interrogés ont admis avoir été convaincus par Blanquer alors qu’il affrontait l’un des leurs durant le débat!
Le plus dur reste toutefois à venir pour le ministre de l’Éducation qui doit passer maintenant aux actes. Il ressort renforcé à court terme mais a créé des attentes importantes. Il ne devra pas décevoir sous peine de voir sa popularité devenir expérimentale…