Une fusillade dans une cité des quartiers nord de Marseille a tué trois personnes samedi vers 23H00. Selon les enquêteurs, il s’agirait d’un règlement de compte sur fond de trafic de drogue.
Trois personnes ont été tuées par balles samedi peu avant 23h00, dans une cité des quartiers nord de Marseille. Ce qui porte à dix le nombre de personnes tuées par balles dans la cité phocéenne depuis le début de l’année.
« Un homme arrive, il défouraille et en tue trois et en blesse trois autres », a résumé le procureur adjoint de Marseille André Ribes. Ce dernier n’a pas souhaité donner plus de précisions sur des faits pas encore établis avec certitude.
En effet, les circonstances et les armes utilisées ne sont pas encore connues. Le préfet de police s’est déplacé sur les lieux samedi soir avec les enquêteurs près d’un petit immeuble de quatre étages devant lequel se sont déroulés les faits.
Le calibre de l’arme difficile à déterminer
Les fonctionnaires de la police judiciaire veulent d’abord comprendre la scène qui s’est déroulée au pied de l’immeuble, situé dans la cité sensible du 15ème arrondissement de Bassens, quartier connu comme lieu de trafic de drogue.
Selon une source proche du dossier, le calibre de l’arme utilisée est « compliqué », différent du 7,62 mm habituel de la kalachnikov. Les enquêteurs tâchent de déterminer quel type d’arme a été utilisé: une kalachnikov modifiée pour tirer ces munitions ou un autre modèle.
Le déroulement de la fusillade n’a pas encore été tout à fait reconstitué mais une chose est quasi-sûre d’après les enquêteurs : il s’agit d’un règlement de compte sur fond de trafic de drogue. « À l’évidence, c’est lié aux stupéfiants », a dit une source proche de l’enquête. « L’implication des victimes (dont l’identité n’a pas été révélée, NDLR) dans le trafic de drogue semble assez établie pour au moins deux d’entre eux », a indiqué cette source.
Un secteur très affaibli
Le quartier de Bassens a été plusieurs fois la cible d’opérations policières, conduisant à des arrestations et/ou des saisies de produits. « On est sur un secteur très affaibli, il a été bien +tapé+ ces derniers temps, y compris récemment » et il « suscite la convoitise », a poursuivi la même source. « À partir de là, tous les scénarios sont envisageables : soit c’est l’équipe qui gère le réseau qui a voulu se défendre, soit c’est une équipe a voulu le récupérer », ajoute-t-elle.
Lors d’un bilan début février, les autorités s’étaient réjouies de la baisse générale de la délinquance à Marseille, sauf en matière d’homicides. Le procureur de la République de Marseille Brice Robin avait souligné que les démantèlements de trafics pouvait déstabiliser l’économie souterraine et provoquer une recrudescence d’homicides. « Nous générons indirectement des règlements de comptes quand nous +tombons+ des équipes », avait-il expliqué.
« Dramatique et désespérant »
Les chiffres de la criminalité à Marseille sont inquiétants. En 2015, 19 personnes avaient été tuées dans des règlements de comptes dans les Bouches-du-Rhône, 18 en 2014 et 17 en 2013. « C’est dramatique et désespérant », a réagi la maire des 15e et 16e arrondissements de la ville, la sénatrice socialiste Samia Ghali. « Ca ne donne pas beaucoup d’espoir pour les générations à venir. Il y a un vrai travail de fond à faire », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a réaffirmé dans la nuit de samedi à dimanche « la détermination absolue du gouvernement à éradiquer la criminalité organisée ». « La République rattrapera et jugera les auteurs de ces crimes », a affirmé le ministre dans un communiqué.
*Image en une : francetvinfo.fr