Dans un entretien accordé au JDD, Nicolas Sarkozy assure qu’il n’y a pas d’alternative possible au nucléaire. Une position qui n’est pas éloignée de celle de François Hollande, qui peine à fixer un cap clair à sa politique environnementale.
C’était une de ses promesses en 2012 : le candidat Hollande disait vouloir faire de la France « la nation de l’excellence environnementale ». Afin d’atteindre cet objectif, le Président s’est fixé de ramener la part du nucléaire de 75 à 50% à l’horizon 2025. La loi énergétique portée par Ségolène Royal et adoptée l’été dernier est ainsi venue entériner cet objectif.
Cette loi, ambitieuse, avait été saluée par les associations. Mais ces dernières ont vite déchanté, en constatant le retard accumulé par le gouvernement, tardant à prendre les décrets d’application nécessaires. A l’occasion de la 4e conférence environnementale, Le Président a réitéré sa volonté de réduire la part du nucléaire. EDF devrait proposer, après 2018, la fermeture de certaines centrales. Le Président a en outre confirmé l’arrêt de la centrale de Fessenheim, exposée à des risques sismiques ou d’inondation trop forts.
Report de la fermeture des centrales
Ségolène Royal a ainsi annoncé que la programmation pluriannuelle de l’énergie, feuille de route pilotant la suite des évènements, devrait être publiée d’ici juillet. Le document évaluera le nombre de centrales à fermer. Cependant, et c’est là que le bât blesse, la feuille de route n’indiquera pas quels réacteurs précisément devront être fermés.
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La ministre de l’Ecologie insiste sur la nécessité de développer au préalable les énergies renouvelables (dont les capacités devraient être augmentées de 50% d’ici 2023 selon ses déclarations) afin de se substituer à l’énergie nucléaire. Cependant, beaucoup dénoncent le manque de volonté du gouvernement à sortir du nucléaire, et voient dans ce report une manière d’esquiver le problème à l’approche des présidentielles.
D’abord, l’énergie nucléaire représente 220 000 emplois en France. 220 000 voix qu’un président plus bas que jamais ne peut prendre le risque de froisser.
Energies renouvelables coûteuses
Surtout, dans ce débat sur le nucléaire, c’est la question de la transition qui est posée. La France n’a pas de gaz, pas de pétrole. L’énergie nucléaire permet donc à la France de garder une certaine indépendance énergétique, dans un pays ou 80% de l’énergie est faite avec du nucléaire.
Mais comment opérer un transition viable, alors que les énergies renouvelables sont très coûteuses ? L’électricité fournie par le nucléaire est en effet produite à 50 euros par mgw. C’est respectivement 20 et 30 euros de plus pour les énergies éoliennes et solaires. La récente augmentation de capital par l’Etat du capital de EDF – qui construit les centrales – témoigne d’ailleurs de la volonté de François Hollande de soutenir le secteur électronucléaire.
Dangerosité ?
Pourtant, la situation du nucléaire en France est inquiétante. Des anomalies ont ainsi été détectées dans le réacteur de Flamanville (Manche), que des contrôles internes préalables n’avaient su révéler. Pierre-Franck Chevet, le président de l’Autorité de sureté nucléaire a récemment déclaré qu’un « un accident majeur, comme ceux de Tchernobyl ou de Fukushima, ne peut être exclu ».
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Mais au-delà de ce type de scénario, les écologistes reprochent à certaines centrales vieillissantes, comme celle de Fessenheim, de contaminer la nappe phréatique. Peu justifiable pour un pays qui se veut leader en matière de préservation de l’environnement. C’est bien la France en effet qui chapeautait l’organisation de la COP21 en décembre dernier.
Pourtant, François Hollande semble réticent à engager une franche réduction du nucléaire. Au risque de rompre un peu avec certains écologistes, déjà échaudés par d’autres dossiers sensibles – Notre-dame-des-Landes en tête.
Sarkozy a quant à lui déclaré vouloir abroger l’objectif de réduction du nucléaire. Le sujet n’a pas fini de diviser, en attendant le développement d’énergies renouvelables efficientes, et surtout rentables.