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José Mujica, le VRAI président normal

Comme François Hollande, le président de l’Uruguay cultive son image et son quotidien d’homme « normal ». Portrait d’un chef d’Etat qui joint les gestes à la parole.

 

 La « normalité » comparée

La « normalité » en politique n’est-elle qu’une stratégie de communication ? On l’a longtemps soupçonné, tant la confrontation entre Nicolas Sarkozy et François Hollande s’apparentait plus à une guerre communicationnelle qu’à une réelle opposition d’idées. Lorsque l’ancien secrétaire du PS est parvenu à la tête de l’Etat, il fallait s’attendre à ce que les ténors de l’UMP soient à l’affût de la moindre petite erreur.
Justement, au lendemain de son élection, les hommes forts du grand parti d’opposition criaient au scandale. Le nouveau président de la République avait voyagé à bord d’un jet privé luxueux, le Falcon B 900.

Guillaume Pelletier, secrétaire national de l’UMP, sent la faille et s’y engouffre. Pour le Huffigton Post, il s’indigne : «Il ne voulait plus de politique spectacle? Il emmène les caméras en banlieue imitant si mal  Nicolas Sarkozy. Il ne voyagerait plus en avion pour économiser? Il a adopté le fameux « Air Sarko one » après l’avoir tant critiqué ». Les UMPistes tirent à boulets rouge sur la gauche caviar, comme ils l’avaient fait lorsque Dominique Strauss-Kahn avait osé s’afficher au volant d’une Porsche.

Mais, bien loin des petites gueguerres futiles, il existe un homme pour qui la « normalité » n’est pas qu’une vulgaire diatribe. Cet homme, c’est José Mujica.

Il refuse 90% de son salaire présidentiel

En 2009, José Mujica devient le deuxième président de gauche de l’Histoire de l’Uruguay. Il a su dompté le petit voisin du Brésil, traditionnellement de droite. Mais pour le Courrier International, ce vieux guérillero rescapé des cachots de la dictature a une vraie particularité : il semble totalement insensible aux sirènes du pouvoir.

« Pepe » Mujica vit dans une ferme aux environs de Montevideo, avec une seule chambre et une toiture en tôle rouillée. Sur le site internet de la présidence uruguayenne, son statut professionnel est celui d’exploitant agricole. Il a fait le choix – si rare – de reverser 90% de son indemnité présidentiel – soit 10 200 Euros – à l’Etat.

 Normal, mais pas mou

Flamby, flan à lunettes, fraises flagada… Lorsqu’il s’agit de donner un surnom à François Hollande, les politiques, de droite comme de gauche, s’en donnent à cœur joie. Si bien qu’on en est arrivé à confondre la mollesse et la « normalité ». Les uruguayens, à coup sûr, ne font pas l’amalgame. Car depuis son arrivée au pouvoir, José n’a pas peur de lancer des pavés dans la marre. Dans un pays où la lutte contre la drogue est une question prioritaire, le vrai président « normal » milite pour la légalisation du cannabis. Mieux, le gouvernement « vient de proposer un projet de loi qui doit non seulement en légaliser la vente, mais surtout permettre aux particuliers de cultiver pour leur usage personnel jusqu’à six plants de « marijuana » (source El Pais). Mieux encore, c’est l’Etat lui même qui, si le projet est adopté, sera chargé de VENDRE le cannabis. C’est lui, et lui seul, qui sera chargé d’octroyer des autorisations spéciales à des particuliers ou associations de cultivateurs pour leur permettre de produire et de vendre la drogue douce. La proposition de loi, dont Mujica en est l’initiateur, est présentée comme une politique centrée sur « la réduction des risques et des dangers ».

Définitivement, José Mujica n’a pas froid aux yeux. Cette homme défend de grandes idées, pour un tout petit pays.

 

 Tristan Molineri

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