A l’occasion de la diffusion de la saison 3 de Blacklist sur TF1, retour sur la carrière de James Spader qui a fait bien d’autres choses avant d’interpréter Raymond Reddington.
Si c’est en 1989 que James Spader a explosé à la face du monde avec sa performance dans le premier film de Steven Soderbergh, Sexe, mensonges et vidéo pour lequel il reçut le Prix d’interprétation masculine et qui fut sacré Palme d’or au Festival de Cannes cette année là, le comédien n’en était pas à son premier rôle. En effet, dès 1978 il avait débuté par quelques petits boulots jusqu’à son premier job significatif dans Rose bonbon de Howard Deutch. Produit et écrit par John Hughes le futur pape du teen movie, Rose bonbon n’est pourtant pas le tremplin espéré par le comédien mais une pierre de plus à un édifice qu’il est en train de construire patiemment et qu’il va consolider avec Neige sur Beverly Hills et surtout avec Wall Street d’Oliver Stone (qu’il retrouve pour Né un 4 juillet en 1989 mais pour lequel il ne sera pas crédité). C’est donc avec Soderbergh et avec le personnage trouble et fascinant de Graham Dalton que James Spader prend son envol dans le métier. Bad Influence, Bob Roberts ou Wolf ne sont pourtant pas des films qui éclipsent la performance de Spader dans le Soderbergh. C’est en 1994 avec le rôle de Daniel Jackson dans Stargate La porte des étoiles de Roland Emmerich puis en 1996 avec celui de James Ballard dans Crash de David Cronenberg que le comédien réitère des performances marquantes et qu’il devient une véritable tête d’affiche. Pourtant les années suivantes si il tourne avec quelques pointures (Sydney Lumet, Peter Yates, Walter Hill… ) c’est dans des œuvres mineures et l’acteur, victime de choix hasardeux, n’a pas la carrière que ses aptitudes laissaient augurer.
C’est avec la télévision que James Spader va trouver l’espace pour laisser parler toute l’étendue de son talent. Si ce n’est pas un média pour lequel il a une inclinaison naturelle (il ne fera en tout et pour tout que 3 apparitions dans The Family Tree, Frasier et Seinfeld jusqu’en 2003), il intègre cette année là la distribution de la saison 8 de la série The Practice dans le rôle d’Alan Shore. Il y remplace la star de la série Dylan McDermott avec un personnage savoureux. Alan est un avocat dépourvu d’intégrité et qui tente aussi souvent que possible de trouver une solution à l’amiable, mais lorsque poussé dans ses retranchements, il se rend au tribunal il s’y montre brillant. En affrontant Denny Crane lors d’un procès, ce dernier le repère d’ailleurs et l’engage dans son équipe. Car la saison 8 de The Practice sera la dernière, le temps pour James Spader de rafler un Emmy Award pour sa performance. Mais David E. Kelley, le créateur de la série décide qu’il a encore des choses à dire et que le personnage d’Alan Shore n’a pas encore donné sa pleine mesure. Il se lance donc dans la création d’un spin-off à The Practice et c’est ainsi qu’Alan Shore poursuit son travail dans Boston Legal (Boston Justice en France). Encore plus excentrique que dans The Practice, Alan Shore forme avec Denny Crane (William Shatner) un binôme irrésistible et déjanté qui va sévir cinq saisons durant, permettant à James Spader de s’illustrer à nouveau, de remporter deux nouveaux Emmy Awards et de laisser libre cours à sa fantaisie. Il prouve également ses capacités à varier les tonalités de son jeu passant de la densité la plus extrême à la liberté la plus débridée et confortant ainsi sa réputation d’acteur talentueux capable d’interprétations au cordeau. En 2008, quand Boston Justice se termine, James Spader est au faîte de sa gloire télévisuelle et pourtant il ne reviendra au petit écran que trois ans plus tard ne tournant entre temps que dans Shorts de Robert Rodriguez. Son retour il l’effectue à la toute fin de la saison 7 de la série The Office qui triomphe sur NBC. Spader intègre le casting pour la saison 8 de la série, qui, bien qu’en fin de parcours, connaîtra encore une neuvième année mais sans l’acteur qui décide de ne pas poursuivre.
La même année il a participé au Lincoln de Steven Spielberg puis en 2013 à The Homesman de Tommy Lee Jones qui sera présenté au Festival de Cannes. Mais en 2013 c’est la nouvelle série dont il est la star qui est un véritable événement. Dans The Blacklist qui débute sur ABC, il campe le rôle de Raymond « Red » Reddington, un personnage incroyable, dans lequel l’acteur démontre un charisme intact et époustouflant. Avec ce rôle de fugitif, l’un des plus recherchés par le FBI qui décide de faire cause commune avec une jeune profileuse, James Spader trouve à nouveau un personnage à sa (dé)mesure et la série est un immense succès international dès sa diffusion, à tel point que la chaine en commande une série dérivée pour 2017. En 2015, en plein succès de The Blacklist, il interprète Ultron dans le giga blockbuster de Joss Whedon, Avengers L’Ere d’Ultron. A 56 ans, James Spader n’a sans doute pas fini de faire parler son talent mais le personnage de Red Reddington nous conforte dans ce que nous savions déjà. Il est bigger than life comme disent les américains.
Crédits: NBC/FOX/ Marvel