Depuis 20 ans, le free-fight ou «MMA» (Mixed Martial Arts) atteint des sommets de popularité outre-Atlantique. En France, la réalité de cette discipline sportive est différente. Les pouvoirs publics et le combat libre ne font pas bon ménage. La liberté d’association, proclamée par la loi de 1901, autorise les pratiquants à s’entraîner. Mais les combats de M.M.A restent interdits sur le territoire national. Pourquoi ce sport vit-il une véritable censure ?
La popularité mondiale dont bénéficient les combats libres est incontestable. La preuve: les fans français se ruent sur la toile à chaque grand combat des différentes stars de l’UFC (Ultime Fighting Champions). Ils ne peuvent que cliquer sur leur souris. Tandis que les fans anglais, brésiliens ou américains s’extasient dans des salles bondées à chaque grand rendez-vous.
La culture du spectacle
Les arts martiaux mixés mêlent spectacle pour les adeptes et respect entre participants. Au Japon ou encore aux États-Unis, il existe une culture du spectacle faisant abstraction de toutes les conséquences. Dans ces pays, on privilégie le plaisir visuel aux risques qui peuvent surgir sur un ring ou dans la fameuse cage octogonale. En France, la violence de certains coups repousse l’attrait du combat-libre.
Pourtant, les combattants sont protégés par des médecins à chaque combat. Le règlement est strict et bien codifié. Le temps limité des rencontres et les différentes pénalités rythment les combattants afin de les cadrer.
En France, le M.M.A se ressent comme un bastion de la violence. Chez nos voisins, le free-fight rime avec spectacle ou « show ». L’État se trouve face à un dilemme. Diffuser ou censurer ? Les diffuseurs hexagonaux privés ou publics sont soumis aux recommandations du CSA. Voilà un sport en vogue se retrouvant orphelin de bienfaiteurs légaux.
La diffusion de l’UFC ou M.M.A dépend des droits et surtout du PPV (Pay Per View). Aux États-Unis ou dans d’autres pays, les nombreux fans payent pour voir leurs sportifs préférés.
Les tonnes de produits dérivés entretiennent le culte du spectacle. Le show s’invite dans chaque domicile via les vidéos sur internet ou les nombreux jeux vidéos. Les autorités françaises sont conscientes de la montée en puissance de la discipline. Mais combien de temps va (encore) durer la non-diffusion du M.M.A ?
La France regorge d’exemples
Aujourd’hui, le M.M.A français compte beaucoup de stars, non plus (uniquement) nationales mais internationales. Ceci est bien le paradoxe de la discipline dans l’hexagone. Cheick Kongo, Cyril Diabaté, têtes d’affiche à l’UFC, ou Jérôme Le Banner au K-1, sont idolâtrés à l’étranger et reconnus en France.
Cheik Kongo est un fervent défenseur du M.M.A français. Les prestations de ce combattant font l’unanimité auprès des jeunes. Le natif de Sevran voudrait que le M.M.A s’épanouisse beaucoup plus en France.
Quant à Cyril Diabaté dit le « snake » est plus incisif. Il a même déclaré récemment dans l’Équipe Magazine : « On n’est pas des animaux« . Le Français a remporté sa 19e victoire en 28 combats le week-end dernier à Montréal (UFC 154). Il reste catégorique sur la légalisation du M.M.A et des dangers: «En MMA, les impacts ne sont jamais systématiques».
Les spécialistes du combat libre peinent à voir une évolution favorable de la législation, en tout cas à court terme. Bertrand Amoussou, président de la Commission Nationale de M.M.A, regrette les prises de positions négatives du gouvernement. De plus, le pionnier du M.M.A français aimerait « un traitement équitable et que les préjugés à l’encontre du MMA prennent fin« .
La seule satisfaction, attendue par les fans, serait de voir les stars du combat libre sur les écrans de télé en toute légalité.
Ahmed MIZI