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Ali Bongo : la réélection qui passe mal

Plus c’est gros, plus ça passe. Dans le cas de la réélection fort contestée d’Ali Bongo, qui date de la semaine dernière, l’adage n’a jamais sonné aussi vrai.

Ali Bongo, fils d’Omar qui fut Président du Gabon durant 42 ans, de 1967 jusqu’à 2009, remporte au début du mois de Septembre, l’élection qui l’oppose à son adversaire Jean Ping, leader de l’opposition. Ping, convaincu que les résultats sont truqués, pousse la Cour Constitutionnelle à recompter les votes. La Court s’en charge, bien qu’un certain nombre de bulletins de vote aient mystérieusement été brûlés après le premier décompte… Une fois les résultats réexaminés, la Cour annule les votes de 21 stations pour cause ‘d’irrégularités’, et offre à Bongo un pourcentage encore plus élevé que lors du premier round : il passe de 49.85% du vote à 50.66%.

Crédit: Le Monde

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Les observateurs de l’Union Européenne présents à Libreville ont exprimé leur réserve sur les résultats officiels de la Cour, soulignant le fait qu’elle n’avait pas été capable d’expliquer ni de rectifier les anomalies observées en premier lieu.

Lire aussi: Jean Ping et Ali Bongo revendiquent la victoire au Gabon

« 2016 ne peut être une répétition de 2009 » a laissé entendre Ping. « Nous devons nous assurer que le choix du peuple du Gabon est respecté. » L’élection de 2009 fut hautement contestée lorsque Bongo se présenta pour la première fois. Des manifestations violentes enflammèrent le pays, tout comme celles qui eurent lieu au début du mois de Septembre. Trois personnes ont été tuées à Libreville suite à l’annonce des résultats et de la contestation que cela a engendré dans les rues de la capitale, et 1000 arrestations arbitraires ont eu lieu. Les manifestations continuèrent durant quelques jours, mais la répression qui suivie dissuada rapidement les protestataires. Ping assène « La famille Bongo répète le même scénario depuis un demi-siècle ! L’opposition gagne les élections mais n’accèdent jamais au pouvoir. Nous avons besoin de l’assistance de la communauté internationale pour protéger la population de ce clan de mercenaires, de cet état hors la loi. »

Crédit: Society Matters

Crédit: Society Matters

Le 27 Septembre, Ali Bongo prête serment lors de sa cérémonie de réinvestiture. Pour ses homologues Africains, seuls le Togolais Faure Gnassingbé Eyadema (lui aussi un héritier), le Malien Ibrahim Boubacar Keïta, le Nigérien Mahamadou Issoufou et le Sao-Toméen Evaristo Carvalho ont fait le déplacement. Les rues de Libreville sont calmes, muselées par les patrouilles de police déployées en masse. La validation de la Cour Constitutionnelle n’a provoqué ni célébration de joie ni mouvement de colère. Or, si Ali Bongo avait véritablement gagné à plus de 50% des voix, certainement cette tranche de la population irait exprimer son euphorie dans la gaîté et la bonne humeur. Il n’en est rien. Les arrestations arbitraires continuent, dénoncées par l’opposition, qui parait de plus en plus résignée.

Une fois n’est pas coutume en Afrique, le fils d’un ancien Président se charge de continuer le travail du père. Le pouvoir se transmet en famille. Néanmoins, il serait trop facile d’associer cette tendance uniquement à certains pays Africains. De fortes irrégularités ont été détectées dans de nombreux bureaux de votes lors de l’élection de George W. Bush en 2000, et son opposant Al Gore les avait expressément dénoncées lui aussi, dans l’indifférence générale. Ainsi, George succédait à son père des années plus tard. George H. Bush, fut président de 1989 à 1993. Aux Etats-Unis aussi, la présidence, l’élitisme et le partage du pouvoir en famille ne font qu’un. Si Hillary Clinton est élue le 8 novembre, cela confirmera un peu plus cette tendance politique qui n’est certainement pas des plus démocratiques.

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