Comment s’attaquer à l’un des sujets les plus sensibles de ces dernières années dans la sphère cinématographique ? Kathryn Bigelow, une des seules réalisatrices de Hollywood, a relevé le pari. Prendre en mains, en plans, la traque de Oussama Ben Laden. Réduire dix ans de traque en à peine en deux heures et demi de film.
A l’origine le sujet du film était la bataille de Tora Bora, en Afghanistan, en 2001. Une opération militaire opposant les Talibans afghans face à l’Alliance Nord et les forces de l’OTAN peu après les attentats du 11 septembre. C’est le départ de la traque du leader d’Al Qaida. Le moment où Ben Laden a réussi à se réfugier pendant dix ans en Afghanistan. Katrhyn Bigelow commence les auditions pour les rôles, des plans et des repérages sont réalisés, mais le 1er mai 2011, le projet a basculé. Le jour où le responsable désigné des attentats qui ont ravagé les Etats-Unis en septembre 2011 est abattu dans sa maison pakistanaise lors d’une attaque des Navy Seals. Dès lors, le film a changé d’angle. Le rôle axial de la découverte de la planque de Ben Laden et le résumé des dix ans de traque.
Une fiction dans le réel. La mission de Miss Bigelow n’était pas simple. Arriver à embarquer le spectateur dans un récit décrypté, dans la véritable chasse à l’homme que les forces spéciales américaines ont du réaliser pendant ces dix ans. Le travail en amont du journaliste, scénariste, producteur, Mark Boal, a été colossal. « Zero Dark Thirty » a réussi à allier le film d’espionnage, le thriller, le film de guerre, la vengeance et le portait de la femme. Comment peindre le massacre de civils au sein de la plus grande démocratie occidentale, du moins la plus puissante, et en décrire le châtiment qui en a suivi ? La passion, comme on l’avait vu dans « Démineurs » (2009) ou plus tôt dans « K19 : le piège des profondeurs » (2002), Kathryn Bigelow s’est presque imprégné du style documentaire sur grand écran, avec le talent qu’on lui connait, elle la combattante de Hollywood.
L’actrice américaine, Jessica Chastain, tête d’affiche du film.
Un titre, « Zero – Dark – Thirty« , une histoire. « Zero – Thirty » pour le rappel « 0h30« , l’heure présumée à laquelle les commandos américains sont arrivés à Abbottabad le 1er mai 2011. Et « Dark« , l’écho à la terrible décennie qu’a connu les Etats-Unis. 8 prix, 16 nominations. La réputation et la reconnaissance n’est quasiment plus à faire tant l’unanimité est quasi-parfaite. Nommé à cinq reprises aux prochains Oscars (dont le meilleur film, la meilleure actrice pour Jessica Chastain, ou encore le meilleur scénario original), et l’actrice principale Jessica Chastain, dans le rôle central de Maya (une jeune agents de la CIA) sacrée au dernier Golden Gobles dans la catégorie « meilleure actrice dans un drame ». Au sommet du box office outre-atlantique, « Zero Dark Thirty » a connu quelques remarques notamment sur le caractère glorifiant de l’omniscience de la puissance américaine.