Politique fiscale désavouée, thèmes de campagne mis au placard… Aujourd’hui, le président de la République et son gouvernement ne peuvent plus dissimuler les balbutiements de leur politique.
Si je vous dis, qu’aujourd’hui, la politique se réduit à des planifications de stratégies de communication, je ne vais rien vous apprendre. Si je vous dis que les hommes politiques qui respectent leurs promesses de campagne se comptent sur les doigts d’un moignon, je ne vais rien vous apprendre non plus. Alors oui, la communication a toujours fait partie intégrante du métier de politicien. Qu’il soit en campagne ou pas, il entretient un dialogue constant – du moins dans les démocraties occidentales – avec le peuple qu’il gouverne, ou qu’il entreprend de gouverner. Mais depuis l’avènement de la télévision – et a fortiori des nouveaux médias – l’homme politique est passé du statut de tribun à celui de communicant. La communication devient bien plus qu’une simple composante de la profession d’homme politique : ELLE EST la profession.
En rien, François Hollande ne déroge à cette règle. La rhétorique dicte sa loi, tandis que l’action politique ne fait plus vraiment foi. Pourtant, les plus fous d’entre nous y aurons cru. Le candidat socialiste disait vouloir créer la rupture avec la politique de Nicolas Sarkozy, et la différence sur le plan communicationnel était telle, que les indécis ont fini par se dire « et pourquoi pas ? ». Pourquoi ne pas laisser sa chance à un homme plus « normal », un homme qui privilégierait, conformément à l’idéal socialiste, l’intérêt collectif aux intérêts personnels, un homme de gauche, en somme ? Que les masques tombent.
François Hollande est-il de gauche ?
La question a de quoi intriguer. Mais soyons clairs : en aucun cas il ne s’agit de juger l’orientation ou l’essence « gauchiste » de l’idéologie politique de l’actuel président de la République. Intéressons nous plutôt à la définition traditionnelle de la gauche. Les politologues considèrent que l’année 1905 constitue le vrai tournant de l’histoire politique française. Pourquoi ? Tout simplement parce-que c’est à cette date qu’est véritablement née la politique moderne. En 1905, la SFIO (Section française et internationale ouvrière) voit le jour. L’organisation socialiste devient le premier parti politique français. En 1920, le parti communiste lui emboîte le pas. Il faudra attendre l’année 1945 pour que l’ensemble de la scène politique française soit organisée en partis. Dès lors, on définie les organisations de gauche comme étant favorables à une politique de l’action, tandis que les partis de droite s’inscrivent plus dans une politique de réaction.
Vous comprenez où je veux en venir. François Hollande s’inscrit-il dans une politique de l’action ? Si on reste en surface, oui. Faire du mariage gay et du vote des étrangers des mesures phares de son programme dans un pays qui n’a connu que la droite depuis près de vingt ans, il fallait l’oser. Proposer de taxer à 75% les revenus supérieurs au million d’euros, il fallait l’oser aussi. Avec de telles ambitions, le candidat socialiste ne pouvait pas laisser indifférent. Dans un sens, ou dans l’autre. Et surtout, il faisait le choix de s’inscrire en politicien de l’action.
L’acte et la parole
Je n’ai jamais accordé ne serait-ce qu’une once d’intérêt à l’argument de la prétendue mollesse de François Hollande. J’ai toujours pensé qu’il fallait laisser ça aux analystes de bistrot. Force est de constater que le président de la République n’assume pas sa politique, et ne s’assume pas lui même. Ses balbutiements sur le mariage gay illustrent à la perfection les errements de l’ancien secrétaire général du PS. « La liberté de conscience ». Mais quelle foutaise. Il disait vouloir légaliser le mariage entre les personnes du même sexe, mais il décide finalement de laisser aux élus municipaux le droit de juger de la pertinence d’une union civile. Avant, une nouvelle fois, de revenir sur cette mesure « abracadabrantesque ». Si un maire refuse d’unir deux homosexuels, l’un de ses adjoints sera forcé de le faire. Si ça, ce n’est pas de la politique petit bras.
Concernant la – si controversée – taxe à 75%, c’est une autre histoire. François Hollande y paraît réellement attaché. Mais le résultat n’en est pas forcément plus probant. Censurée par les « sages » du Conseil Constitutionnel, la mesure phare de François Hollande a été jugée contraire à la constitution. Le président de la République se heurte t-il à son incompétence juridique ? Pour les parlementaires UMP, évidemment. Pour d’autres, il n’est tout simplement pas chanceux. Si l’hypothèse d’un abandon de la réforme fiscale a été évoquée dans les médias, il paraîtrait que le gouvernement soit en train d’élaborer un nouveau dispositif, normalement présenté d’ici un mois. Peut-être pour être de nouveau désavoué ?
Quant aux départs de Bernard Arnault et de Gérard Depardieu, ils sont des arbres qui cachent la forêt : on assiste, conformément aux prédictions de nombreux observateurs, à « une révolte des riches ». Mais pour le moment, a-t-elle lieu d’être ? Le gouvernement a-t-il fait quoique ce soit pour les contrarier ? A l’inverse, ne sont-ce pas les classes moyennes qui pâtissent de la suppression des heures supplémentaires défiscalisées ? C’est ça, la gauche ? Non, ça, c’est l’art du contre-pied.
Monsieur François Hollande, la crise à l’UMP a durant plusieurs semaines, dissimulé vos errements. Les français vous ont élu pour le changement que vous incarniez, or, les réformes dîtes de « rupture » que vous proposiez ont été balayées par d’autres autorités politiques ou simplement mises aux placards. En somme, vous n’êtes pas plus Mitterrandiste que Nicolas Sarkozy était gaulliste. Le problème n’est pas que vous soyez de gauche. En fait, il ne l’a jamais été. Il semblerait simplement que le costume présidentiel soit trop grand pour vous.
Tristan Molineri