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Sugar Man: l’histoire époustouflante de Rodriguez, rock star inconnue

Une histoire à couper le souffle, un conte pour adulte, une folle épopée… Les qualificatifs dithyrambiques ne manquent pas pour rendre compte du sentiment  devant l’écran. Et pourtant. Sugar Man est un documentaire réalisé par un suédois (Malik Bendjelloul) , sur un rocker américain d’origine mexicaine, le tout ancré dans un contexte sud-africain. C’en était peut-être trop pour la France où très peu de salles de cinémas ont choisi de le diffuser. Qu’importe. Le film réalise aujourd’hui le plus fort ratio nombre d’entrées/nombre de copies du moment.

Ce discretsixto-rodriguez-600x400 succès est à l’image du personnage dépeint. Sixto Rodriguez est né en 1942 à Détroit dans une famille d’ouvriers mexicains. Très vite, il s’intéresse à la musique. En 1969, il sort son premier album sur le label Sussex, puis un second en 1972. Ces deux disques sont des échecs commerciaux cuisants et Sussex le congédie. Sans grands regrets, le musicien reprend sa carrière d’ouvrier, enchaînant les chantiers (toujours en costard). L’histoire aurait pu en rester là. Mais la musique et les textes de Rodriguez ne pouvaient demeurer dans l’oubli. En Afrique du Sud, les paroles engagées et censurées par le régime afrikaaner contribuent à faire souffler le vent de la révolte. Face au racisme de l’apartheid, le message libertaire de l’américain a un écho époustouflant. Ce dernier devient une icône parfaitement mystérieuse : personne ne sait qui est ce Rodriguez. De nombreuses rumeurs sur sa mort circulent (suicide en public) alors qu’un demi million de ses albums se vendent. Mais Sixto ne le sait pas. Floué par sa maison de disque, il ne reçoit pas un seul centime et poursuit sa modeste existence. Le documentaire retrace le travail acharné de deux passionnés sud-africains pour retrouver la trace de leur idole.

    Ce documentaire marque d’abord par son rythme soutenu. Maniant avec brio l’art du suspense et du retournement de situation, Malik Bendjelloul parvient à tenir le spectateur en haleine d’un bout à l’autre du film. Le réalisateur transcende le genre documentaire grâce à un scénario bien ficelé et à une esthétique travaillée. Les dessins animés mariés aux jeux de couleurs et au grain de l’image produisent un résultat bluffant. Le génie du suédois réside aussi dans la présentation du personnage principal. Si l’accent est forcément mis sur le mystère qui règne autour du musicien, ce dernier apparaît comme un véritable prophète à la sagesse éblouissante. Enfin, ‘last but not least’, Sugar Man  permet de découvrir un artiste formidable à la prose émouvante. A travers une folk « dylanesque », Sixto Rodidriguez dépeint une Amérique urbaine et prolétaire sur fond de délire psychédélique. Sa voix envoûtante captive, ses mots enchantent.

 Le chanteur sera prochainement en concert au Zénith de Paris. Enfin la gloire pour l’artiste maudit ? Après sa tournée sud-africaine au début des années 2000, Rodriguez avait fait don de la quasi totalité de ses cachets. Pas sur donc qu’il soit prêt à abandonner son actuel train de vie. Sugar Man sera toujours à l’ombre.

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