Le procès des auteurs présumés du viol de l’indienne de 23 ans dans un bus de New Dehli a repris aujourd’hui, son petit ami devrait être le premier témoin de l’accusation.
Décembre dernier, dans les rues de New Dehli, six hommes agressent la jeune femme et son compagnon de 28 ans dans le bus. Après avoir frappé et jeté le conjoint hors du bus, les six agresseurs ont également battu la jeune femme avant de la violer tour à tour, puis avec une barre de fer. Jetée à moitié nue hors du bus à son tour, son petit ami appelle la police qui selon lui est arrivée au bout d’une heure. Une attente de soin interminable qui reflèterai la négligence des agents de police pour ce genre de crimes. Transférée à l’hôpital, la jeune indienne se bat contre la mort durant treize jours avant d’y succomber, suite à ses blessures.
Les retentissements de ces faits abjectes et de l’indignation de la régularité des crimes et délits contre les femmes en Inde, provoquent un mouvement de manifestations dans les rues de New Dehli. De violentes protestations se sont mises en place pour honorer la mort de l’étudiante ainsi que pour demander le droit que la justice soit plus rapide et efficace contre ces insanités.
Le concept de la condition féminine en Inde est scindé en deux perceptions opposées. A la fois traitées comme des êtres subordonnées et esclaves, elles ont paradoxalement accès à de très bons postes comme celles de Présidente, de Première ministre, de Présidente du Parlement et de Chef de l’opposition.
Ce sont les femmes qui sont les plus remarquées dans les décors indiens, de part les costumes de tissus brodés qu’elles portent, les bijoux et autres coutumes culturelles qui mettent en valeur leur beauté orientale.
Malgré un rôle très respecté sur le point familial, concernant l’éducation des enfants et la bonne tenue du foyer, ainsi que sur le point hiérarchique en ce qui concerne les postes et les salaires (qui sont toujours égaux à celui des hommes), les femmes en Inde restent néanmoins des victimes quotidiennes de violence et de soumission. Harcèlements sexuels, viols collectifs ou individuel, vitriolages et violences physiques rythment leur quotidien. Ne concernant pas seulement les adultes, les jeunes filles aussi sont victimes de ces agressions permanentes. Que ce soient par des mariages forcés, qui incluent des relations sexuelles avec des hommes plus âgés, des sévices physiques ou viols, la maltraitance de ces femmes débute dès leur plus jeune âge.
Malgré l’interdiction du mariage des mineures depuis 1860, cette pratique reste vivace. En 2009, 47 % des jeunes indiennes âgées entre 20 et 24 ans étaient déjà mariées à 18 ans.
L’histoire de la culture indienne amorce ces actes répressibles ; les avortements sélectifs étaient organisés pour mettre au monde le moins de fille possible (les génocides de ce genre restent aujourd’hui très courants dans les milieux ruraux), les « dowry deaths » engendraient le meurtre des femmes qui ne pouvaient pas se permettre d’offrir une dot assez importante pour pouvoir être mariées. Des coutumes anciennes telle que le sati forçait les veuves à s’immoler en se jetant sur le bûcher funéraire de leur mari. Le jauhar consistait à l’immolation volontaire des femmes et filles du guerrier vaincu pour échapper à l’esclavage ou au déshonneur. La purdah imposait aux femmes de couvrir leur peau de tissus pour ne pas laisser apparaître leurs formes. Elles étaient soumises à des restrictions de mouvement, à l’interdiction d’adresser librement la parole aux hommes.
Toutes ces coutumes manifestaient dès lors la subordination de la femme en Inde. Des conditions invivables, non-sécuritaires et surtout très dangereuses pour la vie de ces femmes indiennes dans leur propre pays relèvent de pratiques moyenâgeuses monstrueuses. Ne concernant pas uniquement ces indiennes, parfois ce sont également des touristes qui subissent ces exactions. Selon une enquête de Thomson Reuters, l’Inde est actuellement le quatrième pays le plus dangereux du monde pour les femmes.
Le procès de la jeune étudiante motive les foules de protestants, qui réclament une justice et une protection mieux organisée pour ces victimes journalières. Le scandale provoqué par ce viol collectif va même amener à modifier la procédure judiciaire : le président de la Cour suprême a ordonné aux juges de mettre en place des tribunaux spéciaux, chargés d’instruire plus rapidement les crimes sexuels. Les indiens se réveilleront-ils davantage pour améliorer les conditions de vies féminines au sein de leur pays ?
Philippine Martinez.