Si on ajoute une jolie princesse, une rebelle renégate, un beau mec maladroit, le Seigneur des Anneaux et Game of Thrones, nous voilà pourvu du joli conte de fée : Les Chroniques de Shannara. Certes mais pas que.
Développée par Alfred Gough et Miles Millar (créateurs de Smallville), la série télévisée américaine Les chroniques de Shannara est tirée du second livre de la trilogie de Terry Brooks, parue en 1977, largement inspirée dudit Seigneur des Anneaux de Tolkien et épinglée avec véhémence pour cela.
Sur un fond négligeable de problématique post-apocalyptique, nous voilà plongé dans un auguste monde magique. Cette magie a un prix, ni blanche ni noire, la série nous introduit à l’ordre des druides et les subtilités propres de ce monde, dit les Quatre Terres. La princesse des elfes, Amberle (Poppy Drayton), est choisie par le vénérable arbre protecteur, l’Ellcrys, pour sauver le monde d’alors de l’invasion démoniaque. Pour ce faire, deux compagnons inattendus, Wil (Austin Butler), un demi-elfe, magicien qui s’ignore et Eretria (Ivana Baquero), une séduisante renégate, la secondent dans sa quête désespérée. Mourant, l’Ellcrys n’est plus en mesure de retenir les démons qu’il emprisonne dans ses feuilles. De grandes péripéties s’annoncent dans ce monde fantastique de druides, nains, trolls…
On peut en effet se demander pourquoi MTV a produit ce show de fiction épique mais la réponse apparaît dans le choix des acteurs tout à fait photogéniques. Le show navigue alors entre ses tendances mièvres de soap adolescent et ses ambitions d’épopée fantastique. Véritable rafraîchissement des habituels vampires, loups garou et autre agencements twilightien, les personnages nous emportent à tout allure dans ce monde onirique. Oui, il se passe vraiment quelques choses dans ces 10 épisodes de 43 minutes, plus riches les uns que les autres en cliffhangers. Constitué exclusivement d’effet spéciaux, le show est convaincant.
Il s’agit surtout un appétissant « girls power » alimenté par un triangle amoureux féministe. Amberle se hisse à la hauteur de ses pairs masculin dans le premier épisode, grâce à son seul courage et sa valeur. Surement coure-t-elle dans les pas de Katniss Everdeen (Hunger Games). Dans la même veine, Eretria, rusée et redoutable, est dotée d’un père de substitution violent et abusif, la maintenant captive. Il désire la marier de force afin d’en tirer un bon prix.
Le scénario des Chroniques de Shannara est bien fourni : il y en a pour tous les goûts. Tissé d’intrigues, de sous-intrigues, on passe de la romance ardemment désirée à une oscillation entre courage/ couardise, draguant le couple captivité-liberté, nous retombons enfin dans l’héroïsme pur et l’abnégation de soi-même. Les personnages évoluent vite vers leurs opposés logiques auxquels on pourrait s’attendre.
Les jeunes personnages de la teen-série véhiculent une mielleuse fragrance d’émancipation. En effet, fît des parents, des conventions et autres traditions. Le sort du monde repose sur leurs épaules et cela fait grandir. Ces héros sont bien jeunes face à l’ampleur de la soi-disant quête et le ton de ce monde fantastiquement hostile. L’écart d’âge entre les « adultes » et ces fameux adultescents détonne quelque peu.
Ce n’est certes pas la thématique de l’après-monde qui crève l’écran. On ne va pas pousser à une critique farouche de l’espèce humaine et de son hubris. Le show est beau… un peu trop beau probablement pour amorcer le traditionnel conflit entre les forces du bien et du mal. Peut-être avancerons nous « kitsch ». Mais malgré ces quelques critiques, Les chroniques de Shannara nous invitent avant tout à rêver le long du doux chemin de l’appropriation, non seulement des lieux mais aussi des enjeux de la quête, dont l’utilité est peut-être parfois discutable. L’agencement de l’attendu avec la fable, donne au spectateur exactement ce à quoi il peut s’attendre. Et c’est très bien.