C’est Monica Bellucci qui assurera le rôle de maîtresse de Cérémonie lors de l’ouverture et de la clôture du 70ème Festival de Cannes. L’occasion de revenir sur trois de ses films emblématiques.
Monica Bellucci, au-delà d’être une icône sur papier glacé où son couple avec Vincent Cassel a souvent fait la une, est une comédienne dont la carrière reflète à la fois l’audace et la diversité dans le choix de ses personnages. Alors que lui incombera la délicate tâche d’être la maîtresse des cérémonies d’ouverture et de clôture du Festival de Cannes, nous revenons sur trois de ses films qui ont construits sa légende.
Irréversible (2002)
Réalisé par Gaspar Noé
Avec Vincent Cassel, Monica Bellucci, Albert Dupontel…
Mais c’est quoi déjà Irréversible ? Une jeune femme, Alex, se fait violer par un inconnu dans un tunnel. Son compagnon Marcus et son ex-petit ami Pierre décident de faire justice eux-mêmes.
Si Monica Bellucci s’est vraiment révélée au monde du cinéma en 1992 en apparaissant dans le Dracula de Coppola, sa côte de glamour n’a cessé de grimper crescendo. En 1996 elle partage l’affiche de L’Appartement avec Vincent Cassel qu’elle retrouve dans Dobermann en 1997 puis dans Le plaisir (et ses petits tracas) en 1998 ou encore Le Pacte des Loups en 2001. En 2002, juste après le triomphe de Astérix et Obélix : Mission Cléopatre où elle interprète une Cléopatre sublime et où elle est formidable, jouant du second degré en experte, elle retrouve Vincent Cassel dans Irréversible de Gaspar Noé. Si leur couple fait toujours couler beaucoup d’encre là c’est le cinéma qui prend le pas sur le people et le film est un véritable choc dont le parfum sulfureux va embraser le Festival de Cannes. Au-delà de cette projection, Irréversible est une œuvre forte qui séduit les uns et repousse les autres, une véritable expérience sensorielle qui laisse une empreinte vivace après son visionnage. Proposition formelle et narrative radicale et renversante, ce n’est pas tant que Monica Bellucci y est formidable tant le film en lui-même est une expérience viscérale, mais son personnage en est le catalyseur. Un rôle marquant.
Combien tu m’aimes (2005)
Réalisé par Bertrand Blier
Avec Bernard Campan, Gérard Depardieu, Monica Bellucci…
Mais c’est quoi déjà… Combien tu m’aimes ? Dans le Pigalle des boîtes de nuit, la Beauté professionnelle, c’est Daniela. Quand le client la voit, il a le souffle coupé.
Le client vient de gagner gros au loto. C’est François. Il demande à Daniela « Combien tu prends ? » et lui propose immédiatement de devenir sa femme. Elle accepte…
Mais on ne quitte pas comme ça Charly et le monde de la nuit…
Lorsqu’elle arrive dans l’univers de Bertrand Blier, Monica Bellucci ne trouve pas le réalisateur au mieux de sa forme. Il sort de quatre grosses désillusions publiques (Un, deux, trois soleil, Mon homme, Les acteurs, Les Côtelettes), mais avec Combien tu m’aimes ? il revient avec une histoire dont il a le secret, fort de dialogues à la poésie inégalée et avec une distribution formidable. Autour de la superbe Monica, Bernard Campan, Jean-Pierre Darroussin, Edouard Baer et les retrouvailles avec un grand Gérard Depardieu en mac impitoyable. Icône pulpeuse, d’une sensualité sans commune mesure, la comédienne a droit ici à une véritable ode à son corps, orchestrée dans l’univers onirique et en dehors des conventions dont Blier s’est fait une spécialité. Étrange film, beau, drôle et désespéré, pas le plus réussi de son auteur mais zébré de séquences magistrales et transpirant d’amour jusqu’à ce que Bellucci devienne rien moins que la madone, parvenant magistralement à faire passer la délicate sensation du désir et du plaisir retrouvés.
Réalisé par Marina de Van
Avec Sophie Marceau, Monica Bellucci, …
Mais c’est quoi déjà… Ne te retourne pas ? Jeanne, plongée dans l’écriture d’un premier roman, constate des changements mystérieux autour d’elle et voit son corps se transformer… Son entourage ne semble pas s’en apercevoir. Troublée, elle découvre chez sa mère une photographie qui la met sur la trace d’une femme, en Italie. Jeanne, désormais transformée, y trouvera la clef d’un étrange passé…
Forte de sa curiosité et de son éclectisme, Monica Bellucci n’hésite pas entre quelques grosses productions à s’investir dans des projets singuliers et intrigants. Avec Ne te Retourne pas de Marina de Van, présenté en sélection officielle au Festival de Cannes, on entre clairement dans cette catégorie. A ses côtés, Sophie Marceau complète une tête d’affiche glamour en diable mais dont l’accueil en sélection où il est sifflé et et conspué est catastrophique. Pourtant, ne se reposant pas seulement sur la force de son casting de stars, la réalisatrice n’hésite pas à aborder des thématiques audacieuses en se frottant au cinéma de genre. Si le rendu final donne un film bancal où tout est expliqué et surligné sans laisser la place à l’imaginaire et qu’il est parfois à la lisière de sombrer, force est de reconnaitre que Ne te Retourne Pas ose aborder des territoires difficiles que le cinéma français n’embrasse que rarement. Et son duo de stars rappelle qu’il n’est pas seulement voué à remplir les colonnes des magazines people et qu’elles sont de véritables comédiennes talentueuses et aventurières dont la présence donne au film de la densité et de la puissance malgré ses imperfections.
A lire aux Éditions de l’Archipel Monica Bellucci, Rencontres Clandestines avec l’écrivain Guillaume Sbalchiero