L’été est l’occasion de rattraper des séries comme par exemple Gotham. Avant le retour de la série en septembre pour une saison 4, nous avons rencontré 3 des personnages emblématiques de la série lors du Festival de télévision de Monte-Carlo.
C’est quoi Gotham ? Le destin de Gotham alors que Bruce Wayne est encore enfant, que les méchants emblématiques prennent vie et que Gordon tente de faire régner l’ordre.
Les deux premières saisons de Gotham sont disponibles en DVD chez Warner et pour mieux percer les secrets de la série, nous avons rencontré 3 des acteurs de la série : Robin Taylor (Pingouin), Sean Pertwee (Alfred) et Cory Michael Smith (Edward Nygma).
On dit souvent que pour avoir un bon héros dans une série télé, on a besoin d’un bon méchant. Etes-vous d’accord ?
Robin Taylor : Absolument. Vous savez, je pense que les méchants définissent qui le héros va devenir, et vice-versa. Une des choses géniales dans notre série, c’est cette interaction entre ceux qui sont bons et ceux qui sont mauvais, surtout dans l’univers de Batman. C’est dans leur sang, Batman lui-même est un héros mais il ne fait pas toujours ce qui est juste, il n’est pas entièrement vertueux. Pour nous, se retrouver dans ce monde avec les personnages que nous jouons, c’est extrêmement enrichissant parce que ça reflète ce qui se passe dans la vraie vie. Ça introduit les éléments fantastiques des comics dans la vie réelle et ça les rend pertinents.
Sean Pertwee : C’est ça le truc, dans notre série : tout le monde a cette propension à être bon et mauvais. C’est une course de fond. Le Pingouin et l’Homme-mystère ne se réveillent pas un matin en pensant : « Oh, je vais être très méchant aujourd’hui ! » Pas du tout. Ils y sont poussés. L’histoire s’appelle Gotham, et elle raconte comment cette ville contraint ces gens à devenir ces personnages que nous connaissons et que nous aimons. Mais tout le monde, y compris le jeune Maître Bruce, a l’opportunité de se tourner vers le côté obscur, et nous avons tous un bon côté. Je pense que c’est l’ambition de notre série.
Quel est le secret, pour faire de bons méchants ?
R.T. : Le secret pour faire de bons méchants…
Cory Michael Smith : Je ne sais pas… Ecoutez, faisons la comparaison avec le cake à la banane ! J’ai mangé beaucoup de cakes à la banane dans ma vie, et je vais vous dire : bon nombre d’entre eux étaient délicieux. Il y a différentes recettes : j’en ai mangé sans lait, sans gluten… Ce que j’essaye de dire, c’est…
R.T. : Oui, qu’est-ce que tu essayes de dire ? Que tu aimes le cake à la banane ?!
C.M.S. : Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a pas une voie unique.
Et pour vous ?
R.T. : J’adore le cake à la banane ! Ah, non : le secret pour faire un bon méchant. Je pense que le secret, c’est de trouver qui est le personnage en réalité et de lui donner un relief en 3 dimensions. Je crois que ce qui terrifie le plus les gens, et ce qui me terrifie, c’est de voir un méchant faire des choses horribles, tout en comprenant pourquoi il les fait. Et aussi, refléter cet aspect en nous. Se dire : si ça m’arrivait à moi, qui peut dire que je ne prendrais pas les mêmes décisions, que je ne serais pas aussi impitoyable ? C’est très perturbant et terrifiant, cette plongée dans ce qu’expérimente l’être humain.
Ce qui m’a surpris dans Gotham, c’est qu’Alfred est très différent de Michael Caine dans le film de Christopher Nolan ou de Jeremy Irons. Quel est le travail d’Alfred dans Gotham ?
S.P. : Le job d’Alfred, c’était de travailler pour Thomas Wayne. Il était son majordome, son chauffeur, son confident, mais aussi son garde du corps. C’était l’homme le plus riche au monde, et il avait besoin de quelqu’un pour surveiller ses arrières. C’était le seul en qui Thomas Wayne pouvait avoir confiance, et bien sûr il a hérité de ce rôle d’image paternelle, cette sorte de tutelle sur le jeune Maître Bruce, parce qu’il est la seule personne à qui il puisse se fier. Donc son travail, ce n’est pas d’être un parent, mais d’être là pour le protéger et l’élever. On a tous vu que les qualités parentales d’Alfred laissent à désirer mais dans les faits, il doit trouver un moyen de communiquer avec un gamin abîme. Nous voyons donc Alfred, à ce moment de Gotham, semer les graines de celui qui deviendra plus tard Batman : sa moralité, son intelligence, sa capacité à se battre… Tout. Alfred a un rôle essentiel dans la naissance de Batman.
De quelle manière tentez-vous de vous différencier des autres acteurs qui ont joué votre personnage ? De Jim Carrey dans le rôle de Nygma, Danny De Vito, Michael Caine… Comment trouvez-vous la bonne façon d’interpréter votre personnage ?
C.M.S. : Personnellement, je n’ai pas vu les autres interprétations, donc je ne sais pas si je suis semblable ou différent, mais ce que j’ai fait, c’est que j’ai parcouru les comics, et j’ai trouvé la tendance centrale du personnage. Chaque fois qu’il y a eu un nouvel auteur, il y avait une réinterprétation : le ton évoluait, la noirceur du personnage, la dimension comique et amusante… J’ai créé pour le personnage un ADN que je trouve approprié. A partir de là, tout ce qu’on peut faire, c’est réagir aux évènements de la série. Si on le fait de façon authentique, une version de l’Homme-mystère surgit de ce processus.
R.T. : Il y a des aspects de ces personnages que les gens n’ont jamais vus auparavant, et on a donc beaucoup de liberté. On a presque la sensation qu’on doit re-créer ou même rendre hommage à ce qui a été fait avant. Nous avons l’approbation de Geoff Johns, qui est à la tête de DC Comics et qui supervise tous les personnages. Il a la main sur tous les films, toutes les séries, toutes les incarnations de ces personnages, et il nous a accordé la latitude de les interpréter comme nous le sentions. C’est très libérateur.
S.P. : On nous a donné l’opportunité de leur donner du cœur. Nous ne ré-imaginons pas ces personnages, nous les redéfinissons. Comme l’a dit Robin, on ne les a jamais vus comme ça. On leur donne du cœur, leurs propres caractéristiques et leurs faiblesses. On donne à leur histoire un sous-texte qu’on n’a jamais vu auparavant. En fait, nous influons sur leur futur, que nous connaissons déjà. On les voit à une période inédite.
Dernière question : quand vous repensez à l’époque où vous étiez enfants ou adolescents, quelle était votre série préférée ?
S.P. : Pour moi la première, c’était Batman parce que j’étais avec mon père et je la regardais, en 1967 / 1968, quand mon père était à Broadway, en Amérique.
R.T. : Je regardais aussi la série originale, elle était très spéciale pour moi, mais la série qui m’a vraiment touché profondément, au niveau personnel, qui m’a vraiment ému, c’est Les Craquantes.
C.M.S. : (Il hésite. Quelqu’un demande : Fragglerock ?) Oh mon Dieu, j’adorais Fragglerock ! Sauvés par le Gong, Hey Dude !, Mr Roger’s neighborhood, Clarissa explains it all… Quand j’étais gamin, j’avais l’habitude de prendre une salade l’après-midi en regardant Martin Mystère et de faire une sieste.
Traduction par Fanny Lombard Allegra