Ces lundi et mardi, les deux premiers épisodes du mystère de l’été selon ABC seront enfin dévoilés au public américain… Et qui de mieux pour les présenter que l’héroïne elle-même, l’exquise Paula Patton, rencontrée lors de la dernière édition du Festival de Télévision de Monte-Carlo ?!
Remake de la série coréenne God’s Gift : 14 Days, diffusée entre mars et avril 2014 sur SBS (Seoul Broadcasting System), Somewhere Between s’apprête à jongler à son tour entre thriller, suspense, romance et un zest de fantastique sur la chaîne américaine ABC ; en suivant la tentative désespérée d’une mère prête à tout pour sauver sa fille d’une mort annoncée…
Dans le rôle principal, on retrouve (pour la première à la tête d’une série) l’aussi magnifique que passionnée Paula Patton ; dont la carrière était, pour l’heure, essentiellement consacrée au cinéma.
En dehors de quelques brèves apparitions dans Single Ladies et New York, unité spéciale, on la connait tout spécialement pour avoir incarné la femme de Kiefer Sutherland dans le Mirrors d’Alexandre Aja, la partenaire de Tom Cruise dans Mission Impossible 4 : Protocole fantôme sous la direction de Brad Bird, ou encore la très héroïque mi-orc mi-humaine Garona dans Warcraft pour Duncan Jones. Rencontrée dans le cadre du dernier Festival de Télévision de Monte-Carlo, elle nous donne son premier ressenti sur la série (re)créée par Stephen Tolkin…
Puisqu’à l’heure d’aujourd’hui, aucune image de Somewhere Between n’a encore été dévoilée, comment présenteriez-vous votre personnage ?
J’incarne Laura, qui fait malheureusement l’expérience d’une grande tragédie presque immédiatement après que vous la rencontriez pour la première fois à l’écran. Au point qu’elle tente de se suicider… Mais miraculeusement, ou mystérieusement, elle se voit offrir une nouvelle chance. Celle d’être capable de remonter dans le temps et, ainsi, espérer pouvoir sauver sa fille d’une mort certaine. Au début, on peut la percevoir comme une personne de façade… partagée entre celle qu’elle voudrait être et celle que les gens croient voir en elle. Mais, très vite, on soupçonne qu’il y a bien plus de choses en jeu… au-delà des seules apparences. C’est l’ensemble de ces contrastes qui en font un personnage si intéressant à jouer. Je n’avais eu l’occasion de lire que les deux premiers scripts lorsque nous avons commencé à tourner… et les épisodes suivants m’ont vraiment étonné. Il y a des éléments assez violents… Et je ne suis pas quelqu’un de violent par nature tandis que Laura, elle, n’a peur de rien. Elle développe même un côté quasi animal. Mais, peut-être que si les enjeux devenaient tout à coup si extrêmes dans votre vie, vous réagiriez de même ?… Par ailleurs, elle aime son mari mais peut tout à fait aimer un autre homme également. En fait, elle est aux couleurs du titre de la série, quelque part entre les deux, en nuances de gris. On passe sans cesse du blanc au noir, du bon au mauvais… et ainsi de suite. Somewhere Between traite aussi de la notion de Destin et de comment ce dernier peut basculer du tout au tout en un rien de temps.
Qu’entendez-vous exactement par « côté animal » ?
A partir du moment où vous êtes une mère et que l’on menace la vie de votre enfant, vous êtes prête à tout pour le ou la sauver… Jusqu’à échanger votre propre vie contre la sienne. J’aime beaucoup cette idée que nous avons tous cette force cachée en nous. Que nous pourrions soulever une voiture d’une seule main s’il le fallait (rires)… Je n’avais encore jamais eu l’opportunité d’explorer ce type d’émotions et c’est justement là ce qui me stimule le plus à travers ce métier de comédienne. Les choses prennent progressivement une tournure assez sauvage. Et même si les motivations des personnages sont louables, on peut néanmoins être étonné de voir jusqu’où ils sont prêts à aller.
Connaissiez-vous God’s Gift : 14 Days, la série coréenne dont est inspirée Somewhere Between ?
Non, je ne l’ai pas regardée. Mais à présent que le tournage de la première saison est terminé, j’ai très envie de m’y plonger. Je suis curieuse mais je ne voulais surtout pas risquer de simplement imiter quoi que ce soit. Je voulais pouvoir me façonner ma propre image, ma propre représentation de cette histoire. Je ne me suis donc fiée qu’au talent de notre créateur et scénariste, Stephen Tolkin. En revanche, les créateurs de la série originelles sont venus nous rendre visite pendant le tournage et nous ont, en quelque sorte, accordé leur soutien.
Venant essentiellement du cinéma, faîtes-vous une réelle différence entre les deux médias ?
Souvent, on vous vend une série comme étant un film de dix heures… Et c’est toujours très tentant car nous n’avons pas si souvent que ça l’opportunité de creuser à ce point la profondeur d’un personnage. Mais cela reste très différent du travail sur un long-métrage. A commencer par le fait que je n’avais aucune idée de la fin de l’histoire lorsque j’ai débuté le tournage ! Et le fait est que ça a un côté très excitant de ne pas savoir où on va… Je dirais même que, de bien des façons, c’est un véritable cadeau pour un acteur car, dès lors, vous ne prenez pas nécessairement les mêmes décisions. Selon moi, on ne doit pas vraiment se poser cette question. Soit vous êtes passionnée par ce que vous faites, soit vous ne l’êtes pas. Tout va beaucoup plus vite à la télévision, c’est un fait… Mais j’ai adoré ça. J’avais déjà tourné dans quelques épisodes de séries ici et là mais c’est la première fois que je travaille sur toute une saison. Et j’ai trouvé que c’était une expérience incroyable. Beaucoup de gens venant du cinéma se plaignent des contraintes de la télévision… Pas moi. Je trouve même qu’au cinéma, on prend souvent trop de temps pour faire certaines choses. C’est trop lent. Ce qui n’efface pas le fait que, pour le petit écran, c’est trop rapide (rires) ! J’avais parfois l’impression de courir… de me changer tout en courant… et d’enchaîner directement avec une autre scène. Travailler sur une série relève souvent du marathon… Mais dans le cas présent, je crois que cette énergie, ce côté énergique et en flux tendu m’a aidé à mieux camper Laura et l’urgence de sa situation. C’est sous la pression que les gens se dépassent le plus… Et on se rend compte que ce n’est pas du tout au détriment de la qualité. Bien au contraire. De ce manque de temps nait la créativité et l’expérimentation… On peut se permettre d’innover car nous évoluons dans un cadre moins strict qu’au cinéma.
Quelque part à mi-chemin, la franchise Mission : Impossible a remporté autant de succès sur petit que sur grand écran… Que retenez-vous de votre participation au quatrième opus cinématographique, Protocole fantôme ?
Ce film est arrivé juste après que j’ai eu mon fils… Et lorsque vous venez tout juste de devenir mère, vous ne vous voyez pas nécessairement dans un film d’action (rires) ! Mais j’ai trouvé ça particulièrement excitant. J’ai emmené mon fils avec moi… Nous avons tourné à Prague et à Dubaï… Il était tout petit mais ça a été une période absolument incroyable.
Présenteriez-vous Somewhere Between comme un « thriller à twist » ou comme une authentique série fantastique ?
Humm… Ce n’est pas facile. Je pense que c’est avant tout un thriller, mais avec du drama et du cœur… Selon moi, c’est ce qui qualifie le mieux la série. Bien entendu, notre mission première reste de divertir les téléspectateurs… Après leur journée de travail, ils veulent avant tout pouvoir allumer leur télévision et s’évader un peu de leur quotidien. Mais là où les choses deviennent intéressantes, c’est lorsque le récit bouleverse votre cœur et votre âme. Nous voulons les faire penser à des choses ou des préoccupations vers lesquelles ils ne se seraient pas tournés de prime abord. Voire même, pourquoi pas, bouleverser certaines de leurs convictions… C’est là que le divertissement offre son meilleur et je pense c’est le cas ici. J’entends par là que l’on s’accroche au mystère, que l’on veut savoir et comprendre qui a fait quoi… Mais on peut également tout simplement s’attacher à ces personnages ou à certaines thématiques de société faisant réfléchir à sa propre vie.
Pourriez-vous être tentée par le voyage dans le temps ?
J’aurais trop peur ! Je crois que toutes les choses que vous aimez risqueraient de s’envoler… Cela pourrait vite tourner à la folie. Mieux vaut avancer dans la vie pour se créer le meilleur futur possible. Bien entendu, nous nous sommes tous demandé un jour ce qu’il serait advenu si nous avions tourné à droite plutôt qu’à gauche… On s’est tous dit qu’on aurait souhaité faire certaines choses différemment mais, finalement, c’est dépasser ce genre de considérations qui nous donne de la force au quotidien.