Si certains adorent sortir en boîte le samedi soir et être le centre de l’attention, d’autres préfèrent une soirée tranquille avec deux ou trois amis ou un bouquin. Carl Jung est le premier à avoir exprimé l’idée de deux personnalités opposées : les extravertis et les introvertis. Comment la science explique-t-elle donc ce qui les oppose ?
Les introvertis. Cette catégorie de la population qu’on associe très souvent aux timides et réservés. Pourtant, ce serait les définir bien trop rapidemment et leur différence de caractère s’explique… par la science.
Extravertis plus impulsifs et les introvertis plus réfléchis
Tout d’abord, il a été montré grâce à des scans du cerveau que les introvertis avaient un cortex préfrontal plus épais que les extravertis. Or, cette partie du cerveau est associée aux pensées plus profondes et à la plannification, ce qui suggère que les extravertis seraient plus impulsifs alors que les introvertis préfèrent réfléchir avant d’agir. Mais à cause de leur tendance à ruminer, ils sont aussi plus susceptibles de développer de l’anxiété et d’avoir une tendance à la dépression.
De plus, d’autres études du cerveau ont montré que les extravertis répondent plus aux récompenses. En observant le neurostransmetteur qu’est la dopamine, qui nous pousse à chercher des récompenses extérieures, les scientifiques ont trouvé que la quantité de dopamine secretée est la même pour tous. Cependant, les circuits de récompenses activés par la dopamine ne réagissent pas de la même façon.
Différence dans les circuits de récompenses activés par la dopamine
Ainsi, le circuit de récompense est plus activé quand les extravertis gagnent un jeu et quand ils intéragissent avec d’autres gens. C’est également ce qui a été observé lorsque des photos de personnes leur ont été montrées. Le cerveau des extravertis répondaient plus à celles-ci qu’à des photos neutres de la nature. Chez les introvertis, la réponse de leur cerveau était similaire pour les deux photos.
Cela dit, les introvertis ont aussi de la dopamine qui se libère lorsqu’ils jouent et qu’une récompense est à la clé ou lorsqu’ils parlent avec d’autres personnes. Ils ne sont simplement pas autant stimulés et n’ont pas autant besoin de communiquer et d’interragir avec d’autres gens pour se sentir bien.
Par exemple, à l’idée d’obtenir une promotion au travail ou de demander un numéro de téléphone à quelqu’un qui nous plaît, les extravertis sont beaucoup plus stimulés que les introvertis. Ces derniers se sentent plutôt débordés par leurs émotions, vont suranalyser la situation, ce qui provoque parfois de l’anxiété, alors que les extravertis eux ressentent plutôt une poussée d’émotions positives qui leur fait se sentir bien.
Ces aspects de la personnalité seraient également sûrement liés à la génétique. En effet, une étude avec 130 participants a montré que les personnes plus aventureuses que les autres avaient deux copies d’une allèle particulière.
Les introvertis préfèrent un autre neurotransmetteur : l’acétylcholine
De plus, dans son livre Quiet Kids: Help Your Introverted Child Succeed in an Extroverted World, Christine Fonseca explique que les introvertis préfèrent un autre neurotransmetteur : l’acétylcholine. Celui-ci intervient comme la dopamine sur le plaisir mais procure lui une sensation de bien-être pendant l’intériorisation.
L’acétylcholine décuple notre capacité à réfléchir, à méditer et à se concentrer intensément sur une tâche particulière pendant un temps assez long. Cela permet aussi de comprendre pourquoi les introvertis préfèrent les environnements calmes : il est plus facile pour eux d’intérioriser lorsqu’ils ne subissent aucun stimulus extérieur.
Ils ne favorisent pas le même système nerveux
Une autre explication se trouve dans le système nerveux, d’après le docteur Marti Olsen Laney. L’acétylcholine est liée au système nerveux parasympathique, ou « SNAp ». Lorsqu’on le mobilise, on fait alors des réserves d’énergie, on digère, on se repose et nos muscles se détendent. Les introvertis et extravertis utilisent tous deux ces systèmes à différents moments et sollicitent tout autant les deux types de neurotransmetteurs (l’acétylcholine et la dopamine). Cependant, les extravertis ont plutôt tendance à favoriser l’autre partie de leur cerveau : le système nerveux sympatique ou orthosympathique qui encourage plus à faire des nouvelles découvertes, à rendre actifs, curieux et audacieux. Les extravertis sont heureux d’être stimulés ainsi et de devoir agir rapidemment sans trop réfléchir alors que les introvertis, eux, y trouveront un trop grand stimulus.
Les introvertis sont-ils asociaux ?
Non, malgré les idées reçues, les introvertis ne sont pas asociaux. Ils préfèrent tout simplement les conversations avec deux ou trois personnes plutôt qu’une douzaine. Parler avec beaucoup de monde en même temps et être le centre de l’attention puise en fait peu à peu sur leur énergie et ils doivent donc « recharger » en prenant du temps pour eux pour lire ou voir un film par exemple.
Passer du temps avec des amis n’est cependant pas une corvée pour eux, ils ont juste besoin de l’associer avec un temps de « recharge » et vont privilégier des petits groupes de conversation dans lesquels ils seront plus à l’aise pour s’exprimer.
Carl Jung avait d’ailleurs émis l’idée que les interractions sociales drainent les introvertis de leur énergie, tandis que la solitude et le silence les rechargent. Tandis que les extravertis tirent leur énergie des interractions sociales. C’est ainsi qu’on fait la distinction : avec les activités qui donne ou draine de l’énergie.
Qualité plutôt que quantité
Les introvertis aiment les gens mais favorisent plutôt la qualité des interractions à la quantité : ils préfèrent alors avoir un petit cercle d’amis proches plutôt qu’un vaste réseau de connaissances. Sophia Dembling, auteure de plusieurs livres sur les introvertis, a ainsi expliqué : « On accole de nombreuses étiquettes négatives aux introvertis : anxieux, asociaux, critiques (parce qu’ils observent sans rien dire). Les introvertis préfèrent souvent l’interaction face à face… Ça ne nous empêche pas d’aimer les groupes, mais nous préférons généralement nous tenir en marge et observer. Les extravertis interprètent ce comportement comme celui d’une personne qui n’a pas envie de s’amuser, mais pour nous, l’observation est amusante. »
En outre, les introvertis seraient même considérés comme de meilleurs orateurs en public car ils réfléchissent plus avant de parler comparés aux extravertis qui prennent plus de décisions précipitées.
Il faut savoir qu’on n’est pas forcément introverti ou extraverti, on peut associer les deux ou être ambivert (entre les deux).
Les introvertis sont-ils forcément tous timides ?
Dans une société ou le caractère extraverti est privilégié, il est donc parfois assez compliqué pour les introvertis de s’y faire une place et de s’adapter. Dès l’école primaire, ils doivent s’inclure dans des projets de groupe ou exposés à plusieurs, doivent apprendre à réfléchir en commun alors qu’eux sont plus créatifs seuls.
Mais ils ne sont donc pas forcément tous timides : une personne timide se définit plutôt comme quelqu’un pour qui les interactions sociales provoquent inconfort et anxiété tandis qu’un introverti fait le plein d’énergie dans un moment de solitude mais n’est pas forcément inconfortable ou anxieux dans des situations sociales. Bill Gates par exemple est introverti mais pas timide. Il est réservé mais ne prête pas attention à ce que les gens pensent de lui.
« L’idée reçue numéro un au sujet des introvertis, c’est qu’ils sont timides », rappelle Dembling. « La meilleure distinction que je connaisse à cet égard a été présentée par un neurologue qui étudie la timidité. Il a postulé que la timidité est un comportement; c’est avoir peur des situations sociales, tandis que l’introversion est une motivation. C’est une mesure de votre besoin et de votre désir d’interagir avec les autres. »
La différence entre les extravertis et introvertis s’explique donc par la science et s’identifie par leur source d’énergie : d’où ils la puisent et comment ils la rechargent.