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CINEMA – Only God Forgives, ou l’art du minimalisme

Les retrouvailles du duo bouillant de Drive, Winding Refn/Gosling, étaient attendues par la ciné-mappemonde. Deux ans après, le réalisateur propulse la nouvelle coqueluche du cinéma indépendant dans les bas-fonds de la capitale thaïlandaise, Bangkok. Dans un univers sombre à base de prostituées, coke et règlements de compte, Only God Forgives, en compétition au festival de Cannes, nous emmène au sein d’un conflit familial sur fond de rivalité, et supériorité sentimentale.

Le script est simple, et le qualifier de simpliste ne serait même pas une injure. Julian (Ryan Gosling), et son frère Billy (Tom Burke) tiennent une salle de boxe à Bangkok pour couvrir leur trafic de dope chapeauté par la mère dont l’emprise est à la limite du détestable, mais jouée de main de maitre par Kristin Scott Thomas là où on ne l’attendait plus. Un soir, Billy, l’ainé, assassine une pute et se fait battre à mort par un tandem composé du père de la fille et de la police. La mère arrive tout droit des Etats-Unis pour obliger Julian à venger son frère.

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Complexe oedipien

 Enième variation du complexe d’Oedipe revisité par le magicien danois Winding Refn, Only God Forgives parcourt toutes les données du paradoxe. De la rivalité fraternelle entre le fils préféré et la mère dont l’emprise est totale, l’histoire est portée sur des arrières-plans religieux dans un univers sombre au possible, où la lumière du jour n’apparait en tout et pour tout que deux fois à l’écran. Au milieu de cette course à la vengeance, Julian, figure sur le plan de l’impuissance sexuel et psychologique mais à l’attitude de beau gosse voyou typique de Ryan Gosling, semble porté tel un pantin par l’emprise maternelle.

Bien que le scénario soit simpliste à l’extreme, la mise en scène est bluffante. Bangkok, la nuit, est un théâtre à ciel ouvert dans un rare lugubre et un rythme sanglant, cinégénique au possible. L’ensemble est également porté par une bande sonore qui accentue le style si froid, et particulier dont Winding Refn a le secret depuis quelques années et depuis Drive. L’atmosphère pesante du silence, dont les maigres dialogues minimalistes au maximum ne font qu’accomplir la cause, nous enferme dans une boite durant 1h30 bouleversante, mais tellement séduisante.

@Wild Bunch – Le Pacte

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