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Le FN, instrument au service de la gauche ?

Le 17 juin 2012, Marion-Maréchal Le Pen est élue députée de la troisième circonscription du Vaucluse. A 22 ans, elle devient ainsi la plus jeune parlementaire de l’histoire de la République Française. Seulement, on apprend que le PS aurait pu passer un accord avec le FN, lors des législatives.

Elections législatives de 2012, dans la 3e circonscription du Vaucluse. Les résultats du premier tour sortent : la candidate socialiste, Catherine Arkilovitch accède à la troisième place, talonnant Marion Maréchal-Le Pen. Pour battre l’ennemi public n°1 – l’UMP, le Front National aurait alors demandé à la prétendante socialiste de se maintenir au second tour. Dans quel but ? Confronté à une élection qui se joue à trois têtes, le PS récupérera quelques voix de l’UMP, au profit du Front National. Et le résultat est sans appel ; Marion Maréchal-Le Pen est élue avec 42,09% des suffrages, bien loin du candidat UMP, crédité à 35,8% des voix.

Accablé par les remords, des membres du Parti Socialiste local auraient dévoilé l’affaire au journal l’Express. Patrice Lorello, premier secrétaire du PS dans le Vaucluse, s’estime « écoeuré ».« Ils se permettent des tas des choses contraires totalement aux valeurs du Parti Socialiste », assure-t-il au micro d’Europe 1. De Solferino, Martine Aubry, ex-secrétaire général du PS, avait appelé à voter pour un parti républicain, en cas de confrontation UMP-FN. Cette dernière avait également sollicité Catherine Arkilovitch, à ne pas se maintenir, pour le second tour.

mitterrandLa gauche et le FN, une passion historique

Ce n’est pas la première fois que le Parti Socialiste soutient le FN pour battre son meilleur ennemi, l’UMP, ex-RPR. Jean-Marie Le Pen, martyrisé par les médias, aurait bénéficié de traitements de faveur sous la demande de… François Mitterrand ! Sous la pression présidentielle, les chaînes de radio et de télévision se seraient ouvertes au leader d’extrême-droite, lui permettant d’invectiver contre le RPR.  « L’omerta avait été rompue grâce à Mitterrand », concède le fondateur du Front National, des années après. Dans une interview récente pour Yahoo news, le président d’honneur du Front National déclarait également que Lionel Jospin était le politicien qu’il respectait le plus.

Et l’ex-président de la République ne s’est pas arrêté là pour battre la droite républicaine ; en 1986, il permet à 35 membres du FN d’accéder aux bancs de l’Assemblée, en instaurant un scrutin à la proportionnelle. Le système est simple et profite au FN : les sièges sont attribués proportionnellement aux partis, en fonction de leur résultat aux élections. Actuellement, nous fonctionnons  par scrutin uninominal majoritaire à deux tours – un vote simple sur deux tours. Or le FN réalise traditionnellement un bon score au premier tour, mais s’effondre au deuxième. C’est pourquoi il n’y a actuellement que deux députés titrés FN, à l’Assemblée Nationale.

Tous les mêmes ?

Alors que l’UMP réclame « des explications », le secrétaire général du parti socialiste, Harlem Désir, lance la contre-attaque, affirmant qu’ils « ont fait pareil dans l’Oise pour faire battre Jean-François Mancel […] donc on ne va pas accepter les leçons de morale. »

Avec la campagne présidentielle très à droite menée par Nicolas Sarkozy, beaucoup ont pu faire des rapprochements entre l’UMP et le FN, notamment sur les questions de sécurité et d’immigration. Une proximité qui est d’ailleurs très contestée en interne. «Le FN, c’est l’extrême droite, l’ennemi irréductible des gaullistes, donc de l’UMP. Il faut rétablir le barrage établi par Jacques Chirac, qui a eu pour effet de faire éclater le FN en deux. Il y a aujourd’hui, à la droite de l’UMP, une trop grande porosité avec les positions traditionnelles de l’extrême droite », condamne François Baroin. Ce dernier dénonce « l’illégitimité » de Guillaume Peltier et « l’influence nocive » de Patrick Buisson, tous deux issus de l’extrême droite.

Rongés en interne, les deux partis républicains devront cesser de se livrer cette guerre intime, qui les ronge depuis des décennies. Avec la crise économique, le populisme d’extrême-droite représente une menace certaine pour l’équilibre de l’UMP et du PS. Comme dirait NKM, « l’ennemi vient aussi de l’intérieur », c’est donc à lui qu’il faut s’en prendre ; régler les conflits privés et reconstruire une éthique politique uniforme au sein de leur parti respectif. S’ils n’en sont pas capables, ils devront alors cesser de diaboliser le Front National pour assumer de futures coalitions.

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