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« Bonjour, je suis Jean Lassalle, le député qui marche »

Fatigué de la crise de confiance qui entache le paysage politique français, le député MoDem des Pyrénées-Atlantiques, Jean Lassalle, s’est lancé dans un véritable tour de France à pied, à la rencontre du peuple, « ce grand absent de ces trente dernières années ».

Béret basque vissé sur la tête, sac à dos et manteau en loden sur les épaules, l’ancien berger du Béarn devenu député et soutien fidèle de François Bayrou, chemine sur les routes de France depuis plus de deux mois. Son but, « renouer avec  le peuple […] montrer qu’il est important, parce qu’il a le sentiment d’être le grand absent de ces trente dernières années ». Jean Lassalle cherche à recueillir les doléances de ces nombreux citoyens qui se sentent ignorés en dialoguant avec chacun pour comprendre leur problème, les écouter.

«Je suis parti le 10 avril de l’Assemblée Nationale sans chercher à savoir où j’allais atterrir le soir » confie-t-il au micro de RMC. Le député du MoDem s’est introduit dans la « France profonde », loin des exactions de Paris, où tout le pouvoir y est centralisé. Il ne prévient personne, arrive à l’improviste, et, comme un berger à la recherche de ses brebis perdues, entame le dialogue avec ces exclus de la République, ces anonymes qui ont perdu tout espoir. « L’idée c’est de n’informer personne de façon à ce que ce soit totalement libre et ne pas les mettre dans l’embarras […] Je veux aller voir le maire, je veux aller dans les bistros parler avec les gens ».

ob_e80bcb_bice045caaaiqno-jpg-largeAlors notre élu montagnard traverse « cette France multiple, où le lien s’est brisé à l’intime » pour interpeller et écouter ce peuple-souverain en mal de soi. « Bonjour, je suis Jean Lassalle, le député qui marche » ! s’annonce-t-il à la rencontre de chaque français, d’une démarche si candide mais d’une simplicité extraordinaire qui émeut profondément ses interlocuteurs. A Creil, dans l’Oise, il est reçu triomphalement dans le Plateau, un quartier assez risqué. « La politique n’est certes pas une science exacte, mais nous avons perdu l’essentiel : car la politique c’est d’abord aimer les gens à travers l’écoute et l’émotion. La politique c’est avoir un idéal, puis un ensemble de convictions. » rappelle Jean Lassalle de sa voix rocailleuse, aux parfums du Béarn.

Lassalle au rapport

Avec la multiplication des affaires Tapie, Cahuzac et Guéant, les français sont de plus en plus méfiants et sceptiques vis à vis des hommes politiques. « Le plus dur n’est pas la marche mais les témoignages », avoue Jean Lassalle, « la perte de confiance des citoyens envers les élus se matérialise en une sorte de méfiance collective ». Pour beaucoup de français, les hommes politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche, députés, sénateurs ou ministres ne les « représentent plus ». Si les parlementaires symbolisent  le pouvoir législatif, c’est le peuple qui reste souverain. Mais pour eux, les hommes politiques ne répondent pas du tout aux attentes de leurs électeurs, du haut du Palais Bourbon – cette fameuse tour d’ivoire, ils semblent presque déconnectés de la réalité. On leur promet emploi, croissance et égalité et ils ne reçoivent que chômage, misère et précarité. En soi, les témoignages des français sur le « Cahier des Doléances » de Lassalle sont chargés de messages de colère, mais aussi d’espoir.

Si certains députés lui reproche d’ « abandonner plusieurs semaines sa circonscription », son initiative est largement saluée par la classe politique. « Ce qu’il a fait est franchement remarquable, applaudit le député Philippe Gosselin, sa démarche, loin de chez lui, c’est assez génial et ça force le respect». Par  «ce cri d’honneur », Nicolas Dupont-Aignan salue la lucidité de « son député préféré ». Le député EELV, François-Michel Lambert estime que « l’idée est bonne » mais désapprouve le côté « Don Quichotte » de M. Lassalle, un solitaire atypique.

Le périple de Jean Lassalle

Le périple de Jean Lassalle

Pourquoi la marche ?

Jean Lassalle n’est pas le seul addict de la marche à pied, Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier Ministre, a achevé il y a un mois son pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle, long de . Il justifie cette passion ainsi : « Parce que la marche est le meilleur ennemi de la peur. Peur de la longueur, peur de la profondeur, peur de ne pas être à la hauteur, peur de l’ennui, peur du monde, peur des rencontres, peur de la Rencontre, peur des ruptures… »

Le député du Béarn n’en est pas à son premier acte « com’ ». Avant ses 1300km de marche, Jean Lassalle avait observé en 2006 une grève de la faim de cinq semaines pour sauver une usine de sa circonscription. Ce n’est qu’après avoir perdu 21 kilos et être hospitalisé d’urgence, que le vieux berger obtiendra gain de cause.  En 2003, il entonne l’hymne des Pyrénéens, le Se Canto, sur les bancs de l’Assemblée, pour interpeller le gouvernement. Pour beaucoup, la France gagnerait à avoir des hommes politiques de sa trempe.

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