Si la législation évolue dans le monde, elle ne va pas toujours dans le sens de la dépénalisation
L’Argentine en est une preuve historique.
Jeudi 9 Août, les Sénateurs ont rejeté ce que la Chambre des députés avait pourtant approuvé le 14 juin 2018. Coup dur pour les féministes qui se mobilisaient depuis deux ans en faveur de la loi ouvrant l’accès à l’avortement.
50 000 : c’est le nombre de femmes qui décèdent chaque année dans le monde suite à un #avortement à risque.
Toute femme a le droit de décider de sa sexualité, de sa santé, de sa vie.
Soutien total aux argentines ! #Argentine #AbortoLegalYa #SheDecides #DejaLaDecidir pic.twitter.com/GjaDbA5zDp
— Médecins du Monde (@MdM_France) 8 août 2018
L’Argentine n’est pas la seule exception en marge d’une tendance vers la libéralisation de l’IVG.
Le débat entre les « pro-life » et les « pro-choice » reste ardent. En 2016, l’avortement est accessible à seulement 39, 5 % des femmes dans le monde. Cependant, cette minorité n’est pas à l’abri de retours en arrière et les remises en cause fréquentes montrent que ce n’est pas un acquis définitif.
Aux États-Unis, une loi d’avril 2017 autorise les États à décider de l’arrêt du transfert des fonds publics vers les cliniques pratiquant l’avortement. En Pologne, un projet de loi a été déposé pour rendre l’avortement impossible même en cas de malformation du foetus.
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En France aussi, les anti-IVG étaient nombreux à manifester en janvier 2017 à Paris en réclamant aux candidats à la présidentielle l’interdiction de l’avortement. Les opposants à l’avortement restent nombreux et visibles.
Dans les pays qui ont libéralisé l’avortement, de nombreux obstacles persistent selon les pays: désinformation sur Internet, coût d’accès ou autorisation requise des parents ou du mari …
L’Afrique et l’Amérique du Sud sont deux poches de résistance en matière d’avortement.
Ce sont les deux continents dans lesquels l’IVG est très majoritairement interdit et il n’est pas question de dépénalisations.
En Amérique latine, l’Uruguay (depuis 2012), le Guyana (depuis 2006) et Cuba (depuis 1965) sont les seuls pays de la région à autoriser l’avortement sans restriction. Cela concerne moins de 3% des Latino-Américaines, selon les chiffres du Guttmacher Institute.
En Afrique, seuls trois pays (Malawi, Tunisie, Afrique du Sud) autorisent l’IVG sans restrictions. 98% des avortements effectués sur le continent sont non médicalisés.
Le taux de décès liés à la pratique clandestine de l’avortement est de 47 000 décès par an dans le monde selon les chiffres de l’OMC. Deux tiers de ces décès ont lieu en Afrique.
Des dépénalisations notoires
On pense à l’Irlande, le pays européen dont la législation était l’une des plus sévères. 4000 Irlandaises se rendaient à l’étranger chaque année pour se faire avorter. Elles risquaient quatorze ans de prison pour avortement illégal. Le « oui » au référendum du 25 mai 2018 est donc historique pour cette contrée de forte tradition catholique. Les citoyens irlandais ont voté à 69% pour l’abrogation de l’article constitutionnel interdisant l’avortement.
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En 2016, l’ONU a aussi reconnu l’avortement comme un droit humain.