L’ex-chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a été condamné lundi à sept ans de prison, dans l’affaire du « Rubygate ». Il encourt également une peine d’inéligibilité à vie, pour abus de pouvoir et prostitution de mineure.
Après sept heures de délibération, la présidente du tribunal, Giullia Turi a rendu son jugement ce lundi : Il Cavaliere devra écoper d’une peine de sept ans de prison, assortie d’une interdiction à vie d’exercer un mandat public. La sanction s’est donc sévèrement durcie pour Silvio Berlusconi, le parquet ayant requis une peine de cinq ans pour abus de pouvoir, plus un pour prostitution de mineure.
C’est un nouveau coup de rein pour le président du Milan A.C., pourchassé dans une cavalcade longue de deux ans, durant l’affaire du « Rubygate ». Il était alors poursuivi pour avoir eu des relations sexuelles payantes avec une jeune mineure de 17 ans, Karima el Mahroug, dite « Ruby la voleuse de cœur ». Lors de son mandat de président du Conseil, il a également soudoyé la préfecture de Milan pour libérer la jeune fille, alors incarcérée pour vol. Pas moins d’une trentaine de personnes ont été appelées à la barre pour le procès du « Rubygate ».
L’amour presque pathologique qu’il voue à la gente féminine lui aura valu sa perte. Jugé par une femme et pour une femme, Silvio est en chute libre, il perd le contrôle que le pouvoir et l’argent lui conféraient. Mais Berlusconi a encore une arme dans son pantalon, de quoi freiner sa terrible culbute dans le vide.
Pourquoi il n’enfilera jamais les rayures
Le droit, ce curieux instrument inventé par le faible pour se protéger du fort, pourrait valoir un répit au vieux Berlusconi. A 76 ans, pas sûr qu’il en tienne sept de plus derrière les barreaux. Alors pendant ce temps, Il Cavaliere agite le serpent du droit pour faire retarder les procédures judiciaires. L’ancien président du conseil ne viole pas la loi, il la contourne en passant par la porte de derrière. Silvio compte bien faire ralentir la procédure ; le panel d’échappatoires qu’offre le droit juridique lui permet de rester à l’abri : recours en appel, pourvoi en cassation, demande d’amnistie… il n’aura même pas à vider ses bourses. Toujours acquitté et donc jamais emprisonné, on ne peut dire que le doute l’habite.
Et si le leader du « Peuple de la Liberté » se foule une jambe à force de galipettes judiciaires, il pourra toujours éviter la case « prison » avec la loi qu’il a promulguée il y a sept ans : les personnes de plus de 70 ans ne pourront être écrouées que pour des fautes graves, relatives aux trafics mafieux liées à la drogue ou aux meurtres.
De plus, l’ancien président du Conseil est à la tête de plusieurs chaînes médiatiques influentes qui peuvent inonder l’opinion publique. Ainsi le 12 mai dernier, Canale 5, a dévoilé une enquête blanchissant entièrement Silvio Berlusconi, mouillé dans l’affaire du « Rubygate ».
Le palmarès du Cavaliere est d’ailleurs autant rempli par le nombre de ses conquêtes que par les chefs d’accusation qui lui sont portés. Depuis 1988, il a été poursuivi dans vingt-cinq affaires judiciaires. La semaine dernière encore, Berlusconi avait été condamné à un an de prison pour fraude fiscale dans l’affaire Mediaset, le groupe de communication dont il est le président. Il a également fait l’objet d’une enquête pour corruption sur un sénateur ; il serait question d’acompte en liquide…