Le Prince Charles, éternel héritier du trône britannique, fête ses 70 ans. Alors que la transition avec la Reine Elisabeth II s’annonce décisive, un homme de son temps toujours visionnaire, souvent incompris, se prépare à être Roi. Heureux et apaisé.
« L’heure de la reconnaissance a sonné » selon Isabelle Rivère, journaliste chez Point de Vue, spécialiste des monarchies et auteure de Charles et Camilla, une histoire anglaise (Fayard). La semaine dernière devant un parterre de têtes couronnées, la Reine Elisabeth II a rendu un hommage public à son fils, empreint « d’admiration et d’affection ». Un passage de relais pour la sauvegarde d’une monarchie millénaire, devenue un roc dans la tempête pour les britanniques. Avec ses idées avant-gardistes voire anticonformistes, le Prince de Galles – né en 1948 – s’apprête à faire entrée la Couronne d’Angleterre « dans le XXIème siècle ».
#PrinceCharles70 Charles et Camilla, une histoire anglaise (@EditionsFayard) : un portrait d’aujourd’hui de l’héritier du trône et de son épouse, une enquête de plusieurs mois au cœur d’une monarchie britannique entrée dans une période décisive de son histoire. pic.twitter.com/9Hgh5Jg8PC
— Isabelle Rivère (@IsabelleRivere) November 15, 2018
Charles, un Prince « ultra-sensible » préparé très tôt à régner.
Pour Isabelle Rivère, le couronnement d’Elisabeth II est « un basculement » dans l’enfance de Charles qui va devoir apprendre à régner. Premier héritier à fréquenter « une école », Charles vit une « expérience douloureuse » dans « un pensionnat » où il doit « s’endurcir » et combattre « sa grande sensibilité ». A 20 ans, après une « formation militaire », il devient « Prince de Galles ». C’est 3 ans plus tard, en 1971 qu’il rencontre Camilla pour qui le coup de foudre est immédiat. Cependant, en 1981, Charles épouse Diana Spencer dont la famille a toujours été « proche » de la famille royale. Si Isabelle Rivère réfute « le mariage arrangé », elle explique l’échec de l’union par « le gouffre générationnel » et « la probable impréparation de Diana aux contraintes de la vie au sein de la famille régnante ». Selon elle, c’est aujourd’hui que les britanniques « commencent à apprécier » le Prince Charles à « sa juste valeur » en découvrant son « sens de l’intérêt général » par ses « nombreux engagements » avant-gardistes.
Un homme « de son temps », « porte-parole des sans-voix » depuis 42 ans.
« Le Prince Charles a un pouvoir d’influence » analyse Isabelle Rivère. Un pouvoir qu’il met au service de ses combats, comme l’écologie dès 1970. Premier à alerter sur les effets néfastes de la pollution, l’ouverture de sa ferme biologique en 1985 l’expose aux railleries. Trente ans plus tard, le Prince Charles fait figure de « visionnaire » et son jardin de Highgrove « de modèle de biodiversité ». Roi du tout-bio, il est aussi Prince de la jeunesse. En 1976, il lance le « Prince’s Trust » qui aide les 11-30 ans en difficultés à « transformer leur vie ». En 2017, grâce à lui, 58.000 jeunes ont pu « changer de vie », soit 900.000 en 42 ans. Sans oublier ses combats pour la reconnaissance de la médecine douce ou contre les excès de l’architecture moderne. « Pragmatique et concret », Charles prépare la transition « dans le respect du règne en cours » souligne Isabelle Rivère.
Un futur « grand roi » qui connait parfaitement la société britannique
A 70 ans, Charles s’apprête à embrasser le rôle de sa vie : celui de Roi, même si Elisabeth II ne vas pas abdiquer car « sacrée par Dieu et devant Dieu » souligne Isabelle Rivère. Aujourd’hui, « l’héritier le mieux formé » et sa mère « travaillent ensemble » pour « l’avenir de la Couronne ». Le Prince Charles fait entendre ses envies comme s’installer officiellement à Windsor et choisir une famille royale « resserrée » au Roi et sa descendance directe. Et Camilla, selon Isabelle Rivère, pourrait prendre le titre de « Reine Consort ». Les enjeux de la succession d’Elisabeth II sont nombreux et la période « décisive ». Le Prince Charles va monter sur le trône d’une monarchie millénaire, devoir l’adapter aux aspirations du peuple britannique, sans bouleverser la royale mystique. Un défi qu’il semble prêt à relever, lui qui est enfin un « homme serein, heureux et apaisé » conclut Isabelle Rivère.
Mais pour l’instant « God save the Queen ».