Ce devait être leur moment. Celui de la consécration. Depuis leur formidable épopée olympique conclue par une médaille d’argent l’été dernier à Londres, les « Braqueuses » ne pensaient qu’à ça. Conquérir le titre européen sur leur sol et toucher encore un peu plus le cœur du public français. Mais, une fois de plus, le voisin espagnol a joué son rôle de briseur de rêve. Et réveillé un passé bien douloureux.
La déception est immense. Après le parcours magique de Londres, les basketteuses françaises s’étaient promises de prolonger l’état de grâce jusqu’à l’Euro organisé chez elles un an plus tard. Elles devaient gagner, c’était presque évident. Mais le navire tricolore s’est échoué sur les côtes espagnoles, et la douleur n’en est que plus grande. Vingt ans après leur dernier titre continental, déjà acquis aux dépens des Françaises, les Ibères sont donc de retour sur le toit de l’Europe. Mais surtout, elles placent encore un peu plus leur pays comme le bourreau d’un basket français pourtant plein d’ambitions. Et si l’on pouvait penser le casse-tête espagnol exclusif aux hommes, les partenaires d’Alba Torrens viennent bel et bien d’étendre la malédiction.
L’impuissance masculine
Si, pour les filles, le cauchemar espagnol peut se résumer à cette défaite aussi amère qu’inattendue, chez les hommes, le mal est bien plus profond. Depuis le début des années 2000, les Bleus connaissent une génération dorée, emmenée par Tony Parker. Et, si celle-ci n’a remporté aucun titre majeur, que ce soit sur le plan continental comme mondial, la sélection espagnole en est la principale responsable. En 2009, le championnat d’Europe a lieu en Pologne, et les Français visent haut. Le plus haut possible. Ils atteignent les quarts de finale invaincus. Mais l’Espagne les domine largement, et gagnera la compétition quelques jours plus tard. En 2011, et après un mondial 2010 raté, les tricolores visent à nouveau le titre européen, en Lituanie. Ils termineront sur la seconde marche du podium, seulement battus deux fois par l’Espagne, en poule puis en finale. L’année suivante, les partenaires de Boris Diaw participent au tournoi olympique pour la première fois depuis Sydney 2000. Obtenir une médaille est leur rêve le plus fou. Mais l’aventure s’arrête brutalement en quart de finale, face à l’ogre espagnol. Une rencontre marquée par de nombreux gestes de frustration bleus, signe que la domination espagnole fait mal. Très mal. Mais, heureusement, le basket ne disparaîtra pas demain, et ses représentants français, qu’ils soient masculins ou féminins, veulent croire que la tendance peut s’inverser.
Y croire encore
Dès septembre prochain, l’Euro masculin, qui aura lieu en Slovénie, offre une nouvelle chance aux Français. Tous rêvent d’un triomphe, et la montagne espagnole semble cette fois presque abordable, puisque privée de plusieurs joueurs majeurs, tels que le géant Pau Gasol, ou le génial barcelonais Juan Carlos Navarro. Mais la génération Parker doit faire vite, avant que le poids des années ne commence à se faire sentir…
Les « Braqueuses » auront elles une nouvelle opportunité de prouver leur valeur l’été prochain, lors du mondial turque. Et si les Espagnols ont jusqu’ici causé bien des malheurs au basket français, son ambition se développe à mesure que sa popularité croît, et il n’a jamais été aussi prêt d’une consécration et d’une reconnaissance qu’il mérite.