L’équipe de France féminine de basket ne sera finalement pas championne d’Europe. Les Braqueuses, médaillées d’argent aux JO de Londres, ont été cruellement battues hier par l’Espagne en finale de l’Euro (70-69). Le rêve de Céline Dumerc et ses coéquipières de remporter « leur » championnat d’Europe à domicile s’envole, mais les Bleues peuvent tout de même être fières de leur parcours ? Elles ont offert à la France du basket de belles émotions et réalisé de grands matchs. Cela ne s’est pas terminé comme elles l’espéraient, mais qu’importe, les filles de Pierre Vincent ont conquis le cœur du public. Chapeau !
Pour un point, un petit point, un malheureux point qui fait exulter l’Espagne et pleurer la France. Il reste sept secondes à jouer sur le parquet d’Orchies (Nord) dans cette finale de l’Euro 2013 de basket féminin. A ce moment, trois unités séparent l’Espagne (70) de la France (67). L’entraîneur des Françaises, Pierre Vincent, vient de demander un temps mort. Puis le jeu reprend. Une dernière action qui décidera du sort du match. Les Bleues ont la balle. Edwige Lawson-Wade s’appuie sur sa coéquipière Sandrine Gruda avant de tenter sa chance. Son tir est trop court, Gruda est à la retombée et marque … un panier à deux points seulement! Insuffisant. Score final : 70-69 pour l’Espagne, qui devient championne d’Europe pour la deuxième fois de son histoire.
Eternels regrets
Et si les Braqueuses avaient réussi un dernier panier à trois points, si le tir de Lawson-Wade était un peu plus long ? La France aurait arraché la prolongation, et qui sait, la nuit aurait peut-être été longue et belle pour toutes ces joueuses et tout un pays. On pourra refaire cinquante fois le match, au final, ce sont quelques centimètres et un point qui manquent à l’équipe de France, et ce sont bien les Espagnoles qui font la fête. Les Françaises ont perdu beaucoup trop de ballons (18, dont 8 au cours du premier quart-temps) et ont souffert face à des Ibères emmenées par deux joueuses de gala : Alba Torrens (21 points, 4 passes) et Lyttle Sancho (20 points, 11 rebonds et élue MVP de la compétition), même si la meilleure marqueuse du match est tricolore (Sandrine Gruda avec 25 points). La déception doit être encore plus grande pour Edwige Lawson-Wade et Emmeline Ndongue, qui disputaient leur dernier match et auraient aimé finir sur quelque chose de fantastique. Les remords se ressentent dans les déclarations des joueuses. « Il y a beaucoup de déception. Si l’on avait gagné ce soir, il n’y aurait pas eu plus belle victoire mais là il n’y a pas pire défaite », constate la capitaine Céline Dumerc. « Je suis tellement désolée pour tous ceux qui nous soutiennent », regrette la pivot, Ndongue, au bord des larmes. Isabelle Yacoubou est elle aussi très émue : « C’est très dur en ce moment, on est un peu au fond du trou mais c’est aussi ça le sport. Je suis déçue et triste. Il y a aussi beaucoup de douleur par rapport à mes deux coéquipières qui vont arrêter et ce public qui nous a poussé jusqu’au bout, même après la défaite. On reste sur un sentiment d’inachevé, à nous de nous reprendre. En tout cas, j’ai envie que les gens se rappellent de cette équipe de France là, qui a tout donné : des rires, des cris, des larmes. Merci de nous avoir supporté ».Gaëlle Skrela, elle arrive à passer outre la déception pour analyser ce qui a manqué à son équipe : «Elles nous ont beaucoup bloquées sur notre jeu intérieur qui est notre force habituellement, mais on aurait aussi dû faire un peu mieux en défense pour arriver à mieux les contrer », explique l’arrière de Lattes Montpellier.
Dumerc et Lawson-Wade fers de lance
Un match au scénario cruel qui ne doit pourtant pas faire oublier le reste du tournoi de toutes ces jeunes femmes. Les basketteuses françaises ont réalisé des performances époustouflantes, avec des stats impressionnantes. Encore en finale, malgré la défaite, Sandrine Gruda a inscrit 25 points, soit le record français du tournoi. C’est dire si les Bleues se sont surpassés ! Après un premier tour où elles avaient surclassé leurs adversaires, les Braqueuses ont franchi le second tour sans encombre. Les choses sérieuses ont commencé en quart de finale, mais Sandrine Dumerc (16 points) a sorti le grand jeu face à une Suède accrocheuse (87-83), notamment en fin de match (trois paniers à trois points dans le money-time). Contre la Turquie en demies (57-49), ce sont ses qualités mentales, collectives et sa solidité défensive qu’a démontré l’équipe de France. La performance de Dumerc face aux Suédoises démontre bien l’importance des joueuses d’expérience, qui ont su se montrer décisives dans les moments clés : comme la capitaine française, Edwige Lawson-Wade (34 ans) et Emmeline Ndongue (30 ans) ont été précieuses. La première est, avec Dumerc, une vraie métronome du jeu tricolore, tandis que l’intelligence et les qualités athlétiques de la seconde (1,92m) sont un atout indéniable, aussi bien dans les phases offensives que défensives. Pour le reste, les autres joueuses comme Yacoubou, Gomis, Skrela ou encore Miyem ont également réalisé de très belles prestations. Et que dire de Sandrine Gruda, qui a terminé trois fois meilleure marqueuse de son équipe. « Nous pouvons être fières car nos comportements ont été irréprochables, nous avons toutes donné le maximum », assure Nwal-Endéné Miyem. Outre la fierté, cette équipe de France peut aussi afficher de la confiance pour l’avenir, beaucoup de joueuses étant encore assez jeunes (Miyem, Yacoubou, Gruda), voire très jeunes (Ayayi).
Et maintenant, place aux garçons !
Cet excellent parcours de l’équipe de France féminine de basket va peut-être donner des idées à leurs homologues masculins. Tony Parker et sa bande auront fort à faire en Slovénie en septembre. Pour décrocher le graal, ils devront se frotter aux meilleures équipes du continent, notamment … l’Espagne !