Le groupe Sud-Africain a survolé les débats, ce week-end, pour l’édition 2013 du festival Garorock. A l’issu d’un show jonché d’insultes, d’attitudes provocatrices, de mises en scènes malsaines et dérangeantes, « La réponse » en français, nous a hypnotisé.
Portrait scénique d’un groupe délicieusement crade.
« La vraie tête d’affiche, c’est eux ». Les artistes sont encore dans les starting blocks, mais la chargée de com’ du festival annonce déjà la couleur. La promesse a de quoi étonner, car tous ici ne connaissent pas ces sud’af déjantés. Bien moins connus en France que Mika, Paul Kalbrenner, ou encore Iggy Pop – tous à l’affiche de Garorock 2013 – , Die Antwoord est pourtant mis en avant. Pourquoi ? « La réponse ».
Obscénité et pot-pourri
« Notre musique est une adorable entité bâtarde d’Afrique du Sud, issue de l’amour de plusieurs cultures, noires, blanches, colorées ». Adorable ? Contestable. L’idée d’un style hybride, en tout cas, l’est moins. Hip-hop trash, electro métallique, dubstep ; un cocktail dézinguant et détonant. Africaans, skosa, anglais : le multilinguisme met aussi son grain de sel dans ce gigantesque pot-pourri musical. Le groupe, crée en 2008, est composé de Ninja, le grand blond aux tatouages dégueux, Yo-Landi, la punkette perverse dont la voix ne peut-être que le résultat d’une longue cure à l’hélium, DJ Hi-Tek, et jusqu’en 2011 du défunt DJ Solarize, un nain atteint de la « Projeria » (maladie génétique rare qui provoque des changements physiques). Pour l’anecdote, feu-le-nain est, à ce jour, l’homme qui a vécu le plus longtemps tout en ayant contractée la pathologie mortelle.
En live : Une hystérie communicative
Dégoûtant toujours, un homme en survêtement orange fluo déambule lentement sur la scène. Il porte le masque d’un monstre aux dents défoncées, un artifice à moitié voilé par une énorme capuche. Il monte sur le podium, s’approche de la table de mixage, balance le son, et hurle. La gigantesque foule qui s’agglutine devant la scène Garonne, explose.
L’hystérie contamine très vite l’assistance. Des jeunes filles au premier rang sont coincées entre les barrières et la pression exercée par la foule. Certaines tombent dans les vapes. Le concert commence à peine. Mince.
Die Antwoord te laisse en tête à tête avec ta perversité. Il te confronte à tes désirs les plus sales, à tes déviances les plus refoulées. Yo-Landi, la fille du groupe, participe largement à la création d’une atmosphère malsaine. Si son corps est celui d’une femme de 25 ans, sa voix, est celle d’une fillette de 12. La chanteuse exploite tant qu’elle peut cette ambiguïté perverse, et n’hésite pas à se présenter sur scène en pré-adolescente aguicheuse. Gênant.
Fidèles à eux-mêmes, ces performers de Satan n’ont pas surpris leurs groupies. En revanche, les novices ont dû se prendre une belle claque dans la gueule. « Baby’s on fire », « Enter The Ninja », leurs plus gros tubes ont enflammé l’auditoire, qui a souffert sous les pogos. Parions que les désormais ex non-initiés doivent écumer tous les clips du groupe disponibles sur Youtube depuis leur séjour à Garorock.
Et qu’ils doivent frissonner en visionnant « FREEKY ».
« Die Antwoord va devenir un phénomène mondial. J’ai assez attendu pour que ça se produise enfin ». En 2010, Ninja l’avait annoncé. Un rêve en passe de devenir réalité. En tout cas, à Garorock, leur tentative de déstabilisation a clairement fait mouche.
Tristan Molineri