Après l’invalidation de ses comptes de campagne le 4 juillet dernier, Nicolas Sarkozy s’était rendu au siège de l’UMP, qui avait alors lancé une campagne de dons afin de trouver en moins de quatre semaines les 11 millions d’euros non remboursés par l’Etat. Ce mardi matin, à la veille de la fin du Sarkothon, il manquait encore un peu plus de deux millions d’euros pour que l’objectif initial soit rempli.
La course aux souscriptions s’arrête ce mercredi 31 juillet pour l’UMP, censé rembourser avant cette date l’emprunt contracté pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Début juillet, le conseil constitutionnel avait en effet annulé ces comptes de campagne, créant un manque à gagner de 11 millions d’euros au parti en le privant de l’aide de l’Etat. L’UMP avait alors convoqué une réunion extraordinaire, et appelé ses sympathisants aux dons. Ce mardi matin, à quelques heures du verdict final, la trésorière du parti, Catherine Vautrin, a révélé au micro de RFI que la quête avait permis de récolter jusqu’ici 8,309 millions d’euros sur les 10,6 nécessaires. Un résultat encourageant, d’autant que plus de 90.000 personnes ont répondu à la demande de Jean-François Copé. Nadine Morano, ex-membre du gouvernement Fillon, qui a personnellement donné 2000 euros, demande elle « un dernier effort » aux donateurs. « Nous avons besoin de cet argent. Merci à eux, merci vraiment », a-t-elle précisé sur RTL. Mais rien ne presse puisque, grâce à ces nombreuses donations, l’UMP a obtenu auprès de son créancier, la Société générale, un délais supplémentaire de deux mois pour effectuer le remboursement dans son intégralité. Une première victoire que Catherine Vautrin n’entend pas qualifier d’arrangement, alors que le PDG de la banque, Frédéric Oudéa, fut autrefois le conseiller de Nicolas Sarkozy. « C’est une relation tout à fait normale entre un établissement bancaire et un de ses clients », a-t-elle affirmé. Le patron de l’UMP, Jean-François Copé, a lui envoyé ce weekend un mail aux 300.000 sympathisants UMP pour récupérer la somme manquante. Et, avec deux mois pour voir venir, la mission n’est plus du tout impossible.
Sarkozy « infiniment reconnaissant »
Après avoir longtemps appelé ses soutiens à l’aide pour renflouer les caisses de son parti, Le Parisien rapporte que Nicolas Sarkozy a tenu à leur écrire une lettre de remerciement. « Votre geste de solidarité me touche beaucoup. Je vous en suis infiniment reconnaissant (…) Je voulais vous témoigner personnellement ma gratitude pour le don que vous avez eu la gentillesse d’effectuer. », peu-t-on lire dans un courrier électronique qui doit partir ce jour. Et l’ancien chef de l’Etat, très impliqué, a même promis de rencontrer à la rentrée les plus gros donateurs.
« Il se fout de notre gueule »
Mais voilà, si M. Sarkozy se fait remarquer par son omniprésence médiatique, en interne, certains trouvent qu’il n’en fait pas assez. En effet, lui a versé 7.500 euros, soit le maximum légal pour un individu. Mais il aurait semble-t-il pu trouver d’autres moyens pour apporter une aide financière plus conséquente à son parti. En premier lieu, l’ex-président serait autorisé à donner d’avantage en sa qualité de caution solidaire du prêt. Un constat partagé sur iTélé par Bernard Debré, député UMP : « Nicolas Sarkozy a donné 7500 euros, oserai-je dire qu’il aurait pu donner un peu plus parce qu’il était caution solidaire ? (…) Je lui dirai oui, il faut faire un effort supplémentaire, j’aurai aimé qu’il le fasse et qu’il puisse montrer l’exemple. ». Ensuite, Le Monde rappelle que celui-ci pourrait utiliser les micro-partis, et accorder 7.500 euros au club de François Fillon (Force Républicaine), de Jean-François Copé (Génération France) ou de Michèle Alliot-Marie (Le Chêne). Des entités qui reverseraient ensuite l’argent à l’UMP. Une démarche aussi réalisable avec ses propres micro-partis : les Amis de Sarkozy (déjà donateur de 20.000 euros), l’Association de soutien à l’action de Nicolas Sarkozy et l’Association nationale des amis de Sarkozy. Un autre député, cité par Le Monde, dénonce : « L’exercice réalisé par Nicolas Sarkozy est gonflé. Il a, pour le moins, géré la campagne avec légèreté. Il nous plante, et puis il revient jouer les sauveurs avec 7.500 euros en donnant des leçons de bonne conduite à Fillon et Copé. C’est une opération de com’ culottée pour laquelle il enfile le costume de la victime et où il se la joue solidaire. En résumé, il se fout de notre gueule. (…) La loi prévoit que les dons aux partis politiques sont limités à 7.500 euros par personne physique. Donc rien n’interdit à Carla de mettre un peu la main à la poche. ». Mais Pierre Charon, sénateur de Paris et ancien conseiller de M. Sarkozy, rappelle que « Si d’aucuns disent qu’il aurait pu donner davantage, il est normal qu’il ne casse pas sa tirelire alors qu’il est en désaccord avec la décision du Conseil constitutionnel. ». Mais, qu’importe les choix de l’homme, l’UMP a désormais deux mois pour trouver les deux millions d’euros manquants. Et, si les derniers deniers sont toujours les plus difficiles à dégoter, l’affaire semble quand même bien engagée. Il est nécessaire de rappeler aux intéressés que chaque don effectué ouvre le droit à une réduction fiscale égale à 66% de la somme versée, dans la limite de 20% du revenu imposable.