Le championnat de France de football se disputera-t-il bientôt entre 18 clubs, comme ce fut le cas pour la dernière fois entre 1997 et 2002 ? C’est en tout cas le souhait de Frédéric Thiriez. Le président de la Ligue de football professionnel (LFP) propose un projet basé sur trois réformes, nommé « projet Delta ». Mais l’idée est très loin de faire l’unanimité.
Depuis 2002 et son intronisation à la tête de la LFP, Frédéric Thiriez évoque la possibilité d’une Ligue 1 disputée entre 18 clubs et non plus 20. Pour lui, cette réforme devient de plus en plus nécessaire, et un tel resserrement permettrait un allègement du calendrier, un spectacle de meilleure qualité et une augmentation des revenus attribués aux différentes équipes, notamment grâce à d’avantage de droit TV à partager. « Avec la crise et la baisse des droits télé, nous ne pouvons plus évacuer le problème. La France a-t-elle les moyens d’avoir vingt clubs en L1 ? Ma réponse est non. Mais ma réponse n’a aucun intérêt. Il faut que les clubs soient d’accord. Ils devront se prononcer avant la fin de l’année pour une éventuelle entrée en application, au mieux pour la saison 2015-2016 », expliquait dernièrement cet avocat de profession. Concrètement, Frédéric Thiriez envisage trois réformes constituant le « projet Delta ».
Relancer l’intérêt de la Ligue Europa
La première idée s’inspire du modèle allemand. Comme outre-Rhin, le nombre de clubs promus et relégués entre L1 et L2 passerait de 3 à 2, et des barrages seraient instaurés. La seconde réforme imaginée concerne la Ligue Europa. La plupart du temps, les clubs bataillent dur pour obtenir une place en coupe d’Europe, mais, lorsque la Ligue des Champions leur échappe, et qu’ils participent à la Ligue Europa, celle-ci est souvent galvaudée. Pour modifier cet état d’esprit, la LFP souhaite récompenser financièrement les équipes qui font un bon parcours dans cette compétition. Des primes par tour seraient mises en place et compléteraient ainsi celles déjà versées en fonction des résultats par l’UEFA, bien moins importantes en Ligue Europa qu’en Ligue des Champions. Enfin, la LFP veut également renforcer la Licence Club, attribuée en fonction des infrastructures, pour encourager les investissements. Actuellement, cette licence est répartie à parts égales entre clubs qui l’ont obtenue, mais la LFP souhaiterait une répartition différente qui bénéficierait aux clubs les plus puissants du championnat. Mais ce « projet Delta » ne fait évidemment pas le bonheur de tout le monde, à commencer par les « petits » du championnat.
« Les arguments de Thiriez ne tiennent pas la route. »
Les avis sont divisés, entre grandes puissances favorables au projet, et petits clubs très contestataires. Jean-Michel Aulas, le président lyonnais, se dit lui plutôt pour, au même titre que Frédéric de Saint-Sernin (Rennes) et Jean-Louis Triaud (Bordeaux). « C’est une piste qu’il faut étudier. Je suis pour tout ce qui permet aux clubs disputant des compétitions européennes d’avoir les meilleures chances de gagner des matchs et de rapporter des points à la France. », explique le président des Gones. Dans le camp des insatisfaits, composé des présidents Loïc Féry (Lorient), Roland Romeyer (Saint-Etienne), ou Michel Seydoux (Lille), Louis Nicollin évoque lui le sujet avec sa franchise habituelle : « Les arguments de Thiriez ne tiennent pas la route. Quand on me dit que passer à dix-huit va soulager l’économie de certains clubs, je réponds foutaises. ». Le chef du groupe Nicollin estime en fait que le dirigeant de la LFP veut avant tout protéger « sa » Coupe de la Ligue. En Ligue 2, l’intégralité des clubs sont bien sûr défavorables au projet, puisque le passage à deux promus et l’instauration de barrages compliquerait grandement l’accession à l’élite. Jean-François Fortin, le président caennais, a d’ailleurs vivement réagit dans les colonnes de L’Equipe : « Considérer que les parts du gâteau seront plus grandes si on le coupe en dix-huit plutôt qu’en vingt, c’est une réflexion du niveau d’un élève de CM1 ! ». Le projet continue donc de diviser, et il sera difficile pour la LFP de parvenir à contenter tous les clubs concernés.